La grande vedette du calcio Cristiano Ronaldo est attendue à Turin et les joueurs peuvent reprendre l'entraînement individuel, mais rien ne dit que le championnat reprendra en Italie, qui a allégé lundi ses mesures de confinement.

Ceux qui espéraient que le feu vert du gouvernement à une reprise des entraînements individuels annonçait un rapide retour à la compétition, ont vite été douchés par le ministre des Sports, Vincenzo Spadafora.

« Je lis des choses étranges, mais rien n'a changé par rapport à ce que j'ai toujours dit sur le football: les entraînements (collectif) des équipes ne reprendront pas avant le 18 mai et la reprise du championnat, on n'en parle pas du tout pour l'instant », a-t-il écrit sur Facebook.

Et d'ajouter, provocateur, comme pour confirmer ses relations difficiles avec le football professionnel : «Maintenant excusez-moi, mais je retourne m'occuper de tous les autres sports et centres sportifs (gymnases, centres de danse, piscines) qui doivent rouvrir au plus vite.»

« Attaque contre le foot »

Lundi matin, le Corriere dello Sport a mis en une un photomontage montrant le ministre armé d'un poignard, sur le point de crever un ballon. «Attaque contre le foot», titre le quotidien sportif.

Officiellement, le football professionnel italien est unanime dans sa volonté de terminer le championnat interrompu le 9 mars, douze journées avant son terme. Cette position adoptée par les vingt clubs de Serie A a été réaffirmée le 1er mai.

Mais les lézardes apparues quand Brescia et le Torino ont émis des notes dissonantes sont toujours là.

Le président et propriétaire du club turinois, Urbano Cairo, a volontiers confirmé qu'il y avait « des opinions divergentes », selon des propos rapportés par la Gazzetta dello Sport. « Tout le monde est en train d'évaluer si le redémarrage est possible et c'est normal, même si le dernier mot reviendra aux institutions. »

Il a insisté sur les indispensables mesures de sécurité sanitaires pour les salariés, « sans oublier que les joueurs sont arrêtés et enfermés à la maison depuis deux mois ». Et donc sans doute pas en condition physique pour la compétition.

Le 1er mai, les clubs de Serie A ont précisé qu'ils se plieraient à une décision du gouvernement.

Enjeu financier

Les instances du football insistent aussi sur l'impact économique terrible pour un secteur brassant un chiffre d'affaires de 4,7 milliards d'euros.

Selon le site spécialisé « Calcio e Finanza », un arrêt définitif remettrait directement en cause 400 millions d'euros de droits TV, dont une ultime tranche de 340 millions pour la saison en cours, qui devait être payée en mai.

Plus que par une réelle volonté de repartir, alors que le temps presse, l'unanimité des clubs s'explique peut-être par le souhait de laisser le gouvernement endosser la responsabilité d'un arrêt, s'offrant ainsi des arguments si diffuseurs et sponsors s'avisaient de remettre en cause leurs engagements...

La fédération (FIGC) doit tenir le 8 mai une réunion qui pourrait être décisive. Son président Gabriele Gravina a affirmé qu'il ne «signerait jamais pour la fin des championnats», qui serait selon lui « la mort du football italien ».

C'est sans savoir s'ils rejoueront cette saison que les clubs ont commencé à rouvrir lundi les centres d'entraînement pour des séances individuelles, en extérieur, en respectant la distanciation sociale, et avec un encadrement technique réduit au minimum ou absent.

La Juventus Turin, champion en titre et leader du classement, a demandé le retour de ses joueurs étrangers, dont Cristiano Ronaldo, qui selon les médias portugais est sur le point de rentrer.

Le club piémontais compte les soumettre à des tests de dépistage, ce qui permettra de ne pas avoir à observer l'interdiction de se rendre sur son lieu de travail deux semaines après le retour dans le pays.