SEEKIRCHEN AM WALLERSEE - Les Grecs semblaient à peine déçus dimanche, au lendemain de leur élimination de l'Euro-2008, comme si les champions en titre savaient cette sortie précoce inéluctable depuis le début du tournoi.

Alors que la versatile presse grecque lançait la curée dès le match terminé, en conférence de presse, le sélectionneur Otto Rehhagel rappelait que le sacre de 2004 était un "miracle", dont le propre est de ne pas se répéter: "C'est pour ça que cela s'appelle un miracle."

"Ce qui restera, c'est que la Grèce a été championne d'Europe en 2004", renchérit le milieu Georgios Karagounis.

La sortie de la Grèce ne remplira pas de tristesse ceux pour qui le sacre de 2004 reste une imposture, réussie par une équipe déterminée mais sans talent. "Les médias massacrent la Grèce pour son style de jeu. Cela montre que les gens ne se préoccupent pas uniquement du résultat. Ils aiment voir des équipes qui ont du style. Et ils ont raison", expliquait cette semaine le sélectionneur croate Slaven Bilic.

A l'image du gardien Antonis Nikopolidis, qui a ouvert le ban des héros de 2004 à annoncer leur retraite internationale, les joueurs grecs eux-mêmes acceptent leur sort sans barguigner.

"C'est dur de gagner un match de football quand vous ne marquez pas", explique ainsi le jeune attaquant Georgios Samaras, résumant les maux de son équipe.

"Défendre le drapeau grec"

En 2004, ils avaient surpris d'autres sélections meilleures qu'eux, le Portugal et l'Espagne, battu et tenu en échec. Mais ils avaient alors bénéficié d'ingrédients qui ont cette fois manqué contre la Suède puis la Russie: l'effet de surprise, l'intransigeance défensive et la chance.

Et pendant quatre ans, la Grèce n'a pas vu apparaître une génération spontanée de joueurs talentueux qui auraient pu compenser ces manques.

Aux Grecs qui lui reprochent son conservatisme et son absence de prise de risque, Rehhagel répond qu'il n'a pas le choix ("Nous ne croulons pas sous les options offensives") et assume ses décisions: "La Grèce a inventé la démocratie donc vous pouvez dire et écrire ce que vous voulez. Mais l'Allemagne est aussi une démocratie, donc je peux répondre ce que je veux". A 70 ans, l'Allemand, qui est sous contrat jusqu'en 2010, semble indéboulonnable. Sauf si lui-même en décidait autrement.

Le défenseur Yannis Goumas appelle désormais son équipe à "défendre le drapeau grec contre l'Espagne pour ne pas finir avec O point". Mais, comme ses coéquipiers, il rappelle que l'important, ce sont désormais les qualifications pour le Mondial-2010 à partir de l'automne.

Avec Israël et la Suisse comme principaux adversaires, participer à un deuxième Mondial après celui de 1994, semble accessible. Il s'agira alors de faire mieux qu'aux États-Unis, d'où les Grecs étaient rentrés avec trois défaites et dix buts encaissés pour aucun marqué...