GENEVE (AFP) - M. Urs Meier, l'arbitre que les tabloïdes britanniques tiennent pour responsable de l'élimination de l'Angleterre à l'Euro 2004 de soccer, a affirmé craindre pour la vie de ses proches en raison des menaces dont il est l'objet depuis cette campagne de presse.

"Je n'ai pas peur pour ma vie mais pour celle de mes proches, a-t-il déclaré dans un entretien publié mercredi par le quotidien suisse Le Matin. Que l'on s'en prenne à ma famille en fouillant dans ma vie privée, ça, c'est intolérable. On cherche à me détruire".

Accusé, notamment par le Sun, d'avoir "volé" les Anglais, M. Meier, 45 ans, a reçu, selon 24 heures, autre quotidien helvétique, des menaces de mort par téléphone et via des milliers de courriels. A son domicile de Wuerenlos (nord de la Suisse), sa compagne croule sous les appels en provenance de Londres et un drapeau anglais a été planté sur sa pelouse par un "envoyé spécial" du Sun.

La police suisse a offert sa protection à l'arbitre, à ses proches et aux quinze personnes qu'il emploie dans un magasin d'électroménager.

Au lendemain du quart de finale de l'Euro perdu par l'Angleterre face au Portugal le 24 juin à Lisbonne, la presse populaire britannique s'était déchaînée contre M. Meier. Elle lui reprochait notamment de n'avoir pas accordé un but anglais, qu'elle jugeait valable, à la dernière minute du temps réglementaire de la rencontre.

Inacceptable

La marque était alors de 1-1 et ce but aurait très vraisemblablement qualifié l'Angleterre. Les deux équipes n'avaient pu ensuite se départager pendant la prolongation, terminée sur le score de 2-2, et le Portugal s'était imposé lors de la séance des tirs au but (6-5).

A l'issue de la rencontre, l'entraîneur suédois de l'Angleterre, Sven Goran Eriksson, avait estimé que, vu de son banc de touche, le but lui avait semblé valide. "Mais dire que nous avons été volés est un mot très fort. Il y a eu des erreurs mais, en soccer, tout le monde en fait", avait-il souligné

Lundi, l'Union européenne de soccer (UEFA) a solennellement condamné le comportement des tabloïdes britanniques qu'elle a qualifié d'"inacceptable".

Kenneth Ridden, le vice-président (britannique) de la Commission des arbitres a démontré, enregistrement vidéo et loupe à l'appui, que le gardien portugais avait été irrégulièrement gêné par un joueur anglais sur l'action contestée et que le refus de M. Meier de valider le but s'imposait.

L'arbitre suisse s'était félicité de cette démonstration. "Le monde entier peut voir que j'ai pris la bonne décision. Mais je suis très déçu de constater que les médias anglais, eux, ne voient pas la même chose", avait-il déploré.