RIO DE JANEIRO - Lionel Messi, décevant et inefficace en finale du Mondial 2014, n'a pas réussi à égaler la légende argentine Diego Maradona mais quitte le Brésil, certes avec le titre de meilleur joueur, sur une énorme désillusion après la défaite contre l'Allemagne (1-0 a.p.), dimanche à Rio.

Le dénouement est cruel pour le quadruple Ballon d'Or, qui a échoué in extremis dans sa quête du seul trophée qui manque à son palmarès exceptionnel (3 Ligue des champions, 2 Coupes du monde des clubs, 2 Supercoupes d'Europe, 6 championnats, 5 Supercoupes d'Espagne, 2 Coupes).

Messi n'a que 27 ans et l'occasion se présentera peut-être de nouveau dans quatre ans en Russie. Mais celle-ci était trop belle pour être gâchée comme elle l'a été par le N.10 argentin. Après une entame de tournoi en fanfare (4 buts au 1er tour), Messi est tombé de haut, victime d'une défense allemande en fer forgé et d'un milieu de terrain qui l'a pris en tenaille du début à la fin de la rencontre.

Pour les Argentins, Maradona restera donc encore comme le dernier capitaine à avoir brandi la Coupe du monde, en 1986 au Mexique, et l'idole absolu. Messi est lui vénéré au FC Barcelone mais il devra monter sur le toit du monde avant de pouvoir rivaliser dans le coeur de ses compatriotes avec le mythique « Pibe de oro ».

Toutes les conditions étaient pourtant réunies au Brésil pour faire de Messi le digne héritier de Maradona. Pour une fois, le génie argentin avait eu les pleins pouvoirs en sélection. Détenteur du brassard depuis 2011, quelques semaines seulement après la prise de fonctions d'Alejandro Sabella à la tête de l'équipe nationale, il disposait enfin d'une équipe entièrement dévouée à son service après avoir raté ses deux premiers Mondiaux en 2006 et 2010 sur un plan personnel.

Certes, le malentendu entre le natif de Rosario et son pays, qu'il a quitté dès l'âge de 13 ans pour rejoindre le FC Barcelone, est en train de se dissiper mais il lui manque toujours une marche, la plus haute, à gravir pour arriver à la hauteur de l'icône Maradona.

Accélération supersonique

L'histoire aurait pu tourner différemment s'il avait converti cette occasion en or en début de seconde période (47e) mais cette action aura été à l'image de sa finale.

Après avoir débuté le match assez timidement, "La Pulga" est certes monté progressivement en température. Mais il n'était pas évident pour le joueur du Barça, habitué à évoluer dans un club qui a fait de la possession de balle son mantra, de se distinguer au sein d'une formation dominée dans ce domaine et de trouver des espaces pour s'exprimer.

Après une combinaison ratée avec Ezequiel Lavezzi (6e), il a tout de même fait parler une première fois la poudre sur une énorme accélération qui a laissé sur place Mats Hummels mais son centre en retrait a trouvé Bastian Schweinsteiger sur sa trajectoire (8e).

Globalement, Lavezzi, l'un des Argentins les plus remuants avant sa sortie à la pause, a été celui avec lequel Messi s'est le mieux entendu d'un point de vue technique. L'Argentine a même cru avoir ouvert le score à la demi-heure de jeu par Gonzalo Higuain sur un centre de l'attaquant parisien, merveilleusement décalé par le N.10 albiceleste. Un but annulé pour hors-jeu.

La foudre a encore failli s'abattre sur les Allemands sur une autre accélération supersonique mais c'est cette fois Jerome Boateng qui veillait au grain (40e). Même sa "spéciale", cette frappe enroulée dont il a le secret, ne lui a pas souri (74e).

Messi ne brandira donc pas la coupe tant convoitée et quitte la scène brésilienne sur une bien triste note. Pour l'instant, Maradona n'a pas trouvé son successeur.

Des festivités qui tournent mal

La police antiémeute a utilisé du gaz lacrymogène et des balles de caoutchouc tard dimanche afin de maîtriser un groupe qui a troublé les festivités à la suite de la belle performance de l'Argentine dans une défaite de 1-0 contre l'Allemagne en finale de la Coupe du monde de football, dimanche.

Des parents avec des jeunes enfants fuyaient les rues après que la police, qui était présente depuis le début de la soirée alors que les partisans célébraient au centre-ville de Buenos Aires, eut commencé à pourchasser les voyous sur des motocyclettes. Les jeunes, dont plusieurs étaient masqués et consommaient beaucoup d'alcool, ont répliqué en lançant des pierres, détruisant les vitrines des magasins et entrant même par effraction dans un théâtre.

La police a indiqué que 15 agents avaient été blessés et au moins 40 personnes ont été arrêtées.

Cette situation chaotique a assombri une célébration spontanée jusque-là pacifique en appui à l'équipe nationale de football de l'Argentine, qui participait à la finale du Mondial pour une première fois en 24 ans.

Des milliers de partisans portant le bleu-et-blanc argentin avaient envahi le centre-ville de Buenos Aires, entourant l'Obélisque iconique de la ville qui est habituellement le lieu de célébration des victoires de l'Argentine, et non des défaites.

Le bruit des klaxons des voitures, des pétards lancés dans les airs et des chants des partisans de tous les âges se sont fait entendre et les larmes étaient peu nombreuses sur les visages.

« Nous ne pouvons rien nous reprocher, nous avons offert une performance de première classe », a dit Horacio Laseiras, 53 ans, tout en transportant sa fille de six ans sur ses épaules.

L'Argentine, deux fois championne du Mondial, était négligée avant la rencontre après avoir vu l'Allemagne humilier le Brésil en demi-finale avec une victoire de 7-1. Malgré les reproches sur la qualité de son jeu plus tôt dans le tournoi, le capitaine argentin Lionel Messi a fait preuve de caractère tout au long de la rencontre, provoquant plusieurs occasions de marquer pendant les 90 premières minutes.

À travers les nombreux témoignages de gratitude, on pouvait tout de même ressentir une certaine frustration envers Messi, quatre fois joueurs de l'année selon la FIFA.

« Messi n'est toujours pas Maradona », a dit Eduardo Rodriguez, 31 ans, en faisant référence à Diego Maradona, qui a soulevé le prestigieux trophée pour l'Argentine en 1986 avant de guider "l'Albiceleste" vers une autre finale en 1990, contre l'Allemagne. « Mais nous sommes ici pour fêter. Nous sommes tous fiers de nos guerriers. »