Petites bourdes et mea culpa : le métier qui rentre pour Sebastian Breza
CF Montréal jeudi, 31 mars 2022. 16:06 jeudi, 12 déc. 2024. 10:50MONTRÉAL – Le mur composé de quatre joueurs, érigé plein axe juste en haut du demi-cercle qui chapeaute la surface de réparation, est fébrile. Derrière, le défenseur Rudy Camacho s’énerve en tentant de relayer ses consignes à deux coéquipiers. Le vacarme produit par la foule est assourdissant.
Brooks Lennon s’élance. Sa frappe, lourde, contourne facilement le rempart défensif et se dirige vers le coin gauche du filet. Sebastian Breza réagit trop tard. La frappe frôle l’extrémité de l’un de ses gants et termine sa course dans les cordages. C’est 3-3. Ça sera le score final.
Le long congé dont viennent de profiter les joueurs du CF Montréal n’a pas complètement apaisé la frustration générée par cette séquence qui a privé l’équipe d’une victoire dont elle avait bien besoin et qui, objectivement, n’aurait pas été volée. Pour preuve, l’impulsivité démontrée par Breza jeudi, presque deux semaines après les faits, lorsqu’il s’est fait demander comment il gérait les critiques dont il avait été la cible depuis ce but évitable.
« Je m’en bats les couilles, a laissé tomber le jeune gardien, déjà reconnu pour son franc-parler. De toute façon, je n’ai pas entendu grand-chose et si chaque joueur pensait aux critiques des fans, il n’y en a aucun qui ferait carrière. »
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Par l’entremise du directeur des communications du club, Breza a éventuellement présenté ses excuses pour sa faute – somme toute mineure – de langage. Mais l’humeur dans laquelle allait se dérouler la conversation était installée. Peut-être n’était-ce qu’un insignifiant signe d’impatience. Peut-être aussi que la poussière soulevée par la remontée subie à Atlanta, la même qui est montée au nez des joueurs qui n’ont pu réprimer un signe de reproche public à leur gardien dans le feu de l’action, n’est pas encore complètement retombée.
« J’aurais dû arrêter le ballon, il n’y a pas de débat là-dessus. C’était un tir comme j’en ai arrêté dans le passé, a confessé Breza, plus calmement, quelques instants plus tard. Pour ce qui est de la réaction des défenseurs, il y avait beaucoup d’émotion. On veut gagner, on cherche encore notre première victoire. Mais ça arrive toujours durant les entraînements et même dans les matchs. La seule différence, cette fois, c’est que tout le monde l’a vu. »
« Les gens vont peut-être penser que c’est hors de l’ordinaire ou que c’est controversé, mais ça ne l’est pas, a poursuivi le cerbère. C’est ce qui arrive quand une équipe veut gagner. Si je n’arrête pas le ballon et que tout le monde s’en retourne faire ses petites affaires, c’est là qu’on a un problème dans le club. Mais il n’y en a pas. »
Breza admet toutefois qu’une fatigue mentale s’était installée, entre ses deux oreilles autant que dans la forme collective, au moment de conclure un mois qu’il décrit avec dédain comme « extrêmement éprouvant ». Le match à Atlanta était le huitième en 33 jours pour le CF Montréal, une séquence rendue encore plus difficile par la longueur de ses déplacements et des conditions de travail de qualité variable.
Pour celui qui n’avait qu’une modeste expérience au niveau professionnel à son arrivée à Montréal et qui n’a hérité du rôle de numéro qu’à la fin de la dernière saison, c’est le métier qui rentre. À 24 ans, le gardien titulaire de l'Impact apprend encore à gérer la pression, les reproches et les petites erreurs de parcours.
« Je pense que c’est difficile à expliquer. C’est quelque chose que tu apprends en jouant des matchs et en ayant du vécu. N’importe qui n’est pas gardien ne peut pas comprendre. Mais c’est mon choix de vouloir jouer à cette position et d’en faire une carrière. Oui, je commençais à être fatigué, fatigue mentale et physique, mais ça ne va jamais être une raison pour échapper deux points. La fatigue et toutes ces choses, bien que présentes, ne peuvent jamais être une explication pour laisser passer un but comme ça. »
La plus récente boulette de Breza, qui n’est pas sans rappeler celle qui avait coûté le poste à James Pantemis la saison dernière, lui vaudra-t-elle un temps de réflexion sur le banc? L’entraîneur-chef Wilfried Nancy, qui n’a pourtant pas l’habitude de s’éterniser sur les questions concernant ses gardiens, a commenté sans pour autant se compromettre sur la question.
« Je vous dirais que pour un gardien d’expérience c’est normal, il n’y a pas de souci avec ça parce qu’il a l’habitude d’enchaîner les matchs. Pour un gardien qui manque d’expérience, qui n’a pas joué beaucoup, effectivement c’est un peu plus difficile. Qu’on parle de Sebastian ou James, ce sont des jeunes gardiens qui sont au début de leur carrière. On les avait préparés à ça.
« Par rapport à une rotation de gardien, pour l’instant je n’avais pas envie de le faire. L’année dernière, ce que j’ai fait avec James, ça n’avait pas été fait dans le passé. Mais moi je suis quelqu’un qui, dans la vie, je prends les outils à ma disposition et j’essaie de les utiliser quand je sens que ça peut faire du bien. Cette année, j’ai commencé comme ça et après on verra par la suite comment ça va se passer. Peut-être que Sebastian va jouer tous les matchs, peut-être que je vais faire des rotations. Je n’ai aucune idée pour l’instant. »