BERLIN (AFP) - L'allemand Adidas risque de sortir perdant de l'Euro 2004 de soccer, dans le match en coulisses que se disputent les parraineurs sportifs après l'élimination prématurée des grandes équipes qu'il soutient, alors que son grand rival Nike, ainsi que Puma, devraient au contraire tirer leur épingle du jeu.

Portugal - Pays-Bas et Grèce - République tchèque sur le terrain, soit Nike-Nike et Adidas-Puma en coulisse. Telles se présentent les demi-finales du Championnat d'Europe des nations disputées mercredi et jeudi soir au Portugal.

L'équipementier américain est donc d'ores et déjà assuré d'avoir une équipe en finale tandis que pour son grand rival Adidas, l'affaire semble beaucoup plus mal engagée, les Tchèques faisant figure de favoris contre les Grecs.

Le patron de la firme allemande, Herbert Hainer, ne semble guère s'en émouvoir. "L'Euro-2004 est un sensationnel succès en terme de ventes", a-t-il assuré mercredi.

Pour cette année, la marque allemande anticipe déjà un nouveau record de ventes dans le soccer, avec une hausse d'au moins 10% à plus de 850 millions d'euros, selon le président du directoire.

"Priorité au foot" pour Nike

En tant que parraineur officiel de l'Euro, Adidas a déjà vendu 1,3 million de maillots et un million de paires de chaussures Predator.

Ses résultats sur les pelouses de Porto ou de Lisbonne sont pourtant loin d'être aussi probants. L'équipe de France et ses maillots à trois bandes? Eliminée en quart de finale malgré sa position de favorite. L'Allemagne? Eliminée au premier tour. Idem pour l'Espagne et la petite équipe de Lettonie.

Fataliste, le patron d'Adidas parie désormais sur la Coupe du monde de soccer 2006 qui se déroulera sur ses terres, en Allemagne. Selon lui, "c'est une chance exceptionnelle" pour tenter de devenir le numéro un mondial des articles de sport et devancer ainsi... Nike.

La marque à la virgule, qui parraine également la Croatie, a fait de cet Euro un événement-phare. "Le soccer est en tête de nos priorités", explique le porte-parole de Nike Allemagne, Olaf Markhoff. "Nike a fait cette année la plus grosse campagne pour le soccer de son histoire", ajoute-t-il.

Jusqu'ici, le groupe américain jouait en effet davantage sur l'aspect "mode branchée" de sa marque que sur le côté sportif. Ses chaussures de sport sont en effet souvent davantage portées sur le bitume des grandes villes que sur les terrains de jeu.

Nike pourrait en outre tirer les fruits des contrats individuels qui le lient aux "stars" de cet Euro-2004 telles que l'Anglais Wayne Rooney, le Néerlandais Ruud van Nistelrooy ou encore le Tchèque Milan Baros.

Puma en vogue

A l'inverse, les piètres performances de David Beckham lors de ce championnat d'Europe ne risquent pas d'améliorer l'image de marque d'Adidas, partenaire de l'étoile déchue du soccer britannique.

L'autre grand vainqueur de l'épreuve portugaise sera sans aucun doute Puma. Au bord de la faillite il y a une dizaine d'années, la société allemande a su renaître de ses cendres au point d'être aujourd'hui l'une des marques les plus en vogue dans les capitales de la mode que sont Londres ou Paris.

Certes, avec l'élimination de l'Italie au premier tour, elle a semblé avoir misé sur le mauvais cheval. Mais la très convaincante équipe tchèque est venue faire taire les mauvaises langues.

"Nous voulions montrer notre compétence comme l'une des principales marques de soccer et augmenter sensiblement notre présence en tant que marque. C'est fait", estime le porte-parole du groupe de Herzogenaurach (sud), Ulf Santjer.