DORTMUND (AFP) - Le sélectionneur allemand Jürgen Klinsmann a perdu son pari de mener au titre mondial une équipe jeune, enthousiaste et portée vers l'offensive, mais le parcours de ses joueurs lors du Mondial-2006 de soccer pourrait achever de le convaincre de rester à son poste.

Dès avant la demi-finale perdue contre l'Italie, à Dortmund, la majorité des responsables de la Fédération avaient fait des appels du pied, lui donnant comme nouvel objectif l'Euro-2008 en Suisse et en Autriche.

Car l'Allemagne, si elle s'est beaucoup cherchée avant "son" Mondial, s'est révélée une machine terriblement efficace pendant la compétition (quatre victoires d'affilée en phase finale suivies d'une qualification aux tirs au but) qui donne d'énormes espoirs pour la suite. En attaque, elle a aussi confirmé la classe de Miroslav Klose (28 ans) et révélé Lukas Podolski (21 ans).

Philosophie

Outre son bilan globalement positif (33 matches, 20 victoires, 7 nuls et 6 défaites), la Mannschaft version "Klinsi" a surtout fait jubiler 82 millions de supporteurs. Grâce à Klinsmann, les Allemands, encore torturés par leur passé, ont chanté l'hymne national et brandi des millions de drapeaux noir-rouge-or sans arrières-pensées.

Loué pour sa troisième place à la Coupe des confédérations puis cloué au pilori en mars après l'humiliation de Florence (4-1 contre l'Italie en match amical), Klinsmann, qui garde le sourire en toutes circonstances, a toujours cru en son équipe et en ses possibilités.

Succédant à Rudi Völler après la débâcle de l'Euro-2004, Klinsmann avait placé la barre haut dès le départ: remporter un quatrième titre, sur son sol, au Mondial-2006.
L'expatrié, adepte des méthodes de management à l'américaine, a très tôt imposé son style et sa garde rapprochée: un adjoint (Joachim Löw) sans grand palmarès, son ancien coéquipier Oliver Bierhoff comme manageur national, l'installation du camp de base à Berlin, sans compter les préparateurs physiques venus des Etats-Unis et un psychologue.

Dans la sélection, il a confié le capitanat au meneur de jeu Michael Ballack plutôt qu'au gardien Oliver Kahn, et instauré une "rotation" entre les deux portiers, Kahn et Jens Lehmann. Il a également fait appel à de nombreux jeunes (12 premières capes), des expériences parfois sans lendemain.

L'ancien attaquant (108 sélections) a surtout rompu avec les standards du soccer allemand des joueurs physiques et du jeu sans imagination, en redonnant ses lettres de noblesse au jeu d'attaque.

"Notre philosophie est de jouer vers l'avant, et le plus rapidement possible vers l'avant", dit-il. Pour Ballack, qui a su se transcender cet été, l'important c'est "de marquer un but de plus que nos adversaires".

Solidarité

Côté défense, le champion du monde 1990 et d'Europe 1996 a beaucoup tenté, et la greffe a pris juste avant le Mondial.

A 22 ans, Philipp Lahm a prouvé qu'il était l'un des meilleurs latéraux gauches du monde. En charnière centrale, Per Mertesacker (21 ans) et Christoph Metzelder (25 ans) ont pris une nouvelle dimension. Ils ont bénéficié de l'esprit de solidarité de l'équipe allemande, et du travail de Torsten Frings. Le milieu récupérateur, suspendu, aura d'ailleurs beaucoup manqué face aux Italiens.

Le contrat du sélectionneur, âgé de 41 ans, se termine à la fin du Mondial. La Fédération allemande lui a donné jusqu'au 16 août, date du match amical contre la Suède, pour annoncer sa décision. Klinsmann a toujours dit qu'il prendrait le temps de discuter avec sa famille, qui vit aux Etats-Unis, pour décider de son avenir.

"Nous verrons ce qu'il arrivera après le tournoi, avait-il dit avant la demi-finale. On s'assoiera devant un café, et on analysera les choses dans le calme".