Gonzalo Higuain, nouveau roi de Naples
Italie lundi, 18 janv. 2016. 09:06 dimanche, 15 déc. 2024. 00:48Vingt matchs, vingt buts : Gonzalo Higuain, « meilleur avant-centre du monde » selon son entraîneur, réussit la saison de sa vie et c'est tout le stade San Paolo qui se prend à rêver d'un troisième scudetto 26 ans après le précédent, quand un autre Argentin, Diego Maradona, était roi de Naples.
« GON-ZA-LO ! GON-ZA-LO ! GON-ZA-LO ! GON-ZA-LO ! GON-ZA-LO ! GON-ZA-LO ! GON-ZA-LO ! GON-ZA-LO ! GON-ZA-LO ! »
Il s'appelle Daniel Bellini et on le surnomme « Decibel » Bellini. C'est l'annonceur du stade San Paolo et il a eu un jour l'idée de fêter chaque but de son équipe en hurlant le prénom du buteur autant de fois que le chiffre inscrit sur son maillot.
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Higuain porte le no 9 et cette saison, le malheureux « Decibel » Bellini s'époumone chaque match à domicile ou presque, parfois plusieurs fois, car Higuain n'en finit plus de marquer.
Largement en tête du classement des buteurs avec 20 buts (dont un seul penalty) en 20 journées, Higuain peut viser le record du championnat d'Italie, qui appartient depuis 1950 au Suédois de l'AC Milan Gunnar Nordhal avec 35 buts.
Dans les années récentes, seul Luca Toni s'est approché de ce total (31 buts en 2006 avec la Fiorentina), ce qui vient rappeler qu'en Italie, il est peut-être moins facile qu'ailleurs d'empiler les buts.
Surtout, avec son impressionnante réussite actuelle, Higuain a réveillé les espoirs de titre de toute une ville, qui attend ça depuis 1990, quand Maradona lui avait offert son deuxième scudetto après celui de 1987, qui portait déjà la marque du génie argentin.
Depuis, Naples c'est un peu l'Argentine. Et samedi après la victoire 3-1 face à Sassuolo, lors de laquelle il a inscrit son septième doublé de la saison, Higuain a peut-être trouvé au San Paolo des airs du Monumental de ses débuts à River Plate.
« Tête de con »
Sautant et tapant des mains dans les nuages rouges des fumigènes, « Pipita » a chanté « Un giorno all'improvviso » avec les tifosi de la Curva B, sur l'air de « L'estate sta finendo » du duo disco Righeira (auteur de « Vamos a la playa »).
« Un giorno all’improvviso, mi innamorai di te. Il cuore mi batteva non chiedermi perché ». « Un jour soudainement, je suis tombé amoureux de toi. Mon coeur battait, ne me demande pas pourquoi », dit la chanson des amateurs.
En fin de saison dernière pourtant, l'histoire d'amour semblait en péril après un penalty manqué par Higuain lors de la dernière journée face à la Lazio Rome, qui avait coûté à Naples une place en Ligue des Champions. Mais l'arrivée de Maurizio Sarri au poste d'entraîneur a contribué à relancer l'Argentin, qui a déjà dépassé les résultats de ses deux premières saisons napolitaines (17 et 18 buts).
« Il y a beaucoup de Sarri dans ma réussite actuelle », a-t-il d'ailleurs reconnu samedi.
Le technicien napolitain, lui, ne manque jamais une occasion de dire tout le bien qu'il pense de son Argentin, quitte à le secouer un peu.
« Si à l'avenir il ne gagne pas le Ballon d'Or, c'est qu'il est une tête de con. Comme avant-centre, à l'heure actuelle il est le plus fort du monde », a-t-il ainsi lancé début décembre.
L'Italie, qui n'a plus énormément de fuoriclasse (prodige, NDLR) à admirer en Serie A, approuve volontiers l'affirmation de Sarri, quitte à décréter pour la rendre acceptable que Messi et Cristiano Ronaldo ne sont pas vraiment des avant-centres.
Higuain est-il plus fort qu'Agüero? Que Lewandowski? Qu'Ibrahimovic? Peu importe. Il est moins fort que Maradona, c'est à peu près sûr, mais s'il offre le titre à Naples, la ville explosera comme en 1990. Maradona a même promis de venir en hélicoptère pour voir ça.