PARIS (AFP) - Arsenal et le FC Barcelone sont des incarnations du beau jeu, laissant rêver d'une enchanteresse finale de Ligue des champions de soccer, mercredi à Paris, mais l'un et l'autre n'ont pas hésité à délaisser par instants leur idéalisme pour en arriver là.

La meilleure attaque de la C1 (22 buts), la meilleure attaque de la Liga, des joueurs comme Ronaldinho, Eto'o ou Larsson habitués aux buts... Le Barça a depuis toujours associé son nom à un soccer offensif, réclamé par les socios et marque déposée du club depuis des années.

Toutefois, après un départ de feu en Liga comme en C1, le Barça a aussi su s'adapter quand il le fallait en Championnat comme en Ligue des champions. Le club catalan n'a pas encaissé le moindre but lors de ses quatre derniers matches européens, et contre le Milan AC en demi-finale, il s'est contenté d'un but en 180 minutes pour obtenir sa qualification.

Au Camp Nou, lors du retour, les Catalans ne sont jamais vraiment partis à l'assaut des buts italiens et ont logiquement joué le 0-0 dès l'heure de jeu. Le Barça est donc tout sauf une machine offensive qui ne surveille pas ses arrières. Le panache a peut être manqué, mais au moins le Barça est-il au rendez-vous.

Soccer élégant

D'ailleurs, Frank Rijkaard, l'entraîneur du club, a été à bonne école en ayant connu le catenaccio italien. S'il a donné une complète liberté de mouvement à Ronaldinho et qu'il privilégie l'offensive avec Eto'o et un autre attaquant, le reste de l'équipe est bel et bien organisé pour récupérer le ballon et ne pas prendre de buts.

Ainsi, aux postes de latéraux, a-t-il a respectivement préféré Oleguer, central de formation, et Van Bronckhorst, tous deux excellents défensivement, aux très offensifs Belletti et Sylvinho. De la même manière, si Deco est un excellent créateur au milieu de terrain, il a aussi pour tâche de détruire le jeu adverse. Derrière lui, Edmilson a souvent évolué comme libero...

De même, Arsenal a souvent moins mérité le respect de l'Europe par ses succès que par la facture de son jeu. Redoublements de passes, jeu court, recherche systématique du partenaire le mieux placé, élaboration recherchée: Arsenal peut être portraituré comme un représentant d'un soccer élégant.

Mais le club londonien n'a pas toujours incarné cette tradition. Avant l'arrivée du manageur français Arsène Wenger en 1996, les "Gunners" étaient affublés du qualificatif de "boring, boring Arsenal" (ennuyeux, ennuyeux Arsenal). L'entraîneur George Graham misait sur son fameux "back four" défensif, et la vitesse et l'astuce devant de Ian Wright.


Pragmatique

Mais Arsène Wenger s'est montré plus pragmatique cette année et a ainsi mis fin à une tendance qui voyait annuellement Arsenal s'arrêter prématurément en C1. Le Français, à qui l'on reprochait son manque d'adaptation tactique, a cette fois innové au bon moment.

En sortant de son chapeau, avant le 8e de finale aller au Real Madrid (1-0), un système en 4-1-4-1 qui s'était avéré inadapté à chaque fois qu'il avait été testé par le passé, le Français a jeté les bases du succès, privilégiant délibérément la défense à l'attaque.

"J'ai pris cette option, car je pensais à l'extérieur, au Real par exemple: +On va être privé de ballon, je vais mettre un gars de plus+ et je savais qu'en les pénétrant dans l'axe ils avaient du mal à suivre", explique Wenger. Le manageur sera surpris au-delà de ses espérances, sa défense étant désormais invaincue depuis 919 minutes.

"Au niveau des passes, du nombre de passes, en pourcentage de réussite de passes en C1, les deux meilleures équipes sont Arsenal et Barcelone, note-t-il. On a joué deux clubs espagnols, ce sont des matches toujours techniquement difficiles. Mais en même temps on en est venu à bout avec des moyens un peu différents. Pourquoi pas une troisième fois?"

les 10 dernières finales

25 mai 2005 à Istanbul:
Liverpool (ENG) bat AC Milan (ITA) 3-3 a.p., 3 t.a.b. à 2
Buts:
Liverpool: Gerrard (54), Smicer (56), Xabi Alonso (60)
AC Milan: Maldini (1), Crespo (39, 44)

26 mai 2004 à Gelsenkirchen (GER):
Porto (POR) bat Monaco (FRA) 3-0
Buts:
Porto: Carlos Alberto (39), Deco (71), Alenitchev (75)

28 mai 2003 à Manchester (ENG):
AC Milan (ITA) bat Juventus Turin (ITA) 0-0 a.p., 3 t.a.b à 2

15 mai 2002 à Glasgow:
Real Madrid (ESP) bat Bayer Leverkusen (GER) 2-1
Buts:
Real Madrid: Raul (9), Zidane (45)
Bayer Leverkusen: Lucio (14)

23 mai 2001 à Milan (ITA):
Bayern Munich (GER) bat Valence CF (ESP) 1-1 a.p., 5 t.a.b à 4
Buts:
Bayern Munich: Effenberg (50)
Valence: Mendieta (3)

24 mai 2000 à Paris:
Real Madrid (ESP) bat Valence CF (ESP) 3-0
Buts:
Real Madrid: Morientes (39), McManaman (67), Raul (76)

26 mai 1999 à Barcelone (ESP):
Manchester United (ENG) bat Bayern Munich (GER) 2-1
Buts:
Manchester United: Sheringham (90+1), Solskjaer (90+3)
Bayern Munich: Basler (6)

20 mai 1998 à Amsterdam:
Real Madrid (ESP) bat Juventus Turin (ITA) 1-0
But:
Real Madrid: Mijatovic (67)

28 mai 1997 à Munich (GER):
Borussia Dortmund (GER) bat Juventus Turin (ITA) 3-1
Buts:
Borussia Dortmund: Riedle (29, 34), Ricken (71)
Juventus Turin: Del Piero (64)

22 mai 1996 à Rome:
Juventus Turin (ITA) bat Ajax Amsterdam (NED) 1-1 a.p., 4 t.à.b à 2
Buts:
Juventus Turin: Ravanelli (13)
Ajax Amsterdam: Litmanen (44)

24 mai 1995 à Vienne:
Ajax Amsterdam (NED) bat AC Milan (ITA) 1-0
But:
Ajax Amsterdam: Kluivert (85)