PARIS - Le divorce entre Ronaldinho et tout Barcelone, club et supporteurs, paraît consommé à l'heure où son énième blessure, annoncée vendredi, compromet sa fin de saison et semble clore une histoire qui a vu le Brésilien passer du statut d'idole absolue à celui de starlette encombrante.

Rarement un joueur aura connu en quelques années autant d'adulation puis de désamour dans le même club. Décrié par les supporters, non convoqué par Frank Rijkaard pour les cinq derniers matches du Barça, l'attaquant n'est plus que l'ombre du Ballon d'or 2005, icône de spectacle et d'efficacité, au terme d'une saison noire.

Lui-même, sans s'épancher publiquement, traîne depuis plusieurs mois son mal-être, au point d'en avoir perdu son sourire, autrefois permanent. "Cela fait longtemps qu'il n'est plus heureux à Barcelone, il n'est pas à l'aise avec le vestiaire et n'est pas prêt à jouer le rôle de remplaçant", avaient assuré des sources proches de Ronaldinho en décembre.

Et les dirigeants catalans, s'ils restent toujours prompts à le défendre officiellement, du président Joan Laporta à Rijkaard, se montrent en coulisses lassés de ses escapades nocturnes et de ses prestations sans saveur. La récente rencontre entre son frère et agent, Roberto Assis, et le vice-président de l'AC Milan, Adriano Galliani, alimente de nouveau les rumeurs d'un transfert du joueur vers l'Italie.


Image brouillée

A 28 ans, "Ronnie" portera-t-il à nouveau le maillot blaugrana? Sa déchirure musculaire aux adducteurs l'éloignera des terrains "environ six semaines", selon le club. Ses détracteurs diront que le N.10 s'en était déjà éloigné depuis un certain temps...

Déjà à la mi-mars, sa situation s'était brouillée lorsqu'il avait déclaré forfait sur blessure pour le déplacement à Almeria en Championnat. Le lendemain du match, les services médicaux du club avaient précisé que le Brésilien ne souffrait "d'aucune blessure musculaire". De quoi susciter toutes les spéculations et interrogations, notamment sur son hygiène de vie, affectant in fine son rendement sportif.

Ronaldinho n'avait du coup pas été sélectionné pour le match amical du Brésil contre la Suède, le 26 mars à Londres.

Il connaît de toute façon sa pire saison depuis son arrivée à Barcelone il y a près de 5 ans, tâtant du banc de touche pour la première fois et errant tel un fantôme sur les pelouses, hormis quelques coups d'éclat que lui permet toujours sa palette technique (des buts sur coups francs ou son fabuleux retourné acrobatique début mars contre l'Atletico Madrid).


Influence rognée

Signe du désenchantement autour du magicien balle au pied, les ventes de maillots à son nom avaient plongé au second semestre 2007, alors que parallèlement Lionel Messi devenait l'icône N.1, Thierry Henry venait le concurrencer sur le flanc gauche de l'attaque, les jeunes Giovani et Bojan s'affirmaient, et ses relations avec Eto'o demeuraient fraîches.

La saison 2006-2007 de +Dinho+, suivant le titre en Ligue des champions, avait d'ailleurs esquissé une pente subtile voire paradoxale: Ronnie voyait son influence dans le jeu sérieusement rognée, tout en maintenant un niveau correct de statistiques (atteignant même son meilleur total de buts avec 21 réalisations en 32 matches de Championnat).

Mais les signes avant-coureurs de rupture couvaient, et les tentatives de rabibochage avec tout Barcelone ont, depuis, toutes échoué.