TURIN (Italie) (AFP) - Le Real Madrid s'apprête à vivre une nouvelle fin de saison en queue de poisson après son élimination en huitième de finale de la Ligue des champions de soccer par la Juventus (1-0 à l'aller, 0-2 a.p.) mercredi à Turin, et peut d'ores et déjà penser à demain.

"Nous sommes tombés contre une très bonne équipe, il faut maintenant se reconcentrer sur le Championnat". Tel est le discours que tous les Madrilènes, à l'instar de David Beckham, tenaient à la sortie du stade delle Alpi. Mais le coeur ne semblait pas vraiment y être.

Eliminé en C1 et en Coupe d'Espagne, distancé de huit points par le leader, le FC Barcelone, en Championnat d'Espagne alors qu'il reste 11 journées, le Real, même s'il s'est épargné les crises de la saison dernière, s'oriente vers une nouvelle année blanche. D'autant qu'il ne faut sans doute pas compter sur un faux pas du Barça, éliminé lui aussi de la C1 et qui ne lâchera pas le morceau en Liga.

Cette saison vierge qui se dessine est peut-être celle de trop pour le président Florentino Perez, qui ne rêve rien de plus que de garnir la vitrine du Bernabeu d'une dixième C1 et pour lequel un seul titre lors des trois dernières saisons (Liga 2003) est un bilan un peu maigre eu égard aux moyens investis.

Un cycle s'est donc probablement achevé à Turin pour le Real, qui n'avait pas été éliminé au stade des huitièmes de finale depuis 15 ans, et la politique des +Galactiques+ de la maison blanche vit peut-être ses dernières heures.

La phrase sibylline de M. Perez la semaine dernière ne l'est plus vraiment après l'échec turinois. "Ceux qui ont perdu le plaisir de jouer doivent partir", avait-il dit pour redynamiser un groupe par trop installé et dont certains éléments ne mettaient pas assez de coeur à l'ouvrage selon lui.

"La loi de la vie"

"Tous les joueurs viennent au club, y mûrissent et à la fin doivent le quitter, c'est la loi de la vie. Je ne sais pas si les 28 ans de Ronaldo ou les 27 ans de Raul sont de trop. Ce que je crois, c'est que cinq ans ont passé et que nous allons devoir faire des changements", avait aussi dit l'architecte des recrutements de Figo, Zidane, Ronaldo et Beckham.

A Turin, les changements que ces déclarations laissaient entrevoir ont peut-être commencé à prendre corps. Le Brésilien Roberto Carlos (31 ans) voulait déjà partir la saison dernière, le Portugais Figo (32 ans) penche pour l'Angleterre et il se dit que l'expérience madrilène de Ronaldo (28 ans) - exclu contre la Juve - pourrait s'achever bientôt. Le sort de Luxemburgo lui même n'est pas scellé. La presse italienne voit déjà Rafael Benitez (Liverpool) ou Carlo Ancelotti (Milan AC) comme prochain entraîneur des Merengues.

Si le Real change de cap en fin de saison - on annonce l'arrivée du jeune prodige brésilien de Santos, Robinho -, et revoit sa politique +galactique+, les historiens du jeu pourront écrire que la Juventus a joué un rôle primordial dans cette fin de règne.

Déjà éliminé en demi-finale de C1 en 2003 alors qu'il avait l'avantage après le match aller à Madrid (aller: 2-1, retour: 1-3), le Real a encore laissé fondre son avance au stade delle Alpi. Quelque chose s'est manifestement cassé à Turin.