« Je suis content d’avoir eu l’heure juste »
Soccer mercredi, 31 janv. 2018. 08:09 jeudi, 12 déc. 2024. 07:52MONTRÉAL – À cette période de l’année, Maxime Crépeau a l’habitude d’être en Floride, sous un ciel aussi bleu que son uniforme. Depuis deux jours, il se trouve plutôt sous un dôme, à Ottawa, dans un nouveau maillot auquel il s’habitue beaucoup plus vite qu’on pourrait le penser.
Loin de tout le remue-ménage qui a secoué l’Impact de Montréal au cours des dernières semaines, le jeune gardien de 23 ans se prépare sans amertume pour sa première saison avec le Fury FC d’Ottawa, heureux de finalement savoir ce qui l’attend.
À lire également
Bien avant que l’Impact annonce l’arrivée de trois nouveaux gardiens dans ses rangs, Crépeau avait demandé et obtenu une rencontre avec le nouvel entraîneur Rémi Garde afin de connaître ses intentions et, surtout, lui faire part de ses propres ambitions. Les deux visions se sont avérées incompatibles.
Crépeau voulait jouer. Garde ne pouvait le satisfaire. Deux heures plus tard, le joueur était dans le bureau du directeur technique Adam Braz pour demander un échange. Selon Crépeau, l’équipe a reçu quelques offres pour ses services avant de finalement juger que la meilleure option était un prêt vers son club partenaire en USL.
Après cinq années de services auprès de la première équipe de l’Impact, dont la dernière passée exclusivement en MLS, Crépeau doit faire un pas en arrière et retourner dans une ligue de calibre inférieur. Mais le scénario ne le choque pas.
« Je ne suis pas déçu, assure-t-il en entrevue à RDS. Si on ne me voyait pas là, il y a une raison, mais je ne m’acharne pas à 100 % là-dessus. Je suis content d’avoir eu l’heure juste plutôt que de m’être présenté à un camp d’entraînement où le coach ne m’a pas dans sa mire et où je crois me battre pour un poste alors qu’en réalité, c’est davantage une "perte de temps", si je peux me permettre. Rémi a été vraiment honnête là-dedans et moi, ça me va. Dès la seconde où on me donne l’heure juste, je dis "merci beaucoup" et je suis très heureux. »
Crépeau a profité de la semaine qui a suivi sa rencontre avec Braz pour faire son deuil du maillot bleu-blanc-noir qu’il a porté si fièrement depuis son entrée à l’Académie, au début de l’adolescence. Puis ses pensées ont migré vers les opportunités qui allaient bientôt se présenter à lui. Après avoir dû se contenter de trois départs en 2017 derrière Evan Bush, il aura maintenant la chance de s’installer entre les poteaux avec plus de régularité.
« J’avais absolument besoin d’une alternative, dit-il pour justifier son choix. Je devais jouer et ramasser des minutes. C’est comme ça qu’on progresse. »
Une page blanche
Crépeau sait qu’il n’aura pas nécessairement le champ libre à Ottawa. Callum Irving, l’autre cerbère ottavien, n’a pas cédé sa place une seule fois la saison dernière, étant titularisé dans les 32 matchs des siens. Et à 24 ans, son plan de carrière n’est pas différent de celui de son nouveau coéquipier.
Le joker dans le jeu du Québécois est l’arrivée d’un nouveau personnel d’entraîneurs chez le Fury FC. Après avoir remplacé le démissionnaire Paul Dalglish au milieu de la saison 2017, Julian De Guzman a été promu au poste de directeur général et a embauché Nikola Popovic pour prendre la barre de l’équipe. Popovic arrive du club réserve du Sporting Kansas City, où il a notamment travaillé avec l’ancien entraîneur de l’Impact Marc Dos Santos.
Crépeau retrouvera aussi à Ottawa un ancien mentor. Youssef Dahha, qui a supervisé la progression des gardiens de l’Impact pendant treize ans avant d’être éjecté du staff de Mauro Biello l’an dernier, vient lui aussi de se trouver du boulot dans la capitale canadienne.
« La page est blanche pour tout le monde, note celui qui a troqué son numéro 40 pour le 16. Maintenant, tout le monde va se battre pour son poste. Peu importe le nom, peu importe le nombre de matchs. Franchement, c’est un nouveau départ pour tous. »
« Moi et [Callum], on a déjà eu des camps de l’équipe nationale ensemble, avec les moins de 20 ans et chez les seniors. On s’entend super bien. C’est quelqu’un de très positif, qui a toujours le sourire et une très bonne mentalité au travail. On est des professionnels et on sait comment séparer l’aspect "business" du terrain et ce qui se passe à l’extérieur. Ce sera une compétition saine et si les deux gardiens se poussent mutuellement, ça peut juste être bon pour le groupe. »
Crépeau se prépare à écouler la dernière année du contrat (auquel est aussi rattachée une option pour 2019) qui le lie à l’Impact. Techniquement, il fait donc encore partie de la famille. « En cas de détresse, si tous les gars se blessaient à Montréal, je pourrais revenir », dit-il. Mais pour l’instant, Montréal n’est plus dans ses pensées.
Sa conjointe viendra bientôt le rejoindre dans leur nouvel appartement, de l’autre côté de la rivière des Outaouais. En attendant, il renoue avec vieux complice Maxim Tissot, qui a décidé de rentrer au bercail après avoir aidé les Deltas de San Francisco dans leur conquête du championnat de la NASL.
Bon joueur, il souhaite la meilleure des chances aux amis qui ont pris sa place et aux entraîneurs qui n’ont pas voulu de lui. Entretenir de la rancœur, surtout envers des gens qu’il risque de revoir, ne le mènerait nulle part.
« C’est une année de transition pour moi. Mon objectif est de bien faire cette année et d’acquérir. Après, on verra où on en sera rendu, mais pour l’instant je n’y pense pas trop. »