ZURICH - Maître absolu du soccer mondial depuis 1998, Joseph Blatter brigue un troisième mandat à la tête de la Fédération internationale (FIFA) lors d'un 57e Congrès qui débute mercredi et devrait tourner au plébiscite, le Suisse étant l'unique candidat à sa propre succession.

Le vote prévu jeudi en clôture des débats ne devrait être qu'une formalité pour le dirigeant âgé de 71 ans. Vainqueur en 1998 du Suédois Lennart Johansson, à l'époque président de l'UEFA, puis, quatre ans plus tard, du Camerounais Issa Hayatou, patron de la Confédération africaine de football (CAF), +Sepp+ Blatter a cette fois une voie royale devant lui pour continuer à gouverner jusqu'en 2011 le monde du ballon rond.

Les temps semblent avoir bien changé depuis les scandales de 2002 et il compte bien en profiter pour rester à la barre du navire FIFA et mener à bien ses chantiers prioritaires: le Mondial-2010 en Afrique du Sud, la professionnalisation des structures de la Fédération internationale, la réforme de l'arbitrage, et une intégration de toutes les familles du soccer avec la création d'une "commission stratégique" sur le modèle du "Conseil stratégique du soccer professionnel", créé lundi par l'UEFA.

Oubliées les faillites d'ISL et de Kirch (sociétés gérant respectivement les droits marketing et TV de la Coupe du monde) juste avant le Mondial-2002 et les accusations de corruption. Désormais, M. Blatter est bien décidé à rattraper le temps perdu.


Entente


C'est d'ailleurs l'un des principaux arguments avancés par le Suisse pour justifier son envie de se représenter, après avoir martelé en 1998 sa volonté de ne pas effectuer plus de deux mandats.

"Durant mes deux premiers mandats, on a mis tellement d'obstacles dans mon travail que la situation n'a pas été très confortable pour moi jusqu'en 2002", a-t-il ainsi expliqué.

Plus personne aujourd'hui n'ose contester son pouvoir. La défaite de Johansson et l'élection de Michel Platini à la présidence de l'UEFA ont éliminé un adversaire de poids et les deux institutions ont enterré la hache de guerre.

L'ancien N.10 de l'équipe de France n'a ainsi pas oublié le soutien affiché par Blatter lors de son duel avec Johansson et lui a "souhaité beaucoup de succès dans l'exercice de son nouveau mandat" lors du Congrès extraordinaire de l'UEFA, tenu lundi à Zurich. Signe de cette belle entente au sommet, le Français, vice-président de la FIFA, devrait être nommé au cours du Congrès à la tête de la nouvelle "commission stratégique".


Santé financière insolente


La santé financière insolente affichée par la FIFA avec 752 millions de francs suisses (454,4 M d'euros) de fonds propres est un autre atout de poids pour M. Blatter.

Outre l'élection du président de la FIFA, le Congrès devra approuver quelques modifications des statuts. Conformément au Code mondial antidopage, la FIFA pourra désormais déposer un recours auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) contre des décisions relatives au dopage prises par une association nationale, une Confédération ou une Ligue.

Après avoir longtemps clamé qu'"il n'y a pas de dopage dans le soccer", M. Blatter, possible candidat à la vice-présidence de l'Agence mondiale antidopage (AMA), est enfin décidé à remettre dans le droit chemin la FIFA, dernière fédération olympique d'été à ne pas être en totale conformité avec le Code.

La FIFA compte également renforcer l'article 62 de ses statuts, qui interdit à des membres d'une association tout recours à des tribunaux civils. Ce changement fait suite à un arrêt du Tribunal fédéral suisse en date du 5 janvier, qui avait rejeté la plainte d'un club espagnol contre une décision de la commission de discipline de la Fédération internationale.

Enfin, le Monténégro, accueilli en janvier au sein de l'UEFA, devrait devenir la 208e association affiliée à la FIFA.