MONTRÉAL – Le CF Montréal ne reviendra pas à son ancienne identité avec l'arrivée d'un nouveau président.

Gabriel Gervais, qui a officiellement été présenté comme le successeur de Kevin Gilmore mardi, a confirmé que le nom du club resterait le même sous sa gouverne, mais qu’une réflexion avait déjà été entamée pour revoir son logo et qu’une volonté pour réconcilier l’institution avec son histoire avait été exprimée.

« Je sais que le nom de l’Impact et le logo, c’est un dossier qui est sensible, qui l’a été personnellement pour moi aussi, a affirmé celui qui a aussi hérité du titre de chef de la direction du CF Montréal. J’ai saigné pour le club et à l’époque où on jouait, on disait qu’on saignait bleu. Donc quand j’ai appris la nouvelle, ça m’a frappé. Je ne comprenais pas. Mais je vous dirais que c’était plus dans la façon que c’était communiqué. »

La refonte de l’image de marque du onze montréalais a été le cheval de bataille le plus controversé du règne de Gilmore, qui avait été embauché en janvier 2019 et qui a quitté ses fonctions moins de trois ans plus tard, en novembre dernier. Avant la saison 2021, Gilmore a annoncé le remplacement de l’appellation « Impact de Montréal » au profit de « Club de Foot Montréal ». Un nouvel écusson, dénudé des teintes de bleu qui avaient toujours caractérisé l’organisation, avait aussi été présenté.

La proposition avait immédiatement été décriée par une partie du noyau dur des partisans du club. Pour plusieurs, l’affront a été tel qu’il les a menés à renier leur allégeance. Le mécontentement a escaladé au point où il a mené à la fermeture d’une section complète du Stade Saputo.

Forcé de manier cette patate chaude à sa première présence devant les caméras, Gervais a tenté une première approche réconciliatrice en démontrant une certaine ouverture au compromis. Mais un retour complet aux anciennes couleurs est hors de question.   

« Le nom a été changé dans l’idée de mettre la ville et la communauté au centre de l’équipe, je le comprends. On voulait aussi utiliser une nomenclature qui est plus internationale, globale, du soccer. Moi je suis correct avec ça. Je peux vous dire aujourd’hui que le nom "CF Montréal" est là pour rester », a ensuite établi le dirigeant de 45 ans.

Comme preuve de la bonne foi du club dont il vient de prendre les commandes, Gervais a fait référence à la nouvelle campagne publicitaire récemment déployée. « "Allez! Allez! Allez!", ça m’a donné des frissons. Le bleu, c’est nous.  On est à l’écoute des partisans, de nos supporteurs et de nos partenaires pour ramener davantage l’histoire du club. »

Le propriétaire Joey Saputo, qui s’adressait aux médias pour la première fois depuis le changement d’identité de son club, a spécifié que l'expression « Club de Foot Montréal », qui était utilisée sur le matériel promotionnel et les réseaux sociaux du club depuis un an, avait été reléguée aux oubliettes. M. Saputo a aussi fait savoir qu’il n’avait aucune objection à ce que le nom « Impact » continue de circuler dans les tribunes du stade qui porte son nom. Il dit l’avoir communiqué clairement aux leaders du 1642 MTL et des Ultras Montréal, les deux principaux groupes de supporteurs, cet hiver.

« Pour moi, le nickname comme tel, ça peut rester. Le nom du club, pour moi, c’est le CF Montréal comme à Bologne c’est BFC. Mais on a tous des surnoms. À Bologne, on s’appelle les Rossoblù. J’ai utilisé le même argument avec les membres de nos supporteurs. Ici, on appelle les Canadiens les Habs. Je n’ai aucun problème. Si l’Impact est dans votre cœur et que vous voulez chanter "Impact", chantez-le. Je ne suis pas là pour dire de ne pas le faire ou pour bannir le nom au stade. »

M. Saputo a enchaîné en émettant le souhait de rassembler tous les groupes de supporteurs dans une seule et même section du stade, une volonté qui a trouvé écho dans les propos de son nouveau président. Historiquement, les Ultras occupaient la section 132 à l’extrémité ouest de l’enceinte tandis que les 1642 MTL s’agitent tout en face, dans la 114. D’autres groupes de taille plus modeste sont éparpillés ailleurs dans les gradins.

Dans le monde imaginé par le proprio, tout ce beau monde mettrait ses différends de côté pour unir leurs voix les jours de match.

« Si on peut unifier tout le monde et avoir 3000 personnes au même endroit... Je suis même prêt à appeler ça "les estrades de l’Impact", a plaidé M. Saputo. Je ne veux pas négocier ça avec les médias, je veux le faire face-à-face face avec les membres, mais c’est un plan pour moi pour 2023. Pour moi ils sont tous les mêmes et je pense qu’ils peuvent vivre ensemble. »

Précisant que la section 132 était désormais rouverte, Gervais a qualifié les frictions qui ont mené au bannissement de certains détenteurs d’abonnements de saison d’« incidents malheureux » et s’est dit déterminé à aller à la rencontre des partisans de toutes les humeurs.

« Les Ultras ont été fondés en 2002. Ils étaient peut-être une dizaine, je les connais, je leur serrais la main. Ils venaient voir nos matchs à Toronto et à Rochester. Mais honnêtement, je ne les connais plus maintenant, je ne sais pas si ceux qui étaient là à la base le sont encore. Je ne sais pas, mais je veux leur parler. Ultimement, on veut que tous les supporteurs soient au stade. C’est le but du club, ça je vous le garantis.

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