BERLIN (AFP) - Entre un Zidane, libéré de toute pression, qui s'offre une finale en guise d'adieux et un Ronaldinho invisible, en passant par un Rooney qui voit rouge ou un Cannavaro intraitable, les fortes individualités n'auront pas toutes été logées à la même enseigne au Mondial-2006 de football.

Avec force arabesques et passements de jambes, Ronaldinho, champion du monde en titre et tout frais champion d'Europe avec le FC Barcelone, devait être la vedette du Mondial en Allemagne. Mais il n'en fut rien: noyé dans un "carré magique" - avec Ronaldo, Adriano et Kaka - qui a loupé ses tours, le Brésilien Ballon d'or 2005, 26 ans, est passé à côté.

C'est finalement l'aîné, Zinédine Zidane, 34 ans, autre manieur de ballons prompt à rendre chèvre les défenseurs, qui a donné la leçon. Monté progressivement en puissance, le Français, huit ans après avoir déjà écoeuré le Brésil en finale du Mondial-98, a récidivé en quart de finale à Francfort.

Le N.10 a réalisé contre la Seleçao un des meilleurs matches de sa carrière, affichant une maîtrise technique exceptionnelle et insolente de facilité. Et le tout sans se départir d'un sourire qu'on ne lui connaissait pas.

Exemplaire

"Zizou" prendra peut-être sa retraite sur une victoire en Coupe du monde en cas de victoire face à l'Italie en finale, dimanche à Berlin. L'idole des supporteurs français, "l'homme le plus cool de la planète" pour le New York Times, ne peut rêver plus beau départ.

Dans le sillage du capitaine, d'autres Bleus se sont sentis pousser des ailes, à l'image de Lilian Thuram, infranchissable face au Portugal en demi-finale, ou du duo de récupérateurs Claude Makelele-Patrick Vieira. Quant à Franck Ribéry, petite merveille d'explosivité, il ne pouvait avoir meilleur apprentissage, aux côtés du maître.

A 32 ans, le capitaine italien Fabio Cannavaro a lui aussi été le moteur de son équipe. Si sa personnalité ne fait pas toujours l'unanimité - entre provocations et soutien au sulfureux Luciano Moggi -, le défenseur central a été exemplaire au cours de l'épreuve.

Avec le gardien Gianluigi Buffon - ils sont les seuls joueurs italiens à avoir joué l'intégralité des six matches - et le latéral Gianluca Zambrotta, il a parfaitement ordonné une défense de fer (un seul but encaissé... contre son camp). Et, plus encore, au milieu de la tempête - affaires de corruption dans le Calcio, tentative de suicide de l'ancien international Gianluca Pessotto -, il a su fédérer ses troupes pour mener la Squadra Azzurra en finale.

Mais tous les joueurs n'ont pas été aussi inspirés avec le brassard. L'Anglais David Beckham, éliminé en quarts, a même décidé d'y renoncer. Malgré un pied droit toujours aussi précieux sur les coups de pied arrêtés, il a disputé un tournoi très moyen. Il a manqué de rythme et son influence a été restreinte sur le jeu.

L'attaquant Wayne Rooney, revenu in extremis de blessure pour participer au Mondial, devrait bientôt remplacer "Becks" dans le coeur des supporteurs anglais. Mais, en attendant, trop juste physiquement, il n'a pas marqué un but. Et il restera surtout de lui une image de gamin furieux d'être remplacé contre la Suède, puis exclu contre le Portugal pour avoir marché sur un adversaire.

Ricardo plus fort

Côté attaquant, plutôt que Michael Ballack, c'est le duo allemand Miroslav Klose-Lukas Podolski qui s'est mis en valeur. Le premier a des chances de terminer meilleur buteur (5 buts avant le match de la 3e place), le deuxième, 21 ans, de devenir le prochain grand attaquant de la Mannschaft.

Au cours de "son" Mondial, l'Allemagne a également trouvé en Philippe Lahm, 22 ans, un latéral gauche plein d'avenir, ainsi qu'en Jens Lehmann un gardien plein d'assurance, notamment lors de la séance des tirs au but face à l'Argentine (2 tirs arrêtés).

Dans cet exercice, le Portugais Ricardo a été encore plus fort face à l'Angleterre (3 tirs arrêtés ou repoussés). Son jeune coéquipier Cristiano Ronaldo s'est lui illustré par des accélérations dévastatrices. Reste désormais à ce dernier à se montrer moins personnel et à prendre exemple sur son capitaine Luis Figo, qui va tirer sa révérence après le match de la 3e place.

A défaut d'être allés très loin dans la compétition, d'autres milieux ou attaquants ont pris rendez-vous pour l'avenir, à l'image des Argentins Carlos Tevez, Lionel Messi et Maxi Rodriguez, des Espagnols Cesc Fabregas et Fernando Torres, ainsi que des Néerlandais Arjen Robben et Robin van Persie et du Suisse Tranquillo Barnetta.

Un jour, peut-être, l'un d'entre eux rejoindra le Brésilien Ronaldo dans l'histoire. En marquant 3 buts en Allemagne, il est devenu le meilleur buteur de l'épreuve (15 buts), dépassant l'Allemand Gerd Müller (14). Cela n'a toutefois pas suffi à la Seleçao pour s'en sortir. Signe d'ailleurs que rien n'allait vraiment comme d'habitude chez les Brésiliens, c'est un milieu défensif, Zé Roberto, qui aura été leur meilleur joueur au Mondial-2006.