BERLIN - Bâtir une équipe capable de viser la consécration européenne sans sombrer dans les dettes: c'est ce qu'a réussi le Bayern Munich, modèle économique dans un monde en crise, qui affrontera Chelsea en finale de la Ligue des champions samedi dans son Allianz Arena.

« Quand les autres clubs vont à la banque, il vont au service des prêts; quand nous allons à la banque, c'est au guichet dépôts ». La phrase désormais célèbre est d'Uli Hoeness, le président d'un Bayern fier de pouvoir conjuguer ambition sportive et équilibre économique.

Un modèle de gestion, qui plus est à l'approche de l'instauration par l'UEFA du « Fair play financier » aux règles très strictes qui doit entrer en vigueur en 2013-14.

Le Bayern Munich est en effet la preuve parfaite qu'un club peut amasser de confortables profits, tout en battant les plus grands, comme le Real Madrid en demi-finales, qui creusent des déficits abyssaux.

L'an dernier, saison bouclée pourtant sans trophée, le club bavarois a présenté un exercice bénéficiaire pour la énième fois: un chiffre d'affaires total de 328,5 millions tout en parvenant à accroître ses réserves financières puisque ses coffres contiennent la bagatelle de 129,1 millions d'euros de liquidités.

Politique conservatrice

Loin des grands d'Espagne, tels le Real Madrid et Barcelone qui affichaient en 2010-11 une dette globale de 590 millions d'euros pour le premier et 578 millions pour le second, pour des recettes annuelles n'atteignant que 479 millions pour la Maison blanche et 451 millions pour le Barça.

Même le Chelsea du milliardaire russe Roman Abramovich, qui aurait dépensé plus d'un milliard de livres dans le club depuis le rachat en 2003, annonçait pour la même période une perte de 67,7 millions de livres (84 M EUR) avec 91,7 millions de dette (114 M EUR), la septième de la Premier League.

La philosophie bavaroise reste très conservatrice: ne pas dépenser plus que ce que l'on gagne. Certes, le club a délié les cordons de la bourse ces dernières années en s'offrant les stars étrangères Franck Ribéry (2007) et Arjen Robben (2009), puis nationales comme le buteur Mario Gomez (2009) et le gardien Manuel Neuer (2011).

Mais les 35 millions d'euros (record de Bundesliga) misé sur « Super Mario », 2e buteur de la C1 avant la finale, parait dérisoire par rapport aux 94 millions investis par le Real pour faire venir Cristiano Ronaldo de Manchester United, ou même les 58 millions d'euros dépensés par Chelsea pour attirer l'Espagnol Fernando Torres.

Record en vue

La masse salariale du Bayern ne représente en effet même pas 48% de ses revenus, loin des extrêmes comme Manchester City (107%), tout frais champion d'Angleterre que le Bayern a éliminé dans la course à l'Europe.

Maîtres dans l'art de ne pas dépenser sans compter, les dirigeants bavarois ont aussi développé un talent pour trouver de l'argent frais. Comme lorsqu'ils ont vendu 9% du capital à Audi pour la coquette somme de 90 millions d'euros!

Avant l'échec en finale de Coupe d'Allemagne samedi dernier, le président Hoeness jubilait dans les colonnes du magazine Focus : « On va passer la barrière des 350 millions » de chiffres d'affaires.

Et donc probablement battre le record de 350,2 millions réalisé lors de la saison 2009-10 lorsque le géant bavarois avait réussi le doublé Coupe-Championnat avant d'échouer en finale européenne contre l'Inter Milan.

Dépasser de combien? Tout dépendra de l'issue de la finale contre Chelsea...