PARIS (AP) - L'affaire Barthez est loin d'être terminée. Moins de huit heures après l'annonce de sa suspension de six mois, dont trois avec sursis, la Fédération française de football (FFF) a décidé de faire appel, par l'intermédiaire de son Bureau du conseil fédéral.

"Le Bureau du Conseil fédéral a décidé d'interjeter immédiatement appel de la décision auprès de la Commission supérieure d'appel de la FFF", a annoncé la Fédération dans un communiqué.

La FFF fait donc appel contre sa propre commission de discipline qui, dans la matinée, s'était montrée clémente en accordant un sursis de trois mois au gardien de l'équipe de France et de l'Olympique de Marseille, reconnu coupable d'avoir craché sur un arbitre lors d'un match amical.

Le Bureau du conseil fédéral de la FFF a décidé de faire appel en constatant "le décalage entre cette décision et les dispositions du chapitre 1.5 du barème des sanctions figurant en annexe 2 des Règlements Généraux, qui prévoit, en cas de 'bousculade volontaire, tentative de coup(s), crachat(s) à l'encontre d'un officiel', une sanction de six mois de suspension ferme incompressible et susceptible d'être aggravée - selon l'appréciation des faits - d'une peine pouvant être assortie de sursis".

La suspension décidée par la commission de discipline prenant effet à partir du lundi 25 avril, Barthez pourra jouer à Nantes samedi lors de la 34e journée du championnat de France de Ligue-1 mais manquera quoi qu'il arrive les quatre derniers matches de championnat de son club cette saison.

Si la sanction est confirmée en appel, son avenir en bleu ne sera absolument pas compromis, car après le 25 juillet Barthez sera susceptible d'être retenu par le sélectionneur Raymond Domenech: il pourra donc disputer les prochains matches des éliminatoires de la Coupe du monde 2006, le 3 septembre contre les Iles Féroé et le 7 septembre contre l'Irlande.

Mais si Barthez, qui fêtera ses 34 ans en juin, est finalement suspendu six mois ferme, il manquera les quatre prochains matches des éliminatoires de la Coupe du monde 2006 et risque de perdre sa place de titulaire chez les Bleus avant le Mondial allemand, à l'issue duquel l'ancien gardien de Manchester United a prévu d'arrêter sa carrière.

Tout au long de l'après-midi, des voix s'étaient élevées pour dénoncer la clémence de la sanction frappant Barthez, dont celle du président de l'Union nationale des arbitres français (UNAF), Bernard Saules, qui a pu se réjouir en apprenant que la FFF faisait appel.

"C'est une mesure inhabituelle mais possible", a-t-il déclaré. "Je crois que tout le monde a compris qu'à un moment, l'opinion publique pouvait être choquée par cette clémence. Je suis pour une forme de justice, il y a un barème qui doit être appliqué. Ni plus, ni moins."

Le 12 février dernier, au stade Mohamed-V de Casablanca, la rencontre amicale entre le Wydad Casablanca et l'OM avait été interrompue à la 80e minute en raison d'incidents impliquant des joueurs marocains et marseillais, parmi lesquels Barthez. Le gardien de l'OM s'était levé du banc des remplaçants pour venir cracher sur l'arbitre, Abdellah el-Achiri, et l'avait insulté.

Les images vidéo de la rencontre ne laissaient aucun doute sur le crachat et Barthez risquait donc très gros. Pour un geste similaire au cours d'un match officiel, en 1991, Mecha Bazdarevic avait été suspendu douze mois.

Avant l'annonce de l'appel de la FFF, le président du directoire de l'OM Pape Diouf avait estimé que la sanction infligée à Barthez était "en complet décalage avec le jugement qui avait pu être déjà fait sur la place publique, qui parlait d'un an ou de six mois ferme de suspension".

"Cela veut dire que les membres de la commission ont entendu et apprécié les arguments que l'on a pu leur présenter et ainsi se faire une opinion plus précise et en rapport avec la réalité des faits", avait-il déclaré.

Des propos qui laissaient penser que l'OM ne ferait pas appel de la décision, même si Diouf avait affirmé que le club voulait se laisser le temps de la réflexion.

Dans la même affaire, le défenseur de l'OM Frédéric Déhu, cité dans le rapport de l'arbitre Abdellah el-Achiri, a vu son dossier classé sans suite par la commission de discipline de la FFF. L'Olympique de Marseille a par ailleurs écopé d'une amende de 1.000 euros (environ 1600 $).