Calcio: pénalités réduites
Soccer vendredi, 27 oct. 2006. 17:21 vendredi, 13 déc. 2024. 19:57
ROME (AFP) - Trois des quatre clubs de soccer - Juventus Turin, Lazio Rome et Fiorentina - condamnés en appel dans le procès des matches truqués du Calcio ont vu leur pénalités de points réduites par la Cour arbitrale du Comité national olympique italien (Coni), vendredi à Rome.
La pénalité infligée à l'AC Milan (8 points) a en revanche été maintenue.
La Juventus passe ainsi de 17 points de pénalité à 9, la Lazio Rome de 11 à 3 et la Fiorentina de 19 à 15.
L'AC Milan, la Lazio et la Fiorentina évoluent en Serie A (1re division). La Juventus a, elle, été reléguée en Serie B (2e division).
Avec ces réduction de peine, les classements de la Serie A de la Serie B sont modifiés.
En Serie A, la Lazio (+8 pts) passe de la 18e à la 13e place (à égalité de points avec l'AC Milan). La Fiorentina (+4 pts), elle, ne bouge pas et demeure à la 19e place. En Serie B, la Juve (+8 pts) passe de la 21e à la 12e place.
La Cour arbitrale constitue le dernier degré de juridiction sportive en Italie.
S'ils ne sont pas satisfaits, les clubs ont désormais la possibilité de se tourner vers le Tribunal arbitral du sport (TAS), à Lausanne en Suisse.
Les recours devant la justice ordinaire pour des affaires relevant des juridictions sportives sont en revanche interdits par les statuts de la Fédération italienne (FIGC) et de la Fédération internationale de football (Fifa).
"La décision de la Cour arbitrale du Coni ne mérite aucun commentaire de la part de l'AC Milan", a immédiatement réagi le club lombard dans un communiqué publié sur son site internet.
Quatre clubs dans un trucage sophistiqué
Le scandale du Calcio concerne principalement quatre prestigieuses équipes italiennes, des arbitres et arbitres-assistants, des dirigeants de clubs et de la Fédération de soccer, dans un système "sophistiqué" de trucage des rencontres lors de la saison 2004-05.
Aucun joueur n'a été déféré devant la justice sportive.
L'enquête n'a pas déterminé des faits de corruption, d'achats de matches ou "d'enveloppes sous la table". Mais selon l'accusation, les clubs ont bénéficié à plusieurs reprises d'arbitres favorables, avec la complicité des deux responsables de la Fédération (FIGC) chargés de leur désignation.
"L'intelligence du système" reposait sur le rôle des arbitres, appelés à intervenir non sur des actions spectaculaires mais sur des phases de jeu litigieuses, comme un hors-jeu ou une faute. Le tout pour ne pas créer "d'impression négative dans l'opinion publique", avait expliqué le procureur lors du procès disciplinaire.
JUVENTUS TURIN
Selon les carabiniers de Rome ayant mené l'enquête pour la justice pénale, Luciano Moggi, directeur général du club de 1994 à 2006, était la tête d'un réseau qui lui permettait d'atteindre "une position de domination et de contrôle absolus sur tout le système du soccer professionnel". Moggi, appuyé par l'ancien administrateur-délégué du club Antonio Giraudo, entretenait des relations avec de nombreux responsables de la FIGC. Des écoutes téléphoniques ont révélé qu'il désignait parfois lui-même les arbitres pour certaines rencontres. Moggi intervenait aussi pour qu'ils multiplient les cartons jaunes afin de suspendre des joueurs et affaiblir les équipes devant affronter la Juve le dimanche suivant.
LAZIO ROME
Selon l'enquête, le président du club, Claudio Lotito, s'est résigné aux réélections en mars 2005 d'Adriano Galliani (AC Milan) à la tête de la Ligue professionnelle (Lega Calcio) et de Franco Carraro à la présidence de la Fédération un mois plus tôt, permettant à son équipe d'entrer "dans le système moggien" et de profiter à son tour des faveurs arbitrales.
FIORENTINA
Opposés aux réélections de Galliani et de Carraro à la Ligue et à la Fédération, les frères Della Valle, récemment parvenus à la tête du club et connus comme les nouveaux "chevaliers blancs" du Calcio, s'inquiètent des "erreurs" d'arbitrage répétées dont est victime la Fiorentina, proche de la relégation en fin de saison. Selon l'enquête, l'équipe dirigeante a pris langue avec les "hommes-clés" de la FIGC et accepté d'entrer dans le "système", en échange du maintien dans l'élite. La Fiorentina s'est sauvée d'extrême justesse en 2004-05, avec le même nombre de points que le premier relégable.
AC MILAN
Outre les conditions controversées de la réélection de Galliani à la tête de la Ligue, le club de Silvio Berlusconi est mis en cause par des conversations téléphoniques entre un de ses dirigeants, Leonardo Meani, et le responsable de la Fédération chargé de désigner les arbitres-assistants, Gennaro Mazzei. Là encore, les discussions interceptées révèlent que les deux hommes discutent longuement des désignations.
La chronologie
- 2 mai: à la suite de rumeurs sur des écoutes téléphoniques transmises par la justice à la Fédération (FIGC), celle-ci rompt le silence et annonce qu'elle a ouvert une enquête en mars.
- 4 mai: de premiers extraits d'écoutes datant de l'été 2004 sont diffusés dans la presse. Ils mettent en lumière les relations fréquentes entre le directeur général de la Juventus Luciano Moggi et un responsable de la FIGC chargé de désigner les arbitres. Moggi y indique plusieurs fois ses préférences arbitrales pour des matches de la Juve.
- 6 mai: le parquet de Naples révèle que Moggi et son fils Alessandro, dirigeant de la plus grande société d'agents de joueurs d'Italie (GEA World), sont mis en examen pour association de malfaiteurs destinée à la fraude sportive.
- 8 mai: démission de Franco Carraro, président de la FIGC.
- 12 mai: les magistrats de Naples révèlent les premiers détails de leur enquête. Quatre équipes (Juventus Turin, Lazio Rome, Fiorentina, AC Milan) et 41 personnes (responsables de la FIGC, dirigeants de clubs, arbitres, arbitres-assistants) sont impliquées dans un système présumé de "conditionnement" des rencontres en 2004-05 en faveur de la Juve, notamment grâce aux décisions arbitrales.
- 14 mai: la Juventus remporte son 29e Championnat d'Italie. Quelques minutes plus tard, Moggi annonce sa démission.
- 16 mai: un expert du droit des sociétés, Guido Rossi, est nommé commissaire extraordinaire à la FIGC.
- 19 mai: le sélectionneur de l'Italie Marcello Lippi est interrogé comme témoin par le parquet de Rome sur la GEA World. Les magistrats cherchent à déterminer s'il a cédé à des pressions pour sélectionner des joueurs "protégés" par la GEA afin de faire grimper leur valeur. Lippi dément avoir cédé à des pressions.
- 19 juin: le chef des enquêteurs de la Fédération remet son rapport au procureur de la FIGC, évoquant une "fraude structurée" et confirmant l'implication de plusieurs clubs.
- 22 juin: le procureur défère les quatre clubs et 25 personnes devant la justice sportive. Le procès s'ouvre six jours plus tard au Stade Olympique de Rome.
- 4 juil.: le procureur requiert ses sanctions, au minimum la relégation en 3e division pour la Juventus et la 2e division pour l'AC Milan, la Fiorentina et la Lazio Rome. Des suspensions sont réclamées contre les 25 dirigeants de clubs, responsables de la FIGC et membres du corps arbitral accusés.
- 9 juil.: l'Italie remporte la quatrième Coupe du monde de son histoire.
- 14 juil.: le tribunal disciplinaire impose la relégation en Serie B (2e div.) à la Juventus, la Fiorentina et la Lazio, avec respectivement 30, 12 et 7 points de handicap pour la saison à venir. L'AC Milan est maintenu en Serie A mais privé de Ligue des Champions et écope de 15 points de handicap.
- 25 juil.: en appel, les sanctions sont revues à la baisse. La Juve demeure reléguée en Serie B mais avec 17 points de handicap.
La Fiorentina, la Lazio Rome et l'AC Milan sont maintenus dans l'élite, avec 19, 11 et 8 points de pénalité. Le verdict permet aussi à l'AC Milan de disputer la Ligue des Champions.
- 7 août: la Reggina, club de Serie A, est déférée devant la justice sportive dans le cadre d'une seconde enquête, toujours pour des matches truqués. Le club sera condamné à 15 points de pénalité en première instance le 17 août, une sanction confirmée en appel le 26 août.
- 18 sept.: Guido Rossi, nommé à la tête de Telecom Italia, démissionne de ses fonctions de commissaire extraordinaire de la FIGC. Luca Pancalli, président du Comité italien paralympique, lui succède.
- 10-11 oct.: la Juventus, la Lazio, l'AC Milan et la Fiorentina, à la suite de l'échec de leurs conciliations respectives avec la FIGC devant le Comité olympique italien (Coni), sont entendus par la Cour arbitrale du Coni, dernier degré de juridiction sportive en Italie.
- 27 oct.: la Cour arbitrale réduit les sanctions pour la Juventus (9 points de pénalité au lieu de 17), la Lazio (3 au lieu de 11) et la Fiorentina (15 au lieu de 19). La sanction reste en revanche inchangée pour l'AC Milan (8 pts).
La pénalité infligée à l'AC Milan (8 points) a en revanche été maintenue.
La Juventus passe ainsi de 17 points de pénalité à 9, la Lazio Rome de 11 à 3 et la Fiorentina de 19 à 15.
L'AC Milan, la Lazio et la Fiorentina évoluent en Serie A (1re division). La Juventus a, elle, été reléguée en Serie B (2e division).
Avec ces réduction de peine, les classements de la Serie A de la Serie B sont modifiés.
En Serie A, la Lazio (+8 pts) passe de la 18e à la 13e place (à égalité de points avec l'AC Milan). La Fiorentina (+4 pts), elle, ne bouge pas et demeure à la 19e place. En Serie B, la Juve (+8 pts) passe de la 21e à la 12e place.
La Cour arbitrale constitue le dernier degré de juridiction sportive en Italie.
S'ils ne sont pas satisfaits, les clubs ont désormais la possibilité de se tourner vers le Tribunal arbitral du sport (TAS), à Lausanne en Suisse.
Les recours devant la justice ordinaire pour des affaires relevant des juridictions sportives sont en revanche interdits par les statuts de la Fédération italienne (FIGC) et de la Fédération internationale de football (Fifa).
"La décision de la Cour arbitrale du Coni ne mérite aucun commentaire de la part de l'AC Milan", a immédiatement réagi le club lombard dans un communiqué publié sur son site internet.
Quatre clubs dans un trucage sophistiqué
Le scandale du Calcio concerne principalement quatre prestigieuses équipes italiennes, des arbitres et arbitres-assistants, des dirigeants de clubs et de la Fédération de soccer, dans un système "sophistiqué" de trucage des rencontres lors de la saison 2004-05.
Aucun joueur n'a été déféré devant la justice sportive.
L'enquête n'a pas déterminé des faits de corruption, d'achats de matches ou "d'enveloppes sous la table". Mais selon l'accusation, les clubs ont bénéficié à plusieurs reprises d'arbitres favorables, avec la complicité des deux responsables de la Fédération (FIGC) chargés de leur désignation.
"L'intelligence du système" reposait sur le rôle des arbitres, appelés à intervenir non sur des actions spectaculaires mais sur des phases de jeu litigieuses, comme un hors-jeu ou une faute. Le tout pour ne pas créer "d'impression négative dans l'opinion publique", avait expliqué le procureur lors du procès disciplinaire.
JUVENTUS TURIN
Selon les carabiniers de Rome ayant mené l'enquête pour la justice pénale, Luciano Moggi, directeur général du club de 1994 à 2006, était la tête d'un réseau qui lui permettait d'atteindre "une position de domination et de contrôle absolus sur tout le système du soccer professionnel". Moggi, appuyé par l'ancien administrateur-délégué du club Antonio Giraudo, entretenait des relations avec de nombreux responsables de la FIGC. Des écoutes téléphoniques ont révélé qu'il désignait parfois lui-même les arbitres pour certaines rencontres. Moggi intervenait aussi pour qu'ils multiplient les cartons jaunes afin de suspendre des joueurs et affaiblir les équipes devant affronter la Juve le dimanche suivant.
LAZIO ROME
Selon l'enquête, le président du club, Claudio Lotito, s'est résigné aux réélections en mars 2005 d'Adriano Galliani (AC Milan) à la tête de la Ligue professionnelle (Lega Calcio) et de Franco Carraro à la présidence de la Fédération un mois plus tôt, permettant à son équipe d'entrer "dans le système moggien" et de profiter à son tour des faveurs arbitrales.
FIORENTINA
Opposés aux réélections de Galliani et de Carraro à la Ligue et à la Fédération, les frères Della Valle, récemment parvenus à la tête du club et connus comme les nouveaux "chevaliers blancs" du Calcio, s'inquiètent des "erreurs" d'arbitrage répétées dont est victime la Fiorentina, proche de la relégation en fin de saison. Selon l'enquête, l'équipe dirigeante a pris langue avec les "hommes-clés" de la FIGC et accepté d'entrer dans le "système", en échange du maintien dans l'élite. La Fiorentina s'est sauvée d'extrême justesse en 2004-05, avec le même nombre de points que le premier relégable.
AC MILAN
Outre les conditions controversées de la réélection de Galliani à la tête de la Ligue, le club de Silvio Berlusconi est mis en cause par des conversations téléphoniques entre un de ses dirigeants, Leonardo Meani, et le responsable de la Fédération chargé de désigner les arbitres-assistants, Gennaro Mazzei. Là encore, les discussions interceptées révèlent que les deux hommes discutent longuement des désignations.
La chronologie
- 2 mai: à la suite de rumeurs sur des écoutes téléphoniques transmises par la justice à la Fédération (FIGC), celle-ci rompt le silence et annonce qu'elle a ouvert une enquête en mars.
- 4 mai: de premiers extraits d'écoutes datant de l'été 2004 sont diffusés dans la presse. Ils mettent en lumière les relations fréquentes entre le directeur général de la Juventus Luciano Moggi et un responsable de la FIGC chargé de désigner les arbitres. Moggi y indique plusieurs fois ses préférences arbitrales pour des matches de la Juve.
- 6 mai: le parquet de Naples révèle que Moggi et son fils Alessandro, dirigeant de la plus grande société d'agents de joueurs d'Italie (GEA World), sont mis en examen pour association de malfaiteurs destinée à la fraude sportive.
- 8 mai: démission de Franco Carraro, président de la FIGC.
- 12 mai: les magistrats de Naples révèlent les premiers détails de leur enquête. Quatre équipes (Juventus Turin, Lazio Rome, Fiorentina, AC Milan) et 41 personnes (responsables de la FIGC, dirigeants de clubs, arbitres, arbitres-assistants) sont impliquées dans un système présumé de "conditionnement" des rencontres en 2004-05 en faveur de la Juve, notamment grâce aux décisions arbitrales.
- 14 mai: la Juventus remporte son 29e Championnat d'Italie. Quelques minutes plus tard, Moggi annonce sa démission.
- 16 mai: un expert du droit des sociétés, Guido Rossi, est nommé commissaire extraordinaire à la FIGC.
- 19 mai: le sélectionneur de l'Italie Marcello Lippi est interrogé comme témoin par le parquet de Rome sur la GEA World. Les magistrats cherchent à déterminer s'il a cédé à des pressions pour sélectionner des joueurs "protégés" par la GEA afin de faire grimper leur valeur. Lippi dément avoir cédé à des pressions.
- 19 juin: le chef des enquêteurs de la Fédération remet son rapport au procureur de la FIGC, évoquant une "fraude structurée" et confirmant l'implication de plusieurs clubs.
- 22 juin: le procureur défère les quatre clubs et 25 personnes devant la justice sportive. Le procès s'ouvre six jours plus tard au Stade Olympique de Rome.
- 4 juil.: le procureur requiert ses sanctions, au minimum la relégation en 3e division pour la Juventus et la 2e division pour l'AC Milan, la Fiorentina et la Lazio Rome. Des suspensions sont réclamées contre les 25 dirigeants de clubs, responsables de la FIGC et membres du corps arbitral accusés.
- 9 juil.: l'Italie remporte la quatrième Coupe du monde de son histoire.
- 14 juil.: le tribunal disciplinaire impose la relégation en Serie B (2e div.) à la Juventus, la Fiorentina et la Lazio, avec respectivement 30, 12 et 7 points de handicap pour la saison à venir. L'AC Milan est maintenu en Serie A mais privé de Ligue des Champions et écope de 15 points de handicap.
- 25 juil.: en appel, les sanctions sont revues à la baisse. La Juve demeure reléguée en Serie B mais avec 17 points de handicap.
La Fiorentina, la Lazio Rome et l'AC Milan sont maintenus dans l'élite, avec 19, 11 et 8 points de pénalité. Le verdict permet aussi à l'AC Milan de disputer la Ligue des Champions.
- 7 août: la Reggina, club de Serie A, est déférée devant la justice sportive dans le cadre d'une seconde enquête, toujours pour des matches truqués. Le club sera condamné à 15 points de pénalité en première instance le 17 août, une sanction confirmée en appel le 26 août.
- 18 sept.: Guido Rossi, nommé à la tête de Telecom Italia, démissionne de ses fonctions de commissaire extraordinaire de la FIGC. Luca Pancalli, président du Comité italien paralympique, lui succède.
- 10-11 oct.: la Juventus, la Lazio, l'AC Milan et la Fiorentina, à la suite de l'échec de leurs conciliations respectives avec la FIGC devant le Comité olympique italien (Coni), sont entendus par la Cour arbitrale du Coni, dernier degré de juridiction sportive en Italie.
- 27 oct.: la Cour arbitrale réduit les sanctions pour la Juventus (9 points de pénalité au lieu de 17), la Lazio (3 au lieu de 11) et la Fiorentina (15 au lieu de 19). La sanction reste en revanche inchangée pour l'AC Milan (8 pts).