PARIS (AFP) - Arsenal, jeune et valeureux finaliste de la Ligue des champions de soccer, vaincu mercredi à Paris par le FC Barcelone (2-1), est désormais suspendu au choix de son attaquant Thierry Henry, dont le départ pourrait invalider les progrès effectués cette saison en Europe.

La décision de l'international français, promise pour les prochains jours, est attendue avec anxiété du côté d'Highbury. En fin de contrat en 2007, Henry, 28 ans (76 sélections, 31 buts), pourrait estimer que le club londonien ne lui offre pas les moyens d'assouvir ses ambitions et s'envoler, peut-être, pour le Barça.

Ou, rendu revanchard par cet échec en finale qu'il qualifie "d'injustice" -en référence au premier but catalan de Samuel Eto'o peut-être entaché d'un hors-jeu-, il pourrait choisir de lier pour cinq années supplémentaires son destin à celui d'Arsenal, où il est arrivé en 1999.

"Je pense que notre équipe est en train de progresser, a jugé mercredi Arsène Wenger. Nous avons beaucoup de jeunes. Elle est très prometteuse, cela pourrait être une grande équipe. Mais nous avons besoin de Thierry Henry pour y arriver parce qu'il a une grande influence sur l'équipe. Il nous aidera."

Le manageur a toujours été convaincu de conserver son joyau, sans lequel Arsenal n'est plus tout à fait Arsenal. Meilleur buteur du Championnat d'Angleterre (27 buts) cette année pour la quatrième fois, après 2002, 2004 et 2005, Henry est là pour donner au jeu léché des "Gunners" un surplus d'efficacité.

Quand Wenger a pris le risque de s'en passer, pour le préserver en vue de la C1, les événements lui ont donné tort. C'est Henry, remplaçant mais buteur, qui a permis à Arsenal d'enlever le point du nul face à Tottenham (1-1), capital dans la qualification pour la prochaine C1, via la 4e place du Championnat.

Influence

Avec le jeune Theo Walcott, retenu à 17 ans dans le groupe anglais pour le Mondial, Arsenal a parié sur l'avenir, alors que Dennis Bergkamp met fin à sa carrière. En Robin van Persie, les "Gunners" possèdent déjà un attaquant de grande classe, dont une blessure malvenue a gâché la fin de saison.

Mais Henry amène une autre dimension. Son transfert au Barça créerait un gouffre entre les deux clubs, alors qu'Arsenal espère très vite disposer de moyens financiers élargis après son déménagement cet été au nouvel Emirates Stadium, d'une capacité de 60.000 places, contre 38.500 à son vieil Highbury.

"A la fin de la rencontre, Thierry Henry m'a dit qu'il fallait qu'on soit fiers, qu'il ne fallait pas qu'on baisse la tête, soulignait mercredi Emmanuel Eboué. On a fait un gros match malgré tout, et une belle campagne européenne. L'année prochaine, on pourra à nouveau essayer de réussir en Europe, on a prouvé qu'on pouvait le faire."

Cette réflexion de l'Ivoirien, révélation de la saison au sein d'une défense héroïque mercredi et seulement prise à revers par Eto'o après 995 minutes d'invincibilité en C1, rappelle l'influence morale d'Henry, devenu un capitaine exemplaire depuis qu'il a succédé à Patrick Vieira.

Ce dernier était parti l'été dernier pour la Juventus Turin, après neuf années de présence au club. Arsenal, frustré par son échec lors de la première finale de C1 de son histoire et qui pourrait aussi perdre Robert Pires, aurait sans doute beaucoup de mal à se remettre d'un semblable départ d'Henry.