BUENOS AIRES - Le recordman des victoires en Copa Libertadores (la Ligue des champions de l'Amérique du sud), Independiente, est sur le point d'être relégué en 2e division argentine, un drame pour un club qui a révélé Sergio Agüero, Esteban Cambiasso ou Diego Forlan.

La 17e journée pourrait être fatale à Independiente. Dimanche, les Diablos Rojos (diables rouges, ndlr) se déplacent au Monumental, le stade de River Plate (le club de David Trezeguet), autre grand d'Argentine condamné au purgatoire durant la saison 2011/2012, et actuel deuxième du championnat.

Par crainte de débordements des supporteurs, le match initialement prévu à 21h00 a été avancé à 14h00 et placé sous haute protection policière.

Les deux dernières semaines ont été rythmées par les incidents, menaces et accusations de match truqué.

Javier Cantero, qui restera dans l'histoire d'Independiente comme le président de la descente, a accusé le rival historique du Racing Club d'Avellaneda d'avoir "touché de l'argent pour perdre", le week-end dernier contre Quilmès (1-0), un autre mal classé, une rencontre émaillée de soupçons qui a précipité Independiente dans les profondeurs du classement.

Quelques jours avant, les ultras du Racing, menaces à la clé, avaient sommé leurs joueurs de perdre contre Quilmès. Au lendemain du match controversé, en représailles, le siège du Racing a été attaqué à coup de cocktails Molotov.

Independiente a perdu son lustre d'antan mais reste un des cinq clubs les plus populaires du pays, avec Boca Juniors, River Plate, le Racing et San Lorenzo.

Passions et haines

Son âge d'or remonte à la période 1964-1984. Deux Coupes intercontinentales (1973 contre la Juventus et 1984 contre Liverpool), 7 Coupes Libertadores, 14 titres nationaux ornent la salle des trophées du club d'Avellaneda, une banlieue sud de Buenos Aires d'1 million d'habitants.

Outre Forlan (ex-Manchester United et Atletico Madrid), Agüero (Manchester City), Cambiasso (Inter Milan), Independiente a aussi compté dans ses rangs Jorge Burruchaga (champion du monde 1986), Gabriel Milito (ex-Barcelone) et l'emblématique meneur de jeu Ricardo Bochini, 638 matches au compteur de 1972 à 1991, que Diego Maradona décrit comme son idole et inspirateur.

L'astronaute américain Neil Armstrong, décédé en août 2012, comptait parmi les supporteurs de renom d'Independiente. Lors d'un voyage en Argentine, il avait confié avoir emmené un fanion du club argentin pendant l'expédition qui l'avait conduit sur la Lune, en 1969.

Hommage aux titres sud-américains, Independiente a rebaptisé son stade de 32.000 places "Libertadores de América". A 500 mètres de là, se dresse le stade du rival Racing Club d'Avellaneda de Lisandro Lopez (Lyon) et Diego Milito (Inter Milan). Le derby Independiente-Racing est un des sommets du championnat, un festival de passions et de haine réciproque entre les ultras des deux clubs voisins.

Sur des affichettes, des supporteurs du Racing chambraient ceux d'Independiente: "Voyez le côté positif, vous allez voir du pays", référence aux clubs de petites villes alignés en 2e division.

Même si Independiente gagne ses trois derniers matches, il faudrait un miracle pour éviter la première relégation du club fondé en 1908. "Je préfère qu'Independiente se sauve que gagner le Mondial", a récemment déclaré Sergio Agüero, lancé par Independiente à l'âge de 15 ans.

"Les grandes équipes, avec autant d'histoire, ne devraient pas descendre", suggère l'ancien monégasque Ramon Diaz, l'entraîneur le plus titré de River Plate, dont les joueurs pourraient devenir les bourreaux d'Independiente dimanche.