PARIS - La France s'est fait très peur, menée 1 à 0, mais a arraché sa qualification pour la 13e Coupe du monde de son histoire sur un but de Gallas, entaché d'une main d'Henry, en prolongation contre l'Eire (1-1), mercredi au Stade de France, en barrage retour après son succès 1 à 0 en Irlande.

Que de frissons! L'équipe de France a tremblé jusqu'au bout pour tourner la page d'une campagne de qualification laborieuse, éreintante, où les joies furent rares et les crispations multiples. Le match du Stade de France mercredi fut encore un bon exemple de match à suspense et à rebondissements.

À 203 jours du Mondial en Afrique du Sud, la France obtient donc sa qualification.

Place aux statistiques: Domenech, encore conspué par tout le stade de France mercredi soir, devient le premier sélectionneur français à se qualifier pour une troisième phase finale (Mondial 2006, Euro 2008 et Mondial 2010). Hidalgo fut aussi sélectionneur pour deux mondiaux et un Euro, mais n'avait pas eu à se qualifier pour l'Euro 1984, puisque la France était organisatrice. C'est d'ailleurs la première fois que l'équipe de France enchaîne quatre coupes du monde consécutivement.

Dans la série des records, Henry - et sa "main de Dieu" - devient le premier joueur français à se qualifier pour une quatrième coupe du monde (Vieira le pourrait aussi mais il n'a plus été appelé en Bleu depuis juin dernier et le suspense est intense pour lui).

103 minutes stressantes sans but des Bleus...

Et les souvenirs se bousculent au moment de boucler le parcours des Bleus: le naufrage inaugural en Autriche (3-1), les "escabeaux" et la "guillotine" de Domenech lâchés face à la presse, le miracle de Constanta (2-2, après avoir été menés 2 à 0 au bout de 17 minutes), le but d'Escudé contre son camp face à la Roumanie (1-1), et ce nul splendide (1-1) arraché dans le Marakana de Belgrade à dix contre onze. Et puis ce match fou à Saint-Denis mercredi.

Les Français méritaient-ils d'aller en Coupe du Monde ? Cette question a hanté 103 minutes avec des Bleus incapables de marquer un but à l'Eire, nation sans joueur vedette, engluée au 34e rang Fifa (la France est 9e !).

Et puis est venue cette action qui n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre. Et qui referme le livre d'un match livré dans la douleur pour les Bleus (Gignac est complètement passé à côté sous le regard d'un Benzema dégoûté sur le banc).

La première période fut catastrophique pour des Bleus tétanisés, terrassés par l'enjeu. C'est sur un but de cour de récréation que Duff, comme au ralenti, a centré en retrait pour son capitaine Keane, qui n'avait plus qu'à marquer (0-1, 32e).

Sous les yeux de Zidane et Barthez

La seconde période fut un peu meilleure dans l'esprit pour les Français, mais pas dans la manière, avec une finition décousue et de grosses frayeurs. Dur pour les nerfs de Zidane et Barthez en tribunes: choc entre Gourcuff et "Lass" Diarra et balle de 0'Shea qui passe au dessus (48e), Lloris qui sauve la patrie sur un contre irlandais (61e), un coup franc direct de Gourcuff ne donnant rien (71e) et Keane à deux doigts du doublé (73e) !

La prolongation était inévitable. Et le manque de communication entre Gallas et Lloris n'avait rien de rassurant... Ni ce but de Govou refusé pour hors-jeu (102e). Mais Gallas, qui avait vécu un match difficile, se rattrapait bien avec un des buts les plus importants de l'histoire des Bleus, mais entaché d'une main d'Henry pas vue par l'arbitre (1-1, 103e).

Il faut encore s'attendre à des émotions, de l'inquiétude, des doutes, de la peur, avec ces Bleus pour qui rien ne sera jamais facile. Rendez-vous cet été en Afrique du Sud (11 juin-11 juillet).

"Je ne suis pas l'arbitre..."

Henry a reconnu qu'il avait bien touché le ballon de la main avant de servir Gallas qui marquait le but égalisateur.

"Oui, y a main, mais je suis pas l'arbitre, a déclaré le capitaine des Bleus. "Toto" (Squillaci) va à la lutte de la tête, je suis derrière deux Irlandais, la balle rebondit et elle tape ma main".

"Bien sûr, je continue à jouer, a-t-il poursuivi. L'arbitre ne siffle pas main, mais je ne peux pas dire qu'il n'y a pas main".

A la question de savoir si ce fait de jeu altérait sa joie, il a répondu: "Non, non. On est qualifiés".

A propos de William Gallas, qu'il a longuement enlacé au coup de sifflet final, Henry a dit: "William, ça fait longtemps que je le connais. On a été à l'école ensemble. Je ne vais pas faire une soirée nostalgie, mais... On a la même date de naissance, on a été à Clairefontaine ensemble. Et de se retrouver tous les deux sur cette action, ç'a été un grand moment".

"Ça restera dans l'histoire, mais le plus important pour nous aujourd'hui, c'est qu'on se soit qualifiés, a-t-il ajouté. Dans la difficulté, des fois, on apprécie encore plus".