LAUSANNE - Le défenseur néerlandais Khalid Boulahrouz, qui n'avait plus joué en compétition officielle depuis novembre dernier, a débuté de manière magistrale l'Euro-2008 de football en étant l'un des acteurs majeurs du succès des Pays-Bas lundi face à l'Italie (3-0).

'Boula', prêté cette saison par Chelsea au FC Séville, ne doit sa présence en Suisse qu'au forfait de dernière minute de l'attaquant Ryan Babel, blessé à une cheville quelques jours avant le début de la compétition.

L'ancien joueur du RKC Waalwijk et du HSV Hambourg est donc un vrai miraculé. Sa seule présélection en mai dernier, dans le groupe des 30 joueurs retenus par le sélectionneur Marco van Basten, pour un premier stage de préparation avait provoqué les sarcasmes de la presse néerlandaise.

Que pourrait bien apporter à l'équipe un élément absent des terrains depuis plus de six mois et qui n'avait disputé que six rencontres depuis le début de saison ? Pour cause de blessures musculaires à répétition, son dernier match complet remontait à octobre dernier en Coupe d'Espagne avec le FC Séville.

Evasif, Van Basten avait répondu l'avoir convoqué "juste pour voir" où il en était. Avant de l'écarter de la sélection définitive et finalement de le rappeler en dernière minute.

Khalid Boulahrouz, 26 ans, a répondu à ses détracteurs lundi à Berne par une prestation impeccable sur le côté droit de la défense néerlandaise.

Face aux champions du monde, il a effectué un match propre, interceptant 20 ballons, privant tour à tour Di Natale, Zambrotta puis Grosso d'espace dans cette partie du terrain.

Certes, il pécha parfois dans la relance. Mais pour un joueur n'ayant disputé que 16 matches depuis janvier 2007 (huit avec Chelsea, six avec Séville et deux en équipe nationale), sa performance a épaté.

Les supporteurs ne s'y sont pas trompé. Lorsque Boulahrouz a quitté le terrain à la 77e, il a reçu "la plus belle ovation de (sa) carrière".

Des supporteurs qui ne le portaient pourtant guère dans leur coeur depuis l'élimination des Pays-Bas par le Portugal en huitièmes de finale du Mondial en Allemagne.

Ce soir de juin 2006, le Cannibale (son surnom aux Pays-Bas) avait montré une bien mauvaise image. En début de match, il avait taclé sèchement Cristiano Ronaldo, contraint de quitter le terrain blessé. Puis il fut exclu pour un coup de coude porté au visage de Luis Figo.

Certes, ce soir-là 'Boula' ne fut pas le seul à "disjoncter" -l'arbitre exclut quatre joueurs et distribua seize cartons jaunes- mais, dans la presse portugaise, il hérita d'un nouveau surnom: le boucher.

Le joueur d'origine marocaine assure aujourd'hui avoir "mûri" et avoir "oublié" ce match.

La presse néerlandaise semble lui avoir pardonné. Au lendemain du succès face à l'Italie, le quotidien Algemeen Dagblad faisait de Boulahrouz "le symbole d'une défense néerlandaise qui a répondu à toutes les critiques sur sa prétendue fragilité".

Le joueur, qui serait pisté par l'Olympique de Marseille selon des médias du plat pays, devrait être à nouveau titularisé vendredi contre la France. Et obtenir une nouvelle occasion de démontrer que sa saison ne fait finalement que commencer.