Le bout du tunnel pour les sportifs espagnols: à partir du 4 mai prochain, les ligues professionnelles du pays seront autorisées à revenir à un « entraînement basique » et les sportifs professionnels pourront reprendre l'entraînement individuel, a annoncé ce mardi le gouvernement espagnol.

Pedro Sanchez, le président de l'exécutif espagnol, a détaillé mardi les contours de la levée du confinement en Espagne: cela se fera en quatre étapes progressives, et la phase 0 débutera lundi prochain dans la majeure partie du pays.

Cette « phase 0 » permettra entre autres « la reprise des entraînements individuels des sportifs professionnels et de niveau national, et l'entraînement basique au sein des ligues professionnelles », a précisé Sanchez mardi soir.

« La première phase, ou phase 0, est la phase de préparation à la transition ou phase de désescalade, dans laquelle nous nous trouvons déjà », a indiqué Pedro Sanchez.

Avec cette annonce, le gouvernement a donné son feu vert pour le retour à l'entraînement individuel des équipes du championnat espagnol, comme prévu par le protocole de reprise acté par LaLiga, l'organe qui gère le football professionnel en Espagne, et la fédération espagnole de football (RFEF), le 18 avril dernier.

D'après ce protocole, rendu public par la presse spécialisée espagnole, les joueurs recevront dans un premier temps leurs exercices par courrier, puis devront arriver au centre d'entraînement déjà en tenue, avec des gants et un masque, pour éviter de devoir passer par les vestiaires.

Ils auront la possibilité de garder leurs équipements de protection durant l'entraînement, et il ne pourra y avoir que six joueurs maximum sur le terrain en même temps.

Après cette première phase de reprise, les équipes devraient progressivement lever les mesures de protection pour revenir à des conditions normales d'entraînement collectif.

D'après le plan de déconfinement progressif annoncé par Pedro Sanchez ce mardi, la deuxième étape pourrait mener à « l'ouverture des centres de haute performance (sortes de résidences pour sportifs de haut-niveau, ndlr) avec des mesures d'hygiène et de protection renforcées » et aussi à « l'entraînement moyen des ligues professionnelles », soit par petits groupes.

Le football espagnol est paralysé depuis le 12 mars dernier en raison de la pandémie de nouveau coronavirus.

Avec 23 822 décès et 210 773 cas de COVID-19 détectés, l'Espagne a été un des pays les plus durement touchés au monde par l'épidémie.

Tebas plaide pour « la réactivation »

Plus tôt mardi, le président de la Liga Javier Tebas plaidait pour « la réactivation » du soccer en Espagne après l'annonce de l'arrêt définitif de la saison 2019-2020 en France, mettant en avant les risques économiques d'une mise à l'arrêt des compétitions.

« Je ne comprends pas en quoi il y aura plus de risque à jouer des matchs de football à huis clos, avec toutes les mesures de précaution, que de travailler sur une chaîne de montage ou sur un bateau de pêche en haute mer », disait le président de LaLiga, l'organe qui gère le football professionnel en Espagne.

« Si les secteurs économiques importants ne peuvent pas reprendre (leur activité), de manière sûre et contrôlée, ils pourraient finir par disparaître », a averti le patron de LaLiga, soulignant le fait que « cela pourrait arriver avec le football professionnel ».

« Dans d'autres pays, les équipes s'entraînent déjà. Il s'agit là de l'exemple à suivre », demandait Tebas.

Javier Tebas a réagi de la sorte après l'annonce de la fin définitive de la saison 2019-2020 en France par décision gouvernementale.

« La saison 2019-2020 de sports professionnels, notamment celle de football, ne pourra pas reprendre », a annoncé le Premier ministre Edouard Philippe, mardi dans un discours à l'Assemblée nationale.

« En Espagne, le football est un important moteur économique que nous avons besoin de réactiver, comme beaucoup d'autres », a affirmé Tebas, ajoutant que LaLiga « continue de se concentrer sur cette réactivation, de manière responsable et en respectant les recommandations sanitaires, le plus vite possible ».

D'après un bilan de LaLiga datant de 2019, l'industrie du football représente 1,37% du produit intérieur brut (PIB) d'Espagne.

Le football est paralysé en Espagne depuis le 12 mars, date à laquelle l'état d'alerte a été décrété en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, et toute la population est confinée jusqu'au 9 mai prochain au moins.

La FIFA « très sceptique »

Alors que plusieurs championnats européens affûtent leurs projets de reprise, le président de la commission médicale de la FIFA, Michel d'Hooghe, s'est montré « très sceptique » mardi sur un retour à la compétition, dans un entretien à la BBC.

« La situation est différente pays par pays, le pic n'est pas atteint partout au même moment, mais aujourd'hui, au 28 avril, nous ne sommes pas prêts pour une reprise des compétitions de football », a jugé le médecin.

Il a estimé que ce serait probablement encore le cas « dans les semaines à venir » et que les autorités nationales du football devraient plutôt « essayer de se préparer à un bon début pour la saison prochaine ».

« Il y a un risque et ce risque n'a pas des petites conséquences. Ce sont une question de vie ou de mort (...) En tant que médecin, je n'ai pas à parler à la place des organisateurs de matches, mais pour le moment, d'un point de vue médical, je suis très sceptique », a encore poursuivi le Belge.

Pour le moment, parmi les cinq grands championnats européens, seule la France a décidé, par décision gouvernementale, d'arrêter la saison 2019-20 et de ne reprendre la compétition qu'en septembre.

D'autres championnat plus modestes, comme l’Écosse, les Pays-Bas ou la Belgique ont ou vont probablement également mettre un terme à l’exercice en cours.

Mais la Bundesliga pourrait, elle, reprendre mi-mai ou fin mai, la Premier League travaille à un plan officieux qui verrait une retour à la compétition le 8 juin et l'Italie ou l'Espagne espèrent bien, elles aussi, aller au bout de la saison en cours.

« J'ai bien peur que, pour avoir une solution complète, nous devions attendre d'avoir un programme de vaccination », a encore prédit M. D'Hooghe, qui plaide aussi pour que des règles d'hygiènes strictes soient imposées.

« Par exemple d'éviter de cracher. Pourquoi devrions-nous voir ça dans le foot et pas dans d'autres sports ? C'est l'une des choses auxquelles il faudra réfléchir parce que ce sera un vrai danger dans le futur », a-t-il argumenté.