LONDRES - Éliminés de la Ligue des champions dès la phase de poule, Chelsea et son nouvel entraîneur Rafael Benitez espèrent qu'au moins le doublé de Fernando Torres mercredi contre Nordsjaelland (6-1) aura sonné le réveil tant attendu du joueur le plus cher de l'histoire du football anglais.

Tout but de l'Espagnol est devenu un petit événement à Stamford Bridge, tant il a déçu depuis son arrivée de Liverpool en janvier 2011, pour la somme record de 50 millions de livres (environ 60 millions d'euros).

Celui du 2 à 0 contre les Danois était son premier depuis le 7 novembre et son deuxième seulement en treize matches, soit 963 minutes sur le terrain. Son bilan en un peu moins de deux ans à Chelsea est bien maigre: 11 buts seulement en 61 matches de championnat.

Si Torres, 28 ans, n'est évidemment pas l'unique cause des problèmes des « Blues », ses déboires personnels ont une influence déterminante sur la politique du club. Ainsi, c'est après avoir vu sa très chère acquisition assise sur le banc lors de la défaite contre la Juventus Turin (3-0), le 20 novembre, que le patron, Roman Abramovitch, aurait décidé de limoger l'entraîneur Roberto Di Matteo dès le lendemain.

Et l'espoir d'une renaissance d'« El Niño » n'est évidemment pas pour rien dans le choix de Benitez, entraîneur de Torres du temps de sa meilleure période à Liverpool.

Le nouveau coach a d'ailleurs pris la défense de son poulain à la veille du match contre Nordsjaelland, de façon bien maladroite, en soulignant ses qualités... de défenseur et en assurant qu'il marquait beaucoup de buts... à l'entraînement. D'où les applaudissements ironiques de Stamford Bridge lorsque Torres a fait trembler les filets à l'échauffement.

Discrètes célébrations

Les supporteurs ont eu des raisons de s'enthousiasmer aussi pendant le match. Très volontaire, l'Espagnol s'est créé beaucoup d'occasions et a marqué juste avant la mi-temps, avec beaucoup de réussite il est vrai: son tir a d'abord été arrêté par le gardien avant de rebondir sur sa poitrine, ce qui lui a donné une seconde chance.

Il a récidivé à la 57e minute en se démarquant bien aux six mètres pour recevoir un centre à ras de terre de Mata. Les deux buts ont été suivis de célébrations particulièrement discrètes, signe que Torres est bien conscient que la route est encore très longue...

Benitez n'a pas caché qu'il espérait que ce doublé, le premier de l'attaquant depuis mai dernier (un triplé contre QPR) servirait de tremplin, mais il a surtout pris soin de lier la performance de l'Espagnol à celle du reste de l'équipe.

« J'avais dit que si nous créions des occasions il marquerait. Si nous continuons de jouer de cette façon, il marquera », a-t-il dit, suggérant par là que ses prédécesseurs Villas-Boas et Di Matteo n'avaient pas trouvé le système susceptible de mettre le buteur en valeur.

Un avis que ne partage pas l'ancien défenseur de Manchester United Gary Neville qui écrivait récemment dans sa chronique du Daily Mail: « Torres joue comme il joue en ce moment depuis deux ans et demi. Ce n'est pas une baisse de régime, c'est un changement dans le joueur lui-même. Il doit adapter son jeu au fait qu'il n'est plus capable d'éliminer les défenseurs comme il le faisait avant ».