La Serbie a déjà atteint son objectif
Coupe du monde de la FIFA 2022™ mercredi, 30 mai 2018. 10:33 jeudi, 12 déc. 2024. 07:28BELGRADE, Serbie - La Serbie avance à pas de loup avant le Mondial 2018, son sélectionneur Mladen Krstajic estimant que la qualification est un succès en soi, près d'une décennie après la dernière participation serbe à une phase finale.
En 2010, un succès de prestige contre l'Allemagne (1-0) n'avait pas évité une élimination dès les phases de poules. Insuffisant pour effacer l'humiliation de la sélection serbo-monténégrine lors de l'édition précédente en 2006: trois défaites dont une déroute 6-0 face à l'Argentine, dix buts encaissés et deux marqués.
Depuis, pendant que le voisin et rival croate brillait, la Serbie sombrait. Ses meilleurs joueurs ne semblaient s'intéresser qu'à leur carrière en club à l'étranger, la sélection jouant des matches sans saveur dans des stades vides.
Aussi, dans un entretien à l'AFP, Krstajic, 44 ans, qui a vécu depuis le banc des remplaçants le calvaire de 2006, refuse de se laisser emporter par ce qu'il décrit comme l'ambiance « légèrement euphorique » qui s'est emparée de la Serbie à l'approche du premier match des « Aigles blancs » contre le Costa Rica le 17 juin. Surtout qu'il faudra ensuite affronter le géant brésilien et une solide équipe suisse.
« Ce n'est même pas la peine de commenter la sélection du Brésil: ils peuvent aligner deux équipes aussi bonnes l'une que l'autre », quand la Serbie dispose d'un réservoir de « 35 ou 40 joueurs », dit le sélectionneur, ancien défenseur du Werder Brême et de Schalke 04. « Mais on peut être heureux d'être dans le même groupe qu'une telle sélection au Mondial », poursuit-il.
« Cette génération qui partira en Russie donnera son maximum. Il faut voir les choses comme ça. Mais l'objectif a déjà été atteint: après une longue période, la Serbie retrouve une grande compétition », dit Mladen Krstajic.
S'il y a une tradition que la Serbie a respectée, c'est celle de la crise permanente. En octobre, au sortir de qualifications maîtrisées, avec une seule défaite en Irlande, le sélectionneur Slavoljub Muslin était limogé. Selon la presse serbe, il lui était reproché de ne pas laisser suffisamment la place aux jeunes.
Krstajic était son adjoint. Promu sélectionneur, il vit sa première expérience à la tête d'une équipe professionnelle et a choisi de ne pas faire table rase du passé. « Je pense que cette équipe a mérité » d'aller en Russie, « par son attitude durant les qualifications et au cours des deux dernières années », dit-il. « Je vais continuer dans la même direction, y ajouter quelques idées qui sont les miennes », a-t-il dit, expliquant vouloir « concocter un mélange d'expérience et de jeunesse ».
Bâtir un collectif
Les défenseurs vétérans Branislav Ivanovic, 34 ans, et Aleksandar Kolarov, 32 ans, sont toujours là. Le milieu Nemanja Matic, 29 ans, devrait être l'homme de base de l'équipe. Côté jeunesse, la Serbie a les yeux de Chimène pour le jeune prodige de la Lazio Rome, Sergej Milinkovic-Savic, 23 ans. Muslin a d'ailleurs notamment payé de ne pas en avoir fait un titulaire.
Mais Krstajic est bien placé pour savoir que la qualité ne suffit pas. Pour aller loin, il faut bâtir un groupe cohérent, souvent le talon d'Achille du football yougoslave puis serbe.
Au Mondial de 2006, « nous avions vraiment une bonne équipe, mais ça n'avait pas fonctionné comme il faut, je vais essayer de tout faire pour que l'esprit collectif et l'ambiance priment dans l'équipe «, dit Krstajic. Il y avait alors aussi des noms prestigieux dans cette équipe transparente: Nemanja Vidic ou Mateja Kezman.
Après son premier match, une défaite en amical contre le Maroc (1-2), Krstajic a été dans son pays la cible de critiques qui se sont apaisées après une victoire rassurante contre le Nigeria (2-0).
« Je ressens un trac positif », dit le sélectionneur qui espère toujours récupérer le défenseur Matija Nastasic blessé au genou droit en avril avec son club de Schalke 04.