MADRID - Liverpool se trouve en territoire familier. Tottenham? Pas tant que ça.

La deuxième finale tout anglaise de l'histoire de la Ligue des Champions mettra aux prises l'un des clubs les plus titrés d'Europe contre un autre qui fait figure d'intrus sur la scène continentale.

Après avoir perdu la finale l'an dernier aux mains du Real Madrid, Liverpool et leur entraîneur Jürgen Klopp auront une autre occasion de remporter la coupe continentale pour une sixième fois, samedi.

Tottenham n'a pas souvent l'occasion de soulever un trophée.

Le club du nord de Londres disputera sa première finale de la Ligue des Champions. Le couronnement d'un improbable parcours qui a secoué l'establishment du football.

«C'est une chose que nous avons changée au club, a déclaré le meneur de jeu Christian Eriksen. La façon dont les gens perçoivent le club. La façon dont ils nous regardent, les joueurs.»

Bien des choses ont été dites au sujet de la disette de 29 ans en ligue anglaise de Liverpool, qui est venu à deux points de prendre fin il y a trois semaines. Celle de Tottenham est exactement deux fois plus longue et remonte à 1961. Malgré cela, le club a frayé son chemin vers le match le plus important pour une équipe sans dépenser comme le font les Manchester City et autres Paris Saint-Germain - sans succès.

L'entraîneur-chef Mauricio Pochettino n'a pas été capable de faire signer un seul contrat dans les deux dernières fenêtres de transferts - du jamais vu pour un club de la Premier League - en raison de la frugalité imposée par les dépenses de plus de 1 milliard $ US associées à leur nouveau stade. Malgré cela, il vient de mener son club pour une quatrième année consécutive parmi les quatre premiers de la Premier League.

De se qualifier pour la Ligue des Champions est perçu comme un accomplissement pour un club qui n'a atteint que quatre fois la finale du niveau inférieur de compétition européenne. Sa plus récente étant sa participation à la défunte Coupe de l'UEFA, en 1984.

Depuis que Pochettino est en poste en 2014, Tottenham a dépensé moins de 38 millions $ en transferts. C'est environ le sixième des dépenses de Liverpool au cours de la même période.

«Vous pouvez analyser ça de deux façons. Soit l'entraîneur a pleine confiance en son travail des deux dernières années, qu'il croit en vous et qu'il ne veut pas amener quelqu'un qui va se battre pour votre position, a expliqué le défenseur Danny Rose. Ou bien c'est que personne ne veut signer à Tottenham, que le club n'a pas été en mesure de trouver les fonds pour qui que ce soit.»

On ne peut accuser John Henry, le propriétaire de Liverpool - et des Red Sox de Boston -, de la même chose.

La réponse de Klopp à la défaite de l'an dernier a été de mettre de côté le gardien Loris Karius, qui avait commis une bourde monumentale, et de brièvement détenir le record pour un transfert de gardien, embauchant Alisson Becker de l'AS Roma pour 85 millions $.

Cette finale, disputée à Kiev, avait été pénible pour Mohamed Salah, obligé de quitter dans la première demi-heure en raison d'une blessure à l'épaule. L'attaquant a eu du mal à répondre aux attentes après avoir inscrit 44 buts la saison passée. Il n'en a obtenu que 26, toutes compétitions confondues, aux côtés de Sadio Mane et Roberto Firmino.

Liverpool s'était incliné 3-1 en 2018. L'objectif est maintenant d'éviter une troisième défaite en finale depuis la victoire de 2005.

«Tout est plus positif cette fois-ci, a dit Salah. Et nous avons plus d'expérience que la dernière fois.»

Comme Klopp, Pochettino a la réputation d'échapper les finales, même si Klopp avait gagné deux Bundesliga au Borussia Dortmund avant de se joindre à Liverpool en 2015. Mais il a aussi perdu une finale de la Ligue des Champions avec Borussia et une finale de la Ligue Europea à Liverpool.

Pochettino en est à son troisième club comme entraîneur-chef, après des passages à Espanyol et Southampton. Il est toujours en quête d'un premier sacre. De remporter la plus importante compétition en Europe ne serait pas un mauvais point de départ.

«On peut donner à nos partisans, nos dirigeants et notre famille la plus grande joie qui soit, a-t-il dit. De parler d'exploits individuels aujourd'hui est un peu déplacé, voire gênant. Parce que vous savez que je ne crois pas que je sois important.»

Le parcours de Tottenham a été difficile, surtout après n'avoir amassé qu'un point à ses trois premiers matchs de la phase de groupes. Le but égalisateur de Lucas Moura, marqué tard dans le dernier match contre le FC Barcelone, est ce qui a fait passer l'équipe en ronde des 16.

En demi-finale, Moura a marqué sur le dernier jeu du match pour obtenir un tour du chapeau et renverser un déficit de 3-0 au total des buts. Mais si Harry Kane se remet à temps de sa blessure à la cheville, Moura devrait retourner sur le banc pour la grande finale.

«Personne ne s'attendait à nous voir ici au début de la compétition, a admis Rose. Personne ne s'attendait même à nous voir en quarts.»

Liverpool a aussi réussi un improbable retour en demi-finale, surmontant un déficit de 3-0 après le match aller contre le FC Barcelone. Le groupe de Klopp est par ailleurs en pleine forme en vue du match qui sera disputé au stade de l'Atletico Madrid.

Bien que Tottenham n'ait terminé que deux places derrière Liverpool en Premier League, 26 points séparaient les deux clubs. Tottenham a perdu les deux duels face à Liverpool par la marque de 2-1.