MONTRÉAL – La faim ne justifie pas les moyens pour Wilfried Nancy.

Dans la semaine précédant le deuxième match de son équipe contre le club mexicain Santos Laguna, l’entraîneur-chef du CF Montréal n’a que très peu parlé du résultat qu’il souhaitait voir ses troupes décrocher, concentrant plutôt son message autour de la façon dont il voulait voir ses hommes jouer.

Lors du premier duel au Mexique, le CFM avait passé la majeure partie de sa soirée à subir la pression de ses hôtes. Rien qui ne s’était jamais vu dans le passé. Sous d’autres entraîneurs, le onze montréalais a souvent préconisé une approche conservatrice contre des adversaires dits supérieurs ou lors de déplacements périlleux. Le plan avoué, ou en tout cas pas très subtil, était de se replier en bloc et d’attendre une erreur pour foncer en contre-attaque.

Ce n’est toutefois pas le soccer que désire jouer Nancy. Le coach n’a que faire du contexte. Ou si peu, disons. Le stratège montréalais a les idées claires quant à l’identité dans laquelle il veut modeler son groupe et il demande à ses joueurs de l’assumer sans complexe. Ça ne veut pas dire que ça fonctionnera à tout coup. Sous Nancy, le CFM perdra des matchs. Mais pas ses principes. Be you or die trying.

« On veut jouer notre match, avait dit l’entraîneur quelques jours après la défaite au Mexique. On veut être une équipe proactive défensivement. On veut mettre l’adversaire sous pression offensivement. C’est ce qu’on veut faire. J’ai aimé comment on a joué à certains moments du match, on a été capable de mettre des choses en place, mais on ne l’a pas fait avec assez de constance. C’est normal, ça arrive, surtout à l’étranger. »

« Mais l’esprit reste le même. Quand on joue un match, c’est pour essayer de le gagner. »

En déficit au score avant même le coup de sifflet initial, mercredi, les Montréalais n’ont pas perdu de temps à tenter de déchiffrer les intentions de l’adversaire ou à calculer comment chacune de leurs décisions pouvait influencer les différents scénarios qui se présentaient à eux. Ils ont mis le pied sur la balle et sont allés vers l’avant. Droit devant, diront les petits comiques.  

Comme slogan sur une affiche promotionnelle, ça fait un peu boboche. Mais sur le terrain, ça s’est avéré diablement efficace. Les conditions ont vite été dictées. L’équipe adverse n’a jamais été capable de suivre.

À 2-0, les locaux avaient le résultat dont ils avaient besoin pour rayer un item de leur liste et passer au suivant. Mais jamais n’a-t-on senti la moindre intention de leur part de se replier sur leurs positions et de protéger leurs acquis. Les chances de marquer se sont succédées au retour de la mi-temps jusqu’à ce qu’Ismaël Koné, une jeune trouvaille de 19 ans qui n’avait jamais joué un match de soccer professionnel, ne mette le but d’assurance.

Même contre un adversaire qui n’avait soudainement plus rien à perdre, ce même CF Montréal qui a laissé filer tant de points dans des fins de matchs mal gérées en 2021, n’a jamais senti le danger. Le gardien Sebastian Breza n’a eu à faire qu’un arrêt en deuxième demie. Remontada? Pas cette fois.

« Aujourd’hui, l’équipe était sur la coche en termes d’état d’esprit, a fièrement constaté Nancy. C’est comme ça qu’on veut attaquer chacun de nos matchs. C’est notre équipe. On veut marquer des buts, on veut bien défendre. Ce soir, c’est un de ces soirs où on a su le faire avec succès. »

Cette performance, qualifiée à juste titre de « quasi-parfaite » par le milieu de terrain Djordje Mihailovic, est de bon augure non seulement pour la suite du parcours en Ligue des champions, mais aussi pour le début de la saison MLS. Dimanche, le CF Montréal lancera sa onzième saison dans le circuit Garber en affrontera Orlando City SC, l’équipe même qui l’avait éliminé de la course aux éliminatoires en novembre dernier.

Le fait que la grande majorité des joueurs qui ont vécu cette déception soient de retour en 2022 devrait être l’une des principales forces de cette nouvelle mouture du CFM. Le temps n’est plus à l’acclimatation et à l’assimilation de la théorie. Cette familiarité intentionnellement façonnée par le directeur sportif Olivier Renard et le personnel d’entraîneurs doit maintenant produire des résultats.

La façon dont le premier test de la saison a été passé laisse entrevoir de belles choses pour la suite.  

« Si vous voulez me citer [sur le fait que tant de gens nous sous-estiment], retournez voir tout ce que j’ai dit sur le sujet à pareille date l’an dernier, a dit Mihailovic après sa performance d’un but et une passe décisive. Mais on a une bonne idée de ce qu’on veut accomplir cette année. L’an dernier, c’était une opportunité de grandir ensemble. On a transporté ce momentum dans cette compétition et on a joué un match fantastique ce soir. »

« On l’a fait de la manière dont on voulait le faire, avait dit Nancy au préalable. L’objectif est maintenant de répéter ce genre de performance. »