MUNICH (AP) - Le "pré-retraité" Zinédine Zidane a ouvert les portes à la France d'une deuxième finale de la Coupe du monde en transformant un penalty qui a suffit pour faire plier 1-0 un Portugal accrocheur, en demi-finale mercredi à Munich.

Auteur de deux buts lors du sacre face au Brésil en 1998 (3-0), "Zizou" connaîtra l'apothéose d'une deuxième finale huit ans après celle du Stade de France, pour le 108e et dernier match de sa carrière.

La France affrontera l'Italie, pour la revanche de la finale 2000 de l'Euro gagné par les Bleus. Pour se qualifier pour cette finale, ils avaient battu en demi-finale ces mêmes Portugais, déjà sur un penalty décisif de Zidane.

Ce 30e but de Zidane a permis à la prédiction du sélectionneur Raymond Domenech de se réaliser: il a toujours proclamé que l'objectif des Bleus était la finale du Mondial 2006, qui aura lieu dimanche à Berlin.

Affronter le Portugal après les magiciens brésiliens, c'était pour les Bleus comme assister à un tour de José Garcimore après avoir admiré un spectacle de David Copperfield. Le risque de bâillement était latent, l'endormissement possible.

"Rester concentré", avait demandé Domenech, pour garder ses hommes sous pression.

Jamais parvenus en finale d'une Coupe du monde, les Portugais voulaient se venger des deux demi-finales des Euro 1984 et 2000 perdues face aux Français.

On attendait un marquage à la culotte de Zinédine Zidane et Franck Ribéry, deux des six joueurs français menacés de suspension en cas de nouveau carton jaune. Les Portugais préféraient jouer vers l'attaque avec un quintette tourné vers le but de Fabien Barthez: Pedro Pauleta, Figo, Cristiano Ronaldo, Maniche et Deco.

Florent Malouda ouvrait les hostilités d'entrée d'un tir du gauche trop croisé (1er).

Après les Brésiliens, les Bleus voulaient sortir le dernier champion du monde en titre: Luis Felipe Scolari, sélectionneur de la "Seleçao" en 2002.

Pour ce faire, ils devraient vaincre un deuxième Ronaldo, Cristiano. L'attaquant de Manchester United, qui avait eu la peau de Wayne Rooney en demandant son expulsion en quart de finale face à l'Angleterre, était sifflé par les supporters français à toutes ses interventions.

Fabien Barthez, peu menacé depuis le début du Mondial en raison d'une défense vigilante, devant s'employer sur une frappe de Deco, servi par Ronaldo (4e).

La bataille pour la possession du ballon faisait rage, mais les latéraux français, Eric Abidal et Willy Sagnol faisaient la différence par leur apport offensif. Un centre dangereux du Lyonnais n'était repris par personne devant le but de Ricardo (14e)

Figo, Ballon d'or comme Zidane et qui comme "Zizou" prendra sa retraite internationale après le Mondial, frappait de 20 mètres pour sa 126e sélection. Barthez se couchait impeccablement pour fêter son 16e match en Coupe du monde, record de Maxime Bossis battu (16e)

Une "guerre de bancs" débutait quand Domenech indiquait à l'arbitre un plongeon de Ronaldo.

Ce match ouvert se débloquait en faveur des Bleus sur un ballon de Malouda pour Henry dans la surface. Ricardo Carvalho, l'ex-vainqueur de la Ligue des champions avec Porto et champion d'Angleterre avec Chelsea, crochetait l'attaquant des "Gunners" d'Arsenal dans la surface. L'arbitre uruguayen Jorge Larrionda, désignait le point de penalty.

Zidane, qui avait inscrit sur penalty le but en or de la qualification face aux Portugais à Bruxelles en demi-finale de l'Euro 2000 remporté par les Français face à... l'Italie, se chargeait de la sentance. Le gardien Ricardo, auteur de trois arrêts lors des tirs au but face à l'Angleterre au tour précédent, s'inclinait pour le 30e but de "Zizou" en 107 sélections (1-0, 33e).

Jamais mené dans cette Coupe du monde, le Portugal qui n'avait encaissé qu'un but en cinq rencontres, devait réagir.

Mais Maniche trouvait Barthez sur une frappe de 30 mètres.

Après la mi-temps, Henry se jouait de Fernando Meira, frappait du gauche et Ricardo mettait le ballon en corner (48e). Puis sur un service de Zidane, Ribéry frappait dans la lucarne de 20 mètres, mais Ricardo s'interposait (49e).

Pour son premier tir de la partie, Pauleta pivotait, croyant inscrire son 48e but en 87 sélections, mais il trouvait le petit filet de Barthez (53e).

Avec un Thuram impérial pour sa 120e sélection, désigné "homme du match", ce 11 français déjà impressionnant face à l'Espagne et au Brésil, tenait bien la route.

Les Portugais, vice-champions d'Europe, savaient que le temps jouait contre eux. D'autant qu'ils avaient une prolongation de plus que les Français dans les jambes, celle disputée face aux Anglais, après avoir sorti les Pays-Bas en huitième de finale (1-0).

Scolari remplaçait Pauleta par Simao et Domenech Malouda par Sylvain Wiltord (69e). Puis comme face au Brésil, il sortait Ribéry pour Sidney Govou (72e).

Scolari jouait son va-tout en ajoutant un attaquant, Helder Postiga, remplaçant Costinha (75e).

Un centre de Nuno Valente devant le but de Barthez faisait passer le frisson dans le camp bleu (76e).

Sur un coup franc de 25 mètres de Cristiano Ronaldo, Barthez relâchait le ballon et Figo plaçait une tête juste au-dessus de la transversale (77e).

La tension était extrême.

Les Bleus étaient sur la défensive.

Louis Saha entré à la place d'Henry (85e) prenait un carton jaune et sera privé de finale.

Fernando Meira manquait l'égalisation en tirant au-dessus dans le temps additionnel de l'entrée de la surface. Deux corners, dont un provoqué par le gardien Ricardo monté en attaque, mettaient les Bleus au supplice. Mais ils tenaient bons et la sono de l'AllianzArena de Munich déversait du Jo Dassin: "Il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Elysées".