Suivez le match entre le Canada et la Jamaïque sur les ondes de RDS et RDS Direct.

Il y a une certaine contradiction dans le discours des joueurs et de l’entraîneur de l’équipe canadienne masculine de soccer.

D’un côté, on répète que le travail n’est pas terminé et qu’il faudra se battre face à la Jamaïque, cet après-midi à Toronto. De l’autre, on anticipe tout un party au BMO Field, quand la place à la prochaine Coupe du monde sera assurée.

Stephen Eustáquio avait d’ailleurs un message bien simple pour les partisans canadiens : « Soyez prêts à être au Qatar. »

Difficile de rester humbles après tout quand on regarde le chemin de cette équipe depuis un an. Des victoires historiques contre le Mexique et au Honduras. Un parcours sans défaite dans l’octogonale jusqu’à jeudi dernier, lorsque la troupe unifoliée a bien failli aller chercher sa qualification à 10 contre 11 au Costa Rica. Mais surtout, le premier rang des qualifications.

Pas surprenant que ce même Eustáquio mentionne ce que plusieurs de ses coéquipiers réitèrent depuis des mois : « Je crois que nous sommes la meilleure équipe de la CONCACAF. »

***

J’ai eu le privilège d’assister, sur le terrain, aux victoires contre le Mexique à Edmonton et contre les États-Unis à Hamilton.

Quand les joueurs vous disent que l’ambiance était électrique, ils ne mentent pas!

Il y avait une folie dans l’air. La sensation de faire partie de quelque chose de plus grand que soi. Un exploit dont se souviendront les générations futures. Le point de départ, du côté masculin, d’une nouvelle histoire. Celle dans laquelle le Canada est maintenant un pays de soccer.

Ç’a d’ailleurs été l’objectif de l’entraîneur-chef John Herdman dès le jour 1 de ce cycle de Coupe du monde. Ses hommes ne sont maintenant plus qu’à 90 minutes d’atteindre un but qui semblait il n’y a pas si longtemps, n’être qu’un rêve fou.

L’équipe canadienne a souvent fait référence aux «dieux du soccer» dernièrement. Ce sont ces dieux qui ont voulu que le ballon frappe deux fois le poteau jeudi, sans jamais pénétrer dans les filets du Costa Rica. Ces forces cosmiques qui après 17 matchs sans défaite, ont préféré que la sélection nationale assure sa qualification devant les siens.

Eh bien, ces mêmes dieux ont aussi décidé que le printemps prenait une pause et que le soccer au Canada, ça se jouait dans le froid glacial!

Il a neigé cette nuit à Toronto et la température ressentie au coup d’envoi devrait être de moins 10 degrés Celsius.

Ça n’empêchera certainement pas Alistair Johnston de disputer la rencontre en manches courtes, comme il l’a fait face aux États-Unis et au Mexique! « J’espère pour les Jamaïcains qu’ils ont amené leurs manches longues dans leur valise » a même ajouté le défenseur du CF Montréal, visiblement amusé par la météo hivernale.

***

Depuis quelques mois, j’ai été à même d’observer en personne la volonté de ce groupe. Le désir de tout donner pour celui qui joue à nos côtés.

Ça crève l’écran aussi pour ceux et celles qui ont suivi leurs exploits à distance.

Personne ne se plaint de son temps d’utilisation, ou jalouse un coéquipier qui obtient plus d’occasions. Tous sont unis pour un objectif commun.

Le terme « famille » est souvent galvaudé quand on parle d’une équipe sportive, mais force est d’admettre qu’il est totalement approprié pour ces compatriotes.

Eustáquio a parfaitement imagé l’esprit qui règne au sein de la sélection quand il a dit après avoir ricané un peu : « Je vais inviter tous mes coéquipiers à mon mariage un jour. Nous nous aimons à ce point. »

Un des frères de la famille a passé de mauvaises nuits dernièrement. Mark-Anthony Kaye a été victime de harcèlement en ligne et d’attaques racistes, après le carton rouge qu’il a obtenu au Costa Rica jeudi dernier. Des commentaires inacceptables qui l’ont affecté, c’est bien normal. Après tout, comme l’a fait remarquer Johnston : « Les gens doivent comprendre que nous sommes des êtres humains. Nous ne sommes pas que des robots qui jouent au soccer. »

Johnston ajoute que Mark-Anthony est une personne incroyable, qui a pris tout le blâme pour la défaite et qui s’est excusé à ses coéquipiers à la mi-temps.

Personne dans le vestiaire ne lui en veut. Tous le soutiennent et ont à coeur de le soulager en lui offrant la qualification cet après-midi.

Bref, une motivation de plus pour une équipe déjà gonflée à bloc.