STUTTGART (AFP) - Ils formaient le plus bel attelage qu'ait exhibé l'Angleterre depuis des décennies, sa "génération dorée", mais ils ont galvaudé ce qui s'apparentait pour certains à leur dernière chance avec une élimination (0-0 a.p., 1-3 t.a.b.) samedi en quart de finale du Mondial de soccer face au Portugal.

L'Angleterre pensait faire enfin oublier quarante années d'infamie. Depuis son premier et unique titre mondial, glané à Wembley en 1966, le pays où est né le soccer, dont les clubs figurent au sommet du Vieux continent (10 Ligues des champions gagnées), n'a jamais fait mieux qu'une demi-finale en 1990.

Avec un alliage subtil de jeunesse et d'expérience, avec le talent de joueurs évoluant dans les meilleurs clubs du monde, 2006 devait être l'année de la rédemption. "Beaucoup d'autres manageurs seront jaloux de notre équipe", assurait ainsi le sélectionneur Sven-Goran Eriksson après le tirage au sort en 2005.

Il était communément admis que sept joueurs anglais s'élevaient au firmament mondial: la paire de défenseurs centraux Rio Ferdinand et John Terry, le trio magique du milieu David Beckham, Steven Gerrard et Frank Lampard, et les deux attaquants Michael Owen et Wayne Rooney.

Esseulé

Mais Ferdinand et Terry n'ont pas toujours été aussi souverains qu'espérés. Beckham a restreint son influence aux seuls coups de pied arrêtés. Lampard n'a pas été reconnu des supporteurs de Chelsea. Quant à Michael Owen, son Mondial s'est arrêté dès la première minute du troisième match face à la Suède, avec une rupture des ligaments croisés du genou droit.

Rooney, dont le rétablissement miraculeux d'une fracture du pied survenue fin avril avait soulevé l'enthousiasme, n'a pu s'élever au niveau de ce qu'il avait montré pour son apparition sur la scène internationale à l'Euro 2004 (4 buts). Gerrard s'est ainsi retrouvé très esseulé, seulement soutenu par la confirmation des qualités de Joe Cole.

Depuis la demi-finale de l'Euro-1996, perdue sur son sol face à l'Allemagne (1-1 a.p., 5-6 t.à.b.), l'Angleterre n'a plus jamais atteint le dernier carré d'une compétition majeure. Et pour la génération actuelle s'est sans doute évanouie la plus belle chance de briller, après le double échec en quarts de finale du Mondial 2002 face au Brésil (1-2) et de l'Euro 2004 face au Portugal (2-2 a.p., 5-6 t.à.b.).

Déclin

Symbole de tant de revers, le capitaine David Beckham a peut-être connu samedi sa dernière sélection, la 94e qui en fait le 4e joueur anglais le plus capé de l'histoire. A 31 ans, le Madrilène n'a pas l'intention de raccrocher, mais sous la pression médiatique le futur sélectionneur Steve McClaren pourrait être tenté de le pousser doucement vers la sortie.

Si aucun n'a encore annoncé sa retraite, le poids des années pèse déjà sur le gardien David James (35 ans), et les défenseurs Gary Neville (31 ans) et Sol Campbell (31 ans), meilleur défenseur du Mondial 2002 dont la courte apparition face à la Suède a confirmé le déclin inéluctable.

Pour Paul Robinson, Jamie Carragher, Ashley Cole, Rio Ferdinand, John Terry, Steven Gerrard, Frank Lampard ou Michael Owen, tous nés entre 1978 et 1980, le temps commence à être compté. Ils se verront certainement offrir une dernière opportunité avec l'Euro 2008, mais tous ne connaîtront sans doute pas le Mondial 2010.

L'Angleterre a encore toutefois des raisons d'espérer. Son système de formation continue à produire des jeunes doués, qui trouvent de bons relais auprès de clubs surpuissants. Et en 2010, en Afrique du Sud, Wayne Rooney sera en pleine force de l'âge à 24 ans, avec peut-être pour partenaire en attaque Theo Walcott, qui n'aura lui que 21 ans.