MILAN (AFP) - Le derby tronqué entre l'Inter et Milan AC, mardi à San Siro, place les deux clubs dans des situations opposées: une demi-finale de Ligue des champions de soccer attend le Milan AC, des sanctions sans doute lourdes devraient sanctionner l'Inter, dont les supporteurs sont en cause.

L'UEFA a annoncé mercredi que le rapport de l'arbitre allemand Markus Merk serait examiné vendredi après-midi. C'est sur la base de ce document que la commission de discipline de l'instance dirigeante du soccer européen décidera des suites à donner à un match qui, sur le terrain, n'a pas connu de fin.

Les jets nourris de fumigènes, dont un a atteint le gardien du Milan AC Dida, et de bouteilles en plastique sur la pelouse de San Siro ont incité M. Merk à mettre un terme à la partie après 25 minutes d'interruption et une tentative avortée de reprise. Des fumigènes, qui sont pourtant rigoureusement interdits d'entrée dans les stades selon les règlements de l'UEFA, sont tombés en pluie drue du virage nord, celui des supporteurs de l'Inter.

Les incidents ont débuté à la 72e minute après un but refusé à l'Inter alors que le Milan AC menait 1 à 0 grâce à Shevchenko (30).

Jurisprudence

Dans le chaos qui a prévalu pendant cette longue interruption, au milieu des pompiers, forces de l'ordre et stadiers qui s'activaient sur la pelouse, l'arbitre allemand a d'ailleurs fait preuve de sang froid et de patience. Mais il n'avait sans doute rien d'autre à faire que de mettre fin à la confusion.

A la lecture du rapport de M. Merk, l'UEFA devrait, selon toute logique, d'abord confirmer la qualification du Milan AC, qui, vainqueur 2 à 0 à l'aller, avait la situation bien en main puisque l'Inter aurait dû marquer quatre fois lors des 18 dernières minutes pour inverser la tendance.

Cela ne fait aucun doute dans les rangs du Milan AC pas plus qu'au siège de l'UEFA, même si cette dernière précisait mercredi que, dans un tel cas, seule la commission de discipline est habilitée à officialiser le résultat.

Si les règlements permettent théoriquement à l'UEFA de faire rejouer le match, il est attendu qu'elle choisisse de confirmer le score ou de donner match gagné 3-0 sur tapis vert au Milan AC.

La commission de discipline va surtout devoir décider l'ampleur des sanctions auxquelles l'Inter ne semble pas pouvoir échapper.

En septembre, après que M. Frisk eut arrêté à la mi-temps le match de C1 entre l'AS Rome et le Dynamo Kiev, à Rome, l'UEFA avait ainsi donné match gagné 3-0 aux Ukrainiens et infligé deux matches à huis clos aux Italiens.

L'Inter risque beaucoup plus gros au vu de la durée et de l'ampleur des perturbations, même si la blessure de Dida, brûlé à l'épaule droite, n'inspire pas d'inquiétude.

Fumigènes

Au sujet du très grand nombre de fumigènes introduits dans le stade, l'UEFA rappelait mercredi qu'il revient aux clubs de faire respecter l'interdiction.

Le club nerazzuro, circonstance aggravante, a déjà été condamné pour des faits similaires en 2001: après une interruption de cinq minutes (jets de sièges et de bouteilles) d'un match contre Alavés, le 22 février en 8e de finale retour de Coupe de l'UEFA, l'Inter avait dû "recevoir" deux fois à Trieste en raison de la suspension de San Siro.

Cette affaire, sept mois après AS Rome-Dynamo Kiev, s'ajoute à la liste des incidents qui marquent régulièrement les tribunes des stades italiens. A San Siro, au cours de matches de Série A, un scooter avait notamment été lancé d'une tribune supérieure, en mai 2001. Plus récemment, Dida, déjà lui, avait reçu sur la tête une bouteille d'eau lors de Milan-Rome en mai dernier.

En début de semaine, le ministre italien de l'Intérieur Giuseppe Pisanu avait d'ailleurs menacé de fermer certains stades où les incidents ont tendance à se répéter. "Ce qui s'est passé mardi soir a montré que mes déclarations n'étaient pas exagérées", indiquait mercredi le ministre dans le quotidien La Stampa.