VARSOVIE - Après bien des retards et tracas, Pologne et Ukraine lèvent enfin vendredi le rideau de leur Euro-2012, espérant que rien ne viendra troubler l'organisation d'un tournoi au casting de rêve, entre l'Espagne rêvant d'un triplé inédit et une Allemagne à l'aura de champion.

Le 18 avril 2007 une barre de soucis s'était gravée sur le front de Michel Platini quand il avait ouvert l'enveloppe contenant les noms de Pologne et Ukraine désignés organisateurs de l'Euro-2012.

Contrairement à une idée reçue, l'ancien capitaine des Bleus n'est pas à l'origine de cette ouverture historique vers l'Est. Il fallait plutôt y décrypter un vote de défiance de certains membres du comité exécutif de l'UEFA de l'époque à l'égard d'un président fraîchement élu.

Cinq plus tard, l'UEFA espère en avoir fini avec les nuits blanches et les rappels à l'ordre aux pays-hôtes, surtout l'Ukraine. "On ne sera pas loin de la perfection", a assuré Platini.

Tout ne sera pas parfait. Platini le sait. Si, comme il le dit, les deux pays ont "fait un saut de qualité de 30 ans" en modernisant leurs infrastructures pour l'évènement, il reste difficile et coûteux de se déplacer pour suivre des matches. "Des gens on acheté des billets à 30 euros, mais avec hôtel et avion ça finit à 800 euros", regrette le patron du foot européen.

Cet Euro sera politique

L'Euro-2012 sera aussi un des plus politiques de l'histoire, paramètre qui risque de parasiter la dimension festive de la compétition.

Le sort de l'opposante ukrainienne Ioulia Timochenko, détenue à Kharkiv, une des quatre villes-hôtes ukrainiennes, a ému l'Europe de l'Ouest, au point que la France a décrété un boycott politique du tournoi en Ukraine, où les Bleus jouent leurs trois premiers matches.

Et en dehors de ces considérations, une des grandes peurs des organisateurs se concentre sur des hooligans polonais à la sale réputation, qui jouent malheureusement à domicile.

Pologne et Ukraine doivent maintenant tout faire pour que le spectacle soit préservé, avec les 16 meilleures équipes européennes qui s'affrontent dans le dernier tournoi de ce format, avant un passage à 24 engagés en France pour l'Euro en 2016.

Car ils sont tous là, ou presque, ces artistes qui font frissonner les stades, les Xavi, Iniesta, Ibrahimovic, Benzema, Casillas, van Persie, Neuer, Klose, Buffon, Huntelaar, Cristiano Ronaldo...

L'Espagne, championne d'Europe et du monde en titre, rêve d'entrer dans l'histoire avec un triplé inédit en se succédant au palmarès européen. Qu'est-ce qui pourrait l'en empêcher ? Les stars du Real et du Barça sont toujours là, unifiées par le sage Vicente Del Bosque. Et le premier tour leur a offert un groupe C accessible avec une Italie diminuée et empêtrée dans ses scandales de matches truqués, la Croatie d'un Modric qui n'a jamais véritablement confirmé son explosion à l'Euro-2008 et l'Eire vieillissante du roué Giovanni Trapattoni.

La Grèce rêve de faire oublier la crise

Mais la "Roja" aborde la compétition sans Villa (meilleur artificier de l'Euro-2008, avec 4 buts) ni son grognard en défense, Puyol, blessés et forfaits. Ces absences pèseront-elles ? Torres, qui avait marqué le but victorieux en finale en 2008 (1-0 contre l'Allemagne) sera-t-il au niveau ?

Faut-il s'inquiéter des éliminations du Real et du Barça en demi-finale de la Ligue des Champions ?

Autant de questions auxquelles l'Allemagne aimerait donner une réponse en prenant sa revanche de 2008. "L'Espagne a une grande expérience, l'Allemagne est un peu plus jeune, elle a faim", a nuancé dans un entretien avec l'AFP Platini, qui reste au passage le recordman de buts dans un Euro (9 en 1984, année où les Bleus furent pour la première fois sacrés).

La Mannschaft sera tout de suite dans le ton avec un groupe B, dit "de la mort", qui renferme les Pays-Bas, le Portugal et le Danemark. Les "Oranje" franchiront-ils enfin le pas ? Robben n'a pas envoyé de signal encourageant: après sa finale du Mondial-2010 ratée il vient de raturer sa copie en finale de la Ligue des champions.

Un groupe équilibré, le D, accueille la France, l'Angleterre, la Suède et l'Ukraine. Du beau monde en attaque avec les Benzema, Ibrahimovic, Shevchenko et Rooney, ce dernier étant toutefois suspendu pour les deux premiers matches. La France doit avant tout se faire pardonner de la grève de la honte à Knysna.

S'il y a un "groupe de la mort", il y a aussi un "groupe de la vie", le groupe A, avec la Pologne, la Grèce, la Russie et la République Tchèque. Le match d'ouverture est Pologne-Grèce vendredi à Varsovie. La dernière fois que la Grèce a rencontré le pays-hôte en ouverture d'un Euro, elle l'a battu aussi en finale et gagné l'épreuve en 2004. Dans une Grèce en crise, une bonne nouvelle en provenance de l'équipe nationale ferait un bien fou.