FRANCFORT - Une publicité diffusée quotidiennement à la télé en Allemagne met en vedette un groupe d'hommes buvant de la bière dans un établissement scabreux et se demandant qui est la plus grande star de foot de l'histoire.

Maradona, dit l'un. Pelé, rétorque un autre. Beckenbauer, avance un troisième.

Le barman se tourne vers un vieillard aux allures de motard dans le but d'obtenir la réponse définitive: Prinz. Birgit Prinz, dit-il avec conviction.

Personne ne proteste.

Et rares sont ceux qui disputeront le fait que Prinz a laissé une marque indélébile sur le sport, avant même qu'elle n'amorce sa cinquième Coupe du monde en carrière, dimanche, à l'occasion d'un match d'ouverture que la sélection féminine allemande disputera contre le Canada.

Si elle marque aux dépens de la formation canadienne de Carolina Morace, Prinz deviendra la première femme à avoir inscrit au moins un but dans cinq Coupes du monde. L'athlète de 33 ans est la meneuse de tous les temps avec 14 buts à vie dans ce tournoi.

Prinz est un nom connu en Allemagne. Elle a 212 sélections et 128 buts en carrière. D'où l'idée de la pub télé, qui met en valeur le tournoi en misant sur la réputation de la triple lauréate du titre de joueuse de l'année FIFA.

Son talent est si reconnu que Prinz a déjà reçu une offre d'essai avec l'équipe masculine de Pérouse, en Italie. Offre qu'elle a refusée.

La profondeur de l'équipe allemande est telle, toutefois, que même la place de Prinz n'y est pas assurée. Celle-ci approche la fin de sa carrière et subit la pression des plus jeunes, telle qu'Alexandra Popp, 20 ans, qui a neuf buts en 12 matchs et aspire à une place au sein du onze partant.

Popp est la cadette de l'attaque allemande, mais celle-ci compte aussi Inka Grings (90 sélections) et Martina Mueller (93). Mueller ratera toutefois le premier match à cause d'une blessure.

Le formidable milieu de terrain allemand mise sur les vétérans Ariane Hingst et Kerstin Garefrekes, qui totalisent 173 et 126 sélections, respectivement.

Ce sont toutefois Fatmire Bajramaj et Celia Okoyino da Mbabi qui pourraient s'imposer comme les joueuses les plus spectaculaires du tournoi. Bajramaj est née à Kosovo, tandis qu'Okoyino a un père français et une mère camerounaise, mais a choisi de jouer pour l'Allemagne, le pays où elle est née.

Et toutes ces joueuses pourraient se retrouver dans l'ombre de Kim Kulig, 21 ans, une autre vedette naissante.

Maintenant guérie de sa blessure à la cheville droite, Prinz se dit prête à mener l'Allemagne dans sa tentative de devenir la première nation à remporter la Coupe du monde une troisième fois d'affilée.

«J'ai le sentiment que nous nous sommes très bien préparées, a noté Prinz. Nous avons progressé collectivement, tout comme nous l'avions fait en 2003 et 2007. Et je crois que nous avons une équipe encore plus équilibrée qu'à l'occasion des deux dernières Coupes du monde.»

Les Américaines occupent peut-être le premier rang au classement mondial, mais les Allemandes seront difficiles à battre à domicile, à la suite d'un programme de préparation de plus de deux mois. L'équipe de l'entraîneure Silvia Neid a remporté ses quatre matchs préparatoires, marquant 15 buts au total sans en concéder un seul.

Quand l'Allemagne a remporté son deuxième titre, il y a quatre ans en Chine, l'équipe n'avait encaissé aucun filet.

«Notre objectif est clair, nous voulons remporter le titre. Mais il y a plusieurs équipes qui sont en mesure de remporter la Coupe du monde. Nous avons beaucoup de respect à l'endroit de plusieurs formations», a affirmé Neid.

Les États-Unis ont battu l'Allemagne lors des trois derniers affrontements entre les deux équipes, qui pourraient se retrouver en demi-finale du Mondial.

Le Brésil, battu 2-0 par l'Allemagne en finale il y a quatre ans, est mené par Marta, quintuple lauréate du trophée de joueuse de l'année. La seule fois que les Brésiliennes ont réussi à vaincre les Allemandes en neuf tentatives, c'est lors des Jeux olympiques de 2008.