Qu'a-t-il encore inventé ? Lionel Messi, auteur d'un doublé dont un improbable coup franc en feuille morte, a permis au FC Barcelone de dompter son voisin l'Espanyol (2-0) pour se rapprocher un peu plus du titre, samedi pour la 29e journée du Championnat d'Espagne.

Dans un derby fermé et crispé au Camp Nou, le capitaine blaugrana a décanté la rencontre d'un coup franc façon panenka, avec l'aide involontaire du capitaine adverse Victor Sanchez qui l'a dévié au fond de la tête en prenant son propre gardien à contre pied (71e). Puis « La Puce » a clos le score en contre sur une offrande du Brésilien Malcom (89e).

Ces deux buts, les 30e et 31e de Messi cette saison en Liga, ont suffi au bonheur du Barça et du petit attaquant argentin, titulaire malgré une pubalgie tenace et bien plus fringant avec le Barça qu'avec sa sélection...

« Quand l'équipe adverse est très regroupée derrière, parfois les choses se compliquent, il n'y a pas d'espaces, un embouteillage dans l'axe et peu d'espaces pour franchir la défense. Tout est question de persévérer, de garantir ses arrières pour éviter les contres et d'insister, insister, insister. (Sur l'avance du Barça dans la course au titre) Tant qu'on n'a pas décroché les choses, on peut faire beaucoup de théories. Je me souviens qu'il y a trois ans, le Barça avait huit points d'avance sur l'Atlético et douze sur le Real à la 29e journée. Et la 33e, le Barça était à égalité avec l'Atlético et avec un seul point d'avance sur le Real Madrid (le Barça avait tout de même fini champion, NDLR). (Sur le coup franc en feuille morte de Messi) Je n'avais pas la moindre idée qu'il frapperait comme ça, je dois l'admettre. J'adorerais pouvoir dire que nous avions planifié cela, mais ce n'est pas vrai, tout est de son fait. Il n'a pas eu besoin de mon avis et il a marqué. (Sur la différence de rendement de Messi avec l'Argentine) Messi est le même joueur, qu'il joue dans une équipe ou une autre. Il serait le même s'il jouait en Australie. Tout cela, ce sont des questions personnelles pour lui, pour sa sélection et son pays. Nous, nous sommes enchantés de l'avoir, c'est un luxe pour moi de l'entraîner. »

Au classement, le leader Barcelone (1er, 69 pts) prend provisoirement 13 longueurs d'avance sur son dauphin l'Atlético Madrid (2e, 56 pts), sous pression avant d'aller défier Alavés (5e, 44 pts) en soirée. Le Real Madrid (3e, 54 pts) reçoit la lanterne rouge Huesca dimanche, et Getafe (4e, 46 pts) a perdu gros en chutant dans un autre derby, celui de la banlieue sud de Madrid, face à Leganés (2-0).

Epouvantail

A Barcelone, la querelle de voisinage entre « Culés » du Barça et « Pericos » de l'Espanyol a longtemps manqué de rythme.

L'ambiance était pourtant au rendez-vous: les supporters du club blaugrana avaient réservé un bouillant accueil à leurs voisins avec une grande bannière représentant un épouvantail blaugrana chassant des perruches ("pericos"), et ce slogan: « Nous sommes votre cauchemar ».

Mais à l'heure de la sieste, c'est le FC Barcelone qui a mis du temps à se réveiller.

Titulaire malgré ces douleurs pubiennes chroniques, qu'il traîne depuis fin 2018, Messi a certes donné le tournis à la défense adverse, comme sur ce dribble déroutant devant Marc Roca qui en a perdu l'équilibre (4e). Il a aussi été impliqué sur tous les bonnes occasions de son équipe (18e, 21e, 31e, 42e).

Mais la toile d'araignée tissée par l'Espanyol, avec une défense à cinq, a longtemps ralenti le jeu blaugrana, le Barça s'enferrant plein axe sans trouver d'espaces.

Messi fait la différence

Pour animer un peu un match qui ronronnait, il a fallu attendre l'entrée côté Espanyol de la star chinoise Wu Lei (63e), une icône dans son pays qui a offert au modeste club barcelonais une forte exposition médiatique et marketing pour tenter de sortir de l'ombre du Barça.

Le duel annoncé entre le premier Chinois à avoir inscrit un but en Liga et le meilleur buteur de l'histoire de la compétition a néanmoins tourné court: Wu Lei s'est très peu mis en évidence, comme lorsqu'il a été devancé par un Clément Lenglet impressionnant (78e), tandis que Messi a une nouvelle fois fait la différence.

C'est lui, au bout d'un slalom, qui a obtenu un coup franc à quelques centimètres de la surface. Et c'est lui qui a improvisé cette feuille morte, décisive grâce à la mésentente de ses adversaire (71e), avant de sceller la marque (89e).

Sacré contraste avec le Messi impuissant de l'équipe d'Argentine, battue en amical la semaine dernière par le Venezuela (3-1), ou avec le Messi agacé des critiques reçues au pays et qui hausse inhabituellement la voix dans une émission de radio argentine...

Bref, dans une semaine décisive pour le titre en Liga, le Barça a négocié le premier écueil. Reste un périlleux déplacement à Villarreal mardi pour la 30e journée, puis la réception de son dauphin l'Atlético samedi prochain, où l'inévitable Messi aura peut-être l'occasion de donner le coup de grâce à la concurrence.