BERLIN - Du haut de son mètre 93 et avec ses épaules de déménageur, Manuel Neuer est le portier indiscutable de l'Allemagne, une forteresse sur laquelle compte tout un pays pour la campagne mondiale au Brésil.

Pas étonnant qu'outre-Rhin, tout le monde s'inquiète sur l'état de l'épaule droite du « grand Manu », meurtrie le 17 mai lors de la conquête de la Coupe d'Allemagne avec le Bayern, géant avec lequel il est lié jusqu'en 2019!

C'est simple, le gardien (28 ans, 45 sélections) a tout pour lui : il est grand, il est fort sur sa ligne et s'est amélioré dans les airs, a des réflexes de félin... Et il sent également très bien le jeu, n'hésitant pas à sortir de sa surface pour aller au contact, même si ce côté joueur peut lui réserver parfois de mauvaises surprises.

On peut même se demander s'il n'est pas bionique en voyant ses relances à la main qui tutoient presque la surface adverse mais son jeu au pied qui lui a permis de signer quelques passes décisives comme celle pour Miroslav Klose face à l'Angleterre (4-1) au Mondial 2010.

Avec le doublé Coupe-championnat cette saison, durant laquelle il a rendu une copie sans tache à 25 reprises, Neuer a déjà tout remporté en club (huit trophées). Mais toujours rien avec l'équipe nationale où le champion d'Europe 2009 Espoirs a décroché le statut de no 1 grâce à un concours de circonstances.

Robert Enke, la doublure de Lehmann durant l'Euro 2008 et candidat logique à sa succession, mit fin à ses jours, puis René Adler, très en vue lors des qualifications pour le Mondial 2010, se fractura une côte quelques semaines avant le tournoi.

Löw y croit

La défaite en demi-finale de l'Euro 2012 contre l'Italie (2-1) a considérablement terni l'aura de Joachim Löw, mais le sélectionneur allemand garde confiance dans les chances de son équipe de remporter le Mondial 2014 au Brésil.

« Le titre est notre objectif », assène à chaque entrevue le technicien, et encore tout récemment dans un entretien à l'agence sportive allemande SID, filiale de l'AFP.

Un refrain connu pour l'Allemagne, à la recherche d'un titre depuis l'Euro 1996, mais qui finit par s'user à mesure qu'elle collectionne les places d'honneur: finaliste au Mondial 2002, troisième en 2006 et 2010, sans oublier la finale perdue à l'Euro 2008.

Cette année, l'enthousiasme, qui entourait la Mannschaft à la veille de chacune des dernières grandes compétitions, est en berne, avec seulement 6 % des Allemands qui croient à un quatrième sacre mondial, selon un récent sondage. C'est six fois moins qu'il y a quatre ans!

Il est vrai que ce ne sont pas les raisons de douter qui manquent, malgré un parcours une nouvelle fois sans tâche en éliminatoires : 9 victoires et un nul rocambolesque (4-4) concédé face à la Suède à Berlin, après avoir mené (4-0).

L'état de santé ou le niveau de performance moyen de certains cadres (Özil, Schweinsteiger, Khedira, Götze, Klose) sont des facteurs d'incertitude importants.

À cela s'ajoute l'impression que l'équipe stagne. À un haut niveau, certes, mais sans aucun indice laissant penser qu'elle ait progressé sur ses points faibles, à commencer par la défense, ou qu'elle ait acquis ce petit supplément qui lui permettrait de franchir le dernier palier.

Un nouvel échec dans la conquête d'un trophée, en dépit du niveau très élevé de la concurrence, relancerait les doutes sur la capacité du technicien de 54 ans à tirer le maximum d'un effectif pourtant pétri de talent.

Aucune lassitude

Présent sur le banc de la Mannschaft depuis 2006, d'abord comme adjoint de Jürgen Klinsmann, puis comme « titulaire », il est l'un des plus anciens sélectionneurs en compétition au Brésil.

Avec 2,21 points de moyenne par match, il affiche le bilan le plus favorable pour un sélectionneur allemand, avec 70 victoires, 18 nuls et 15 défaites en 103 matchs.

Il assure ne ressentir aucune lassitude et même éprouver « une plus grande impatience (de débuter le Mondial 2014) qu'en 2010 ou qu'à l'Euro 2012 ».

« J'ai une tâche magnifique et importante à accomplir, qui me fait toujours autant plaisir », a-t-il encore assuré au SID.

Fort d'une prolongation de son contrat au-delà de l'échéance brésilienne, jusqu'en 2016, signée dès octobre dernier, il est convaincu du « soutien total (des autorités du soccer allemand) et je pars donc du principe pour le moment, que nous poursuivrons, si tout se passe comme on le prévoit, notre mission jusqu'en 2016. »

Mais « je sais naturellement qu'un sélectionneur est jugé sur ce qui se passe au cours du tournoi », a-t-il toutefois reconnu, ne pouvant exclure un départ cet été en cas de contre-performance au Brésil.

« Après la Coupe du monde, notre équipe de la direction sportive s'assiéra certainement autour d'une table avec les responsables (de la fédération) et nous analyserons tranquillement le tournoi », prévoit-il.

Fiche de l'Allemagne :

Palmarès

Coupe du monde : Vainqueur en 1954, 1974, 1990, finaliste en 1966, 1982, 1986, 2002, 18e participation

Championnat d'Europe : Vainqueur en 1972, 1980, 1996, finaliste en 1976, 1992, 2008.

Jeux olympiques : 3e en 1988

Classement FIFA (au 8 mai 2014) : 2e

Sélectionneur : Joachim Löw (depuis 2006)

Principaux clubs : Bayern Munich, Dortmund, Schalke, Wolfsburg, Mönchengladbach

Joueurs vedettes : Philipp Lahm, Bastian Schweinsteiger, Mesut Özil, Sami Khedira

Parcours en qualifications : 1er du groupe C de la zone Europe (9 v, 1n)

Équipe-type : Neuer - Lahm, Hummels, J. Boateng, Schmelzer - Khedira, Schweinsteiger - Müller, Özil, Reus - Klose