VARSOVIE - D'interminables scandales de corruption et la violence des hooligans sont deux maux qui hantent depuis des années le football en Pologne, co-organisatrice avec l'Ukraine de l'Euro 2012.

La ministre polonaise des Sports Joanna Mucha vient de saisir la justice, des soupçons de corruption pesant cette fois-ci sur les plus hauts responsables de la Fédération polonaise de football (PZPN), a six mois à peine du tournoi.

Le parquet dispose des enregistrements de plusieurs conversations suspectes, notamment entre le président de la PZPN, l'ancien international Grzegorz Lato, et le secrétaire général de la Fédération, Zdzislaw Krecina.

L'une de ces conversations, diffusée par la chaîne de télévision TVN24, portait apparemment sur la construction d'un nouveau siège pour la Fédération et des profits éventuels à en tirer.

Convoqué d'urgence mercredi, le conseil d'administration de la PZPN a limogé Zdzislaw Krecina de ses fonctions.

Ce nouveau scandale a provoqué un choc en Pologne qui a pourtant déjà connu des interpellations et des procès en série des joueurs, arbitres et autres responsables corrompus.

Depuis 2005, plusieurs club polonais d'élite ont été rétrogradés pour matchs truqués contre de l'argent, dans le cadre d'une vaste opération de lutte contre la corruption.

Épurer le football polonais

Plus de 600 personnes - arbitres, joueurs, entraîneurs et membres de la Fédération - ont déjà été condamnés ou comparaissent devant la justice. « Le combat n'est pas fini », a déclaré à l'AFP le procureur Wieslaw Bilski, qui supervise les enquêtes.

La PZPN a réussi l'impossible en fédérant contre elle l'ensemble de la classe politique.

« Il faut épurer le football polonais, il faut appliquer une cure contre la maladie grave qui dégrade ce sport », a clamé le chef de l'opposition conservatrice Jaroslaw Kaczynski, suggérant de « créer une nouvelle fédération, avec des gens nouveaux ».

Plusieurs gouvernements avaient déjà tenté, en vain, d'imposer des changements au sein de la PZPN.

Lors de l'ultime tentative, en 2008, c'est la FIFA et l'UEFA qui ont volé au secours de la PZPN, au nom de l'indépendance des fédérations de football. Elles ont alors menacé de suspendre la Pologne des matchs de qualification pour la Coupe du Monde 2010 et même de lui retirer l'organisation de l'Euro 2012.

5000 hooligans

Ce sont pourtant les hooligans, dont le nombre global en Pologne est estimé à quelque 5.000, qui risquent de créer une menace réelle pour l'Euro 2012.

Les hooligans polonais ont provoqué cette année au moins trois bagarres importantes avec la police: à Kaunas en Lituanie à l'issue d'un match amical en mars, à Bydgoszcz (nord) lors de la finale de la Coupe de Pologne en mai, et lors d'un défilé de la fête nationale de l'Indépendance le 11 novembre à Varsovie, où ils se sont rangés du côté des formations de la droite nationaliste.

De nombreux groupes criminels liés aux milieux de supporters de football sont visés en ce moment dans le cadre d'une vaste opération de la police.

« Nous nous sommes fixé l'objectif d'éliminer la majeure partie de ces gens-là avant l'Euro 2012. Nous y travaillons de manière systématique », a indiqué à l'AFP Mariusz Sokolowski, le porte-parole de la police nationale.

« Depuis le début de l'année, nous avons arrêté plus de 400 criminels qui venaient dans les stades pour y régler les affaires n'ayant rien à voir avec le sport », a-t-il ajouté.

La Pologne a adopté récemment une loi permettant de juger les hooligans directement dans les stades et de les condamner sur le champ, ainsi que d'appliquer un système de surveillance électronique des supporters interdits de stades.

« Ça fait longtemps que nous n'avons pas eu d'incidents dans les stades et je suis convaincu qu'on pourra y venir en toute sécurité », rassure M. Sokolowski.