LONDRES - L'élimination de l'Angleterre de l'Euro-2008, après sa défaite à domicile face aux Croates (2-3) mercredi, trouve ses racines dans la pénurie de joueurs, les faillites individuelles, les limites de son entraîneur, une indéniable suffisance et la malchance.

La défaite des Russes en Israël le 17 novembre aurait dû permettre aux Anglais, qui n'avaient plus manqué de phase finale depuis le Mondial-94, d'accéder à l'Euro-2008.

Mais le revers mérité de mercredi, face aux Croates, est finalement dans la lignée des défaites en Croatie (2-0) et en Russie (1-2), des matches nuls (0-0) en Israël et à domicile contre la Macédoine, ou de la "désespérante" victoire contre Andorre (3-0).

. La suffisance. Elle a été relevée par les sélectionneurs de la Croatie et de la Macédoine, Slaven Bilic et Srecko Katanec. Centrés sur leur championnat, les Anglais connaissent mal le football continental, où aucun international ne joue. Malgré une succession de matches pitoyables, la presse et les joueurs ont fait preuve d'un optimisme surprenant avant les déplacements en Croatie (0-2), en Israël (0-0) et en Russie (1-2) ou le match de mercredi. Oubliant que les Croates sont une valeur sûre, les Israéliens en progrès, et que les Russes, en plus d'une solide tradition, disposent en Guus Hiddink d'un entraîneur spécialiste du genre. Criante contre la Macédoine (0-0) ou Andorre (3-0), cette condescendance est illustrée par le champion du monde 1966, George Cohen, s'offusquant que l'Angleterre ait buté sur "des équipes du tiers-monde", "pas meilleures que des équipes de D2 anglaise".

. Le manque de joueurs. Les Anglais sont minoritaires dans leurs clubs, qui préfèrent se tourner vers l'étranger. Plusieurs internationaux ne sont pas titulaires, comme Wayne Bridge et Shaun Wright-Phillips (Chelsea) ou Peter Crouch (Liverpool). L'Angleterre voit dans l'invasion de son championnat l'explication première de ses difficultés. Mais elle ne brillait pas plus avant l'ouverture des équipes.

. Le sélectionneur. Nommé par défaut, Steve McClaren n'a pas fait taire les sceptiques. Bilic et Katanec se sont étonnés de ses choix, comme celui d'expérimenter pour le déplacement en Croatie, le plus difficile de la campagne, un "3-5-2" oublié depuis longtemps par la sélection anglaise. Piètre tacticien, sa gestion des hommes, à l'image du cas Beckham, d'abord écarté, puis rappelé puis à nouveau rejeté, de la titularisation d'un novice dans les buts pour le match décisif de mercredi, ou de ses critiques publiques de joueurs après le nul contre la Macédoine, est sujette à caution. Ses supporteurs les plus chaleureux relèvent qu'il "est meilleur qu'au moment de sa nomination". Il devrait être la première victime du fiasco.

. Pas de gardien. Quand l'Angleterre aura-t-elle un gardien digne de ce nom? Aucun de ses grands clubs ne confie ses buts à un autochtone. Après David "Calamity" James et le lunatique David Seaman, c'est le burlesque Paul Robinson qui a été choisi pour les qualifications. Avant de céder sa place à Scott Carson dont l'immense bourde mercredi sur le premier but croate montre que la "relève" est assurée.

. L'énigme Wayne Rooney. Etincelant avec Manchester United, Rooney n'a inscrit que deux buts pour sa sélection en compétition officielle depuis l'Euro-2004. Par ailleurs, Frank Lampard et Steven Gerrard peinent à jouer ensemble.

. La chance. McClaren a dû composer avec les blessures de cadres: Beckham, Rooney, Owen, John Terry, Hargreaves et Lampard. Il ruminera longtemps le penalty sifflé pour une faute de Rooney hors de sa surface, qui a entraîné la défaite fatale en Russie.