Le Hambourg SV, seule équipe allemande à avoir disputé toutes les saisons de Bundesliga depuis la création du championnat en 1963, a été relégué en deuxième division samedi malgré une victoire 2-1 contre Mönchengladbach lors de la 34e et dernière journée.

La tête ailleurs, le Bayern Munich, déjà sacré depuis avril, s'est pour sa part effondré à domicile contre Stuttgart 1-4, sans conséquences.

A Hambourg, des fans en colère ont lancé des fumigènes sur la pelouse pendant le temps additionnel, provoquant l'entrée sur le terrain des policiers anti-émeute, et une interruption de plus d'un quart d'heure avant que l'arbitre ne puisse siffler officiellement la fin de la rencontre.

Le club de la ville hanséatique termine 17e et avant-dernier. Sa dernière victoire ne lui est d'aucune utilité, car Wolfsburg, 16e, s'est imposé dans le même temps à domicile 4-1 contre Cologne, également relégué. Et la grande horloge digitale du Volksparkstadion de Hambourg, qui indiquait le temps passé par le HSV en première division, s'est arrêtée sur 54 ans et 261 jours.

Douche de bière

A l'autre bout de l'Allemagne, les Munichois ont soulevé pour la sixième fois consécutive le Schale, le trophée qui récompense le champion. Malgré son faux-pas final, le Bayern termine avec 21 points d'avance sur son dauphin Schalke, et l'écart semble s'être encore creusé cette saison entre les Bavarois et les autres.

La tradition a été respectée, et dans un stade en fête, les Munichois se sont offerts de généreuses douches de bière.

Cette dernière journée a également décidé des derniers qualifiés pour la Ligue des champions. Dortmund, troisième avant le coup d'envoi, a eu très chaud. Battu 3-1 à Hoffenheim, le Borussia échoue à la quatrième place, la dernière qualificative, grâce à une meilleure différence de buts contre Leverkusen, cinquième.

Munich sera donc accompagné de Hoffenheim, Schalke et Dortmund l'an prochain dans la compétition reine, mais aucun de ces trois clubs ne semble armé pour aller bien loin, alors que les clubs allemands ont encore reculé cette saison sur la grande scène européenne. Dortmund et Leipzig ont été éliminés de la Ligue des champions dès la phase de poule, avant de chuter respectivement en huitième et en quart de finale de l'Europa League.Leipzig, financé par Red Bull, postule ouvertement au plus haut niveau pour les années à venir. L'équipe avait fait sensation la saison dernière en terminant deuxième derrière Munich, mais sa deuxième saison dans l'élite a été beaucoup plus dure et le RB est tout heureux d'avoir réussi un bon coup samedi en s'imposant 6-2 à Berlin, pour arracher in extremis la 6e place, synonyme de qualification pour l'Europa League.

Dembélé et Aubameyang partis

Le manque de puissance financière des Allemands explique en grande partie la glissade dans les compétitions internationales. Avec ses règles de gestion vertueuses, la Bundesliga a perdu le contact avec les géants européens financés généreusement par des oligarques russes, le Qatar ou des investisseurs chinois ou américains.

Dortmund s'est fait arracher en six mois ses deux meilleurs attaquants Ousmane Dembélé, parti à Barcelone pour 105 millions en août, et Pierre-Emerick Aubameyang, recruté par Arsenal pour 64 millions en janvier.

Dans le même temps, le plus gros achat de la Bundesliga a été Corentin Tolisso, arrivé au Bayern pour 47,5 millions. Hors Munich, le transfert record cette saison a été celui de Yarmolenko à Dortmund, pour 25 millions. Très, très loin des sommes dépensées par le PSG, les grands clubs d'Espagne ou les très riches pensionnaires de la Premier League anglaise.

 Le Bayern au top, ses rivaux attendus à la peine

Après un début de saison chaotique, le Bayern Munich a écrasé la Bundesliga sous la férule de son vieux sorcier Jupp Heynckes. Ses rivaux attendus, Dortmund et Leipzig, sont passés à côté de leur saison.

Les tops et les flops de la 55e édition de la Bundesliga:

. Flop: La galère de Dortmund

Qu'est-il arrivé au Borussia Dortmund? Après l'éviction en juin dernier de son coach emblématique Thomas Tuchel, son successeur Peter Bosz débute brillamment la saison, occupant la première place avec cinq points d'avance sur Munich dès la 7e journée.

Puis l'équipe connaît un trou d'air abyssal, avec sept défaites et cinq nuls en douze matches. Elle plonge à la 7e place du classement, et est éliminée piteusement de la Ligue des champions dès la phase de poule.

Le 10 décembre, les dirigeants évincent dans l'urgence le coach néerlandais, et le remplacent par l'Autrichien Peter Stöger, qui vient juste d'être limogé par Cologne. Stöger va rendre son assise défensive à l'équipe, mais pas son football, et la fin de saison est un chemin chaotique, entre victoires encourageantes et incompréhensibles défaites contre des équipes mal classées.

Les dirigeants peuvent aussi se mordre les doigts d'avoir mal géré les départs des deux stars de la saison dernière. Ousmane Dembélé en août, et Pierre-Emerick Aubameyang en janvier, ont forcé leur départ respectivement vers Barcelone et Arsenal, en donnant l'impression de mépriser le club.

. Flop: Leipzig n'a pas digéré l'Europe

Après avoir terminé deuxième de la Bundesliga l'an dernier pour sa première saison dans l'élite, le RB Leipzig était attendu au tournant. Las! Avec un effectif moins riche que celui du Bayern ou de Dortmund, le club de Red Bull n'a pas réussi à gérer les semaines à deux matches, entre la compétition européenne et le championnat. Eliminé de la C1 en poule, le club a ensuite cédé en quart-de-finale d'Europa League contre Marseille.

En Bundesliga, l'équipe a trop souvent paru à bout de souffle ("sur les rotules", avait dit le coach Ralph Hasenhüttl avant la trêve hivernale). Les Saxons ont sauvé in extremis une place en Europa League pour la saison prochaine, en arrachant samedi la 6e place.

. Flop: Ancelotti limogé

Le Bayern Munich avait recruté en 2016 Carlo Ancelotti, l'homme aux trois Ligues des champions, pour ramener l'équipe au sommet de l'Europe. Echec! Après un titre de champion pour sa première saison (2016-2017), le "Mister" est dès septembre en froid avec les cadres du vestiaire, et une humiliante défaite 3-0 à Paris en Ligue des champions contre les nouveaux riches du Paris SG scelle son sort.

. Top: Le miracle

HeynckesAncelotti limogé, le président munichois Uli Hoeness parvient à convaincre Jupp Heynckes de sortir de sa retraite. A 72 ans, l'entraîneur du triplé historique de 2013 reprend les rênes d'une équipe à la dérive.

Avec rigueur, discipline et psychologie, le revenant fait des miracles. Le Bayern écrase le championnat, et disputera samedi prochain la finale de la Coupe contre Francfort. L'élimination en demi-finale de C1 contre le Real Madrid a été douloureuse, mais le "Rekordmeister" a fait jeu égal avec les doubles champions d'Europe en titre.

. Top: La révélation James

Le Colombien James Rodriguez, meilleur buteur du Mondial 2014, avait été peu utilisé par Zinédine Zidane au Real Madrid, et se trouvait à 25 ans à un tournant de sa carrière lorsqu'il a été prêté à Munich en début de saison.

Heynckes, qui parle espagnol, lui a rendu confiance, l'a repositionné en meneur de jeu, et a fait de lui un élément indispensable de l'attaque bavaroise, au point que le Bayern a l'intention de lever l'option d'achat pour le conserver.

Top: Tedesco et Schalke

A 32 ans, le coach de Schalke, Domenico Tedesco, a mené son équipe à la deuxième place du championnat dès sa première saison sur un banc de première division.

Il y a 15 mois, ce Germano-italien entraînait encore les juniors d'Hoffenheim. En mars 2017, il est appelé à la rescousse pour sauver de la relégation un modeste club de D2, le FC Erzgebirge. Il prend 20 points sur 33 possibles et assure le maintien.

Schalke n'écoute pas les sceptiques et le recrute alors pour prendre en charge l'équipe première. Le 25 novembre, ses joueurs menés 4-0 à la pause à Dortmund reviennent à 4-4 dans le temps additionnel. Le jeune entraîneur devient une star, et Schalke le nouveau dauphin du Bayern.