Côté résultat, le «Special One» n'a pas tout renversé. Malgré les arrivées estivales de Pogba, le joueur le plus cher du monde, d'Ibrahimovic, de Mkhitaryan et Bailly, ManU a terminé à la sixième place en Premier League.

Reste que le manager, malgré l'avalanche de blessures, a réussi à décrocher une Coupe de la Ligue et va tenter de s'offrir l'Europa League mercredi à Stockholm, sa seule chance d'atteindre la Ligue des champions la saison prochaine.

Homologues: Conte, nouvel ennemi

Pas d'effusion de sang. Le «Special One» a joué la détente avec ses deux principaux ennemis Pep Guardiola et Arsène Wenger.

A chaque fois, aucune polémique, une ou deux petites piques, pour la forme, mais rien qui ne l'a empêché de serrer la main du Catalan ou de l'Alsacien.

En revanche, «Mou» s'est brouillé avec Antonio Conte, sacré champion avec Chelsea, l'ancien club du Portugais. Lors de son retour à Stamford Bridge, Mourinho avait été écrasé 4-0 et avait peu apprécié les harangues de l'Italien. A la fin du match, «Mou» s'était penché vers son homologue pour lui dire, selon le Corriere della Sera: «Tu peux faire ça à 1-0, pas à 4-0. Pour nous c'est humiliant.»

En mars, les deux hommes ont été séparés par le quatrième arbitre après un échange musclé lors de l'élimination de ManU en Coupe d'Angleterre.

Traité de «Judas» par son ancien public, le Portugais avait cinglé: «Ils peuvent me dire ce qu'ils veulent. Jusqu'au moment où ils trouveront un entraîneur qui va leur gagner quatre championnats, je reste le N.1 (...) Judas est le N.1.»

Joueurs: «travailler jusqu'à la limite»

Mourinho a beaucoup parlé de ses joueurs. S'il a choisi la douceur pour les cas Rooney, Schweinsteiger (maintenant à Chicago), Ibrahimovic et Pogba, deux joueurs qu'il a fait venir à l'intersaison, il n'a pas franchement brossé les autres dans le sens du poil.

A commencer par Martial, accusé de dilettantisme («Est-ce qu'il peut avoir du succès avec moi? Oui mais il doit me donner les choses que j'aime») ou Shaw, accusé de manque de jugeote («Il doit penser»).

Smalling et Jones en ont aussi pris pour leur grade: la récupération des deux défenseurs blessés prenaient trop de temps à son goût («Certains ne donnent pas tout ce qu'ils ont.»).

«Mou» avait déjà jeté un pavé dans la marre début janvier en estimant n'avoir pas la même «culture», demandant de "travailler jusqu'à la limite".

Arbitres: deux exclusions

Pas de grosses prises de becs avec les arbitres, mais quand même quelques procédures disciplinaires et plusieurs matches de suspension pour des incidents en novembre.

Il a été exclu une première fois à la mi-temps d'un match nul contre Burnley (0-0) après une altercation avec le directeur de jeu, puis renvoyé contre West Ham (1-1) après avoir laissé échapper sa frustration en shootant dans une bouteille d'eau.

Le sulfureux manager a aussi fait l'objet d'une procédure disciplinaire pour ses propos jugés déplacés sur l'arbitre de son match contre Liverpool (0-0).

Jeu: du «Mou» tout craché

Mourinho a fait du Mourinho: défense bétonnée et milieu de terrain verrouillé. Bilan: 15 matches nuls en Championnat.

Ses hauts faits se sont limités à une jolie victoire contre le futur champion Chelsea mi-avril (2-0), Mourinho utilisant parfaitement la vitesse de Martial et Rashford.

La presse anglaise avait aussi loué son organisation lors de deux nuls contre les attaques prolifiques de Liverpool (0-0) en novembre et Manchester City (0-0) fin avril.

Le public n'a donc rien vu de bien chatoyant à Old Trafford: la poussive attaque mancunienne a inscrit 54 buts en Championnat, loin du champion Chelsea (85), des autres membres du "Big Six", mais aussi derrière le 7e Everton (62), le 9e Bournemouth (55) et juste devant le 14e Crystal Palace (50).