PARIS - Leader moral et technique de sa sélection, le capitaine Javad Nekounam va guider l'Iran lors de la quatrième Coupe du monde de son histoire, un tournoi brésilien qui a déjà des allures de mission impossible.

Au-delà d'une préparation rendue difficile par les sanctions internationales sur le programme nucléaire iranien ou par le contentieux avec son équipementier (Uhlsport), la « Team Melli » tremble surtout à l'idée de se frotter dans le groupe F à l'Argentine de Messi, au Nigeria, champion d'Afrique, et à la Bosnie.

Dans ces conditions, l'expérience de Nekounam (33 ans) ne sera pas de trop pour éviter un terrible fiasco à l'équipe dirigée par Carlos Queiroz. Même si le Portugais a ouvert en grand les portes de l'équipe aux bi-nationaux, les six années passées en Europe par le milieu de terrain seront plus que précieuses.

C'est en Espagne, à Osasuna (2006-2012), que Nekounam a en effet gagné ses galons de taulier de la sélection, mettant rapidement dans sa poche des fans d'abord incrédules mais très vite séduits par ses qualités techniques indéniables.

Sentinelle devant la défense, l'Iranien, qui évolue depuis janvier au Koweit, est bien plus que le patron de l'entre-jeu. Il sait se muer en buteur quand il le faut grâce à sa belle frappe, son art des coups de pied arrêtés et son jeu de tête. Avec six réalisations, il est d'ailleurs devenu le meilleur buteur de sa formation au cours des qualifications de la zone Asie.

Geste politique

Mais Nekounam doit également sa popularité en Iran à un geste d'une portée symbolique et politique. Le 17 juin 2009 à Séoul, il n'a pas hésité, avec d'autres joueurs, à porter un brassard vert pour afficher son soutien à la candidature du modéré Mir Hossein Moussavi au scrutin présidentiel au moment où des dizaines de milliers d'Iraniens manifestaient pour protester contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad sur fond de fraudes.

En 2013, sous la pression de la Fédération iranienne, il avait également refusé une offre lucrative du club émirati de Sharjah au motif que le championnat des Émirats arabes unis porte le nom de Ligue du golfe arabique, un terme inconcevable pour les Iraniens, fermement attachés à l'appellation « Golfe Persique » reconnue par l'Onu.

« L'argent n'a aucune valeur comparé au nom de ma patrie. Personne ne m'a forcé à refuser cette proposition, je l'ai fait moi-même », avait-il expliqué à l'époque à la télévision d'État.

Autant d'actes forts de nature à renforcer l'aura du capitaine dans un pays mordu de football et qui espère ne pas subir de déculottées au Brésil malgré un tirage plus que périlleux. Pour Nekounam, qui prendra part à sa 2e phase finale après celle de 2006 en Allemagne (2 défaites, 1 nul), et ses coéquipiers, ce serait déjà une immense victoire.

« Nous sommes venus à bout d'une campagne de qualification très dure. On sait que ce ne sera pas facile au Brésil mais nous avons les qualités pour rendre notre pays fier », a-t-il déclaré en avril. Paroles de capitaine.

La fiche de l'Iran :

Palmarès

Coupe du monde : 4e participation (1978, 1998, 2006)

Coupe d'Asie des nations : vainqueur (1968, 1972, 1976)

Jeux olympiques : quart de finaliste (1976)

Classement FIFA (au 8 mai 2014) : 37e

Sélectionneur : Carlos Queiroz (POR) (depuis 2011)

Principaux clubs : Persepolis, Esteghlal, Sepahan

Joueurs vedettes : Javad Nekounam, Andranik Teymourian, Reza Ghoochannejhad

Parcours en qualifications : 1er du groupe 1 de la zone asiatique (Iran, Corée du sud, Ouzbékistan, Qatar, Liban)

Équipe type : Davari - Heidari, Hosseini, Montazeri, Beykzadeh (ou Beitashour) - Dejagah, Nekounam, Teymourian, Shojaei - Ansarifard (ou Khalatbari), Ghoochannejhad