BERLIN - Avec sa démonstration à l'Allianz-Arena (3-1) samedi, Dortmund a définitivement écarté le Bayern Munich de la course au titre de champion d'Allemagne et lui a brutalement rappelé que sa saison pourrait prendre un tour encore plus décevant.

Jusqu'au coup de sifflet final, l'après-midi s'était idéalement passé pour Jürgen Klopp, dont l'équipe a donné une leçon de 90 minutes au champion en titre.

Mais en fêtant la victoire avec ses joueurs, le charismatique entraîneur du Borussia a reçu un coup involontaire de Nuri Sahin qui lui a brisé ses lunettes et entaillé profondément la joue.

"Ces lunettes étaient réputées indestructibles, mais Nuri est quand même parvenu à les casser", a-t-il souligné, comme s'il y voyait un résumé de la saison.

C'est peu dire que Dortmund, leader avec 12 points d'avance sur Leverkusen, tenu en échec (2-2) par Brême dimanche, n'avait pas les faveurs des pronostics en août. Depuis son arrivée en 2008, Klopp avait certes relancé le club de la Ruhr (6e en 2009, 5e en 2010), mais la jeunesse et l'inexpérience de son effectif (22,3 ans de moyenne d'âge pour le onze de départ samedi) en faisaient au mieux un candidat à l'Europa League.

En s'appuyant sur une condition physique et une discipline tactique irréprochables, le Borussia a bousculé la Bundesliga.

Leaders depuis la 8e journée, les "Jaunes et noirs" sont même en train de devenir une référence du football allemand avec onze victoires en déplacement (record égalé), 58 points en 24 journées et 16 points d'avance sur le Bayern.

Poule

Ce qui n'empêche pas Klopp de refuser publiquement de parler du titre et d'interdire formellement à ses joueurs de le faire.

Après la première victoire de son équipe à Munich depuis 1991 ("La plupart de mes joueurs prenaient encore le sein de leur mère", a plaisanté Klopp), le président du Borussia, Hans-Joachim Watzke, a désobéi: "On est dans une situation où on peut dire qu'on veut et peut être champion".

Les joueurs et l'encadrement du Bayern en conviennent volontiers, mais c'est bien le cadet de leurs soucis.

"Ils feront un beau champion (...) Mais nos joueurs ne doivent pas sous-estimer notre situation: elle est dangereuse", a asséné Christian Nerlinger.

L'ogre bavarois vise désormais la 2e place, directement qualificative pour la Ligue des champions 2012 dont la finale aura lieu dans son stade, mais compte quatre points de retard sur le Bayer Leverkusen.

Trois matches vont décider de l'issue de la saison et peut-être même du sort de Louis van Gaal: la demi-finale de la Coupe d'Allemagne contre Schalke 04 mercredi, le déplacement samedi à Hanovre, surprenant 3e, samedi et le 8e de finale retour de C1 contre l'Inter le 15 mars.

Van Gaal, plus que Robben et Schweinsteiger transparents samedi, se retrouve en première ligne des critiques à cause de ses expérimentations en défense, dont il a présenté samedi la 13e version !

"Contre Dortmund, cette défense était comme une poule qui cherchait ses petits. Où était celle qui se présente comme la meilleure équipe d'Allemagne ?", a résumé sans pitié Oliver Kahn.