MILAN - Le « Professeur » Clarence Seedorf l'a annoncé lui-même : à 37 ans sa carrière de joueur est terminée et celui qui a toujours été considéré comme un entraîneur-né va diriger l'AC Milan, pour une toute première expérience risquée.

Précoce. Titulaire à l'Ajax Amsterdam à 17 ans, champion d'Europe à 19 ans, Seedorf, qui s'était disputé avec le sélectionneur des Pays-Bas, Gus Hiddink, à 20 ans, pour lui imposer ses vues tactiques, commence son nouveau parcours par le très prestigieux club milanais.

Il a déjà pour lui l'amour du maillot, porté de 2002 à 2012 et honoré de deux Ligue des champions (2003, 2007).

« Mon expérience d'un an et demi à Botafogo (club de Rio de Janeiro) m'a aidé à grandir et m'aidera dans la nouvelle étape de ma carrière, comme coach de Milan », a-t-il dit lors d'une conférence de presse mardi dans la ville « carioca » où il annonçait la fin de sa carrière de joueur.

Ironie du sort, il prend la place de Massimiliano Allegri qui l'a conduit à quitter le Milan car il n'y jouait pas assez. Seedorf lui reprochait aussi de n'être pas disponible pour les discussions tactiques qu'il adore conduire avec ses techniciens. Il est parti finir sa carrière de joueur au Botafogo, dans le championnat brésilien, qui fait rêver le Surinam voisin, pays d'origine de Seedorf.

Équipe malade

Le « Professeur », qui était déjà entraîneur sur le terrain, replaçant ses coéquipiers et prenant la parole dans les vestiaires, a passé tous ses diplômes de technicien ces dernières années.

Il se réfère à Phil Jackson, mythique entraîneur de basket des Bulls de Chicago et des Lakers de Los Angeles, et met toujours en avant le collectif, école Ajax oblige.

Mais si l'intelligence et le finesse de jeu de Seedorf sont un bon viatique, le pari reste risqué.

Le Néerlandais revient à Milanello au chevet d'une équipe bien malade. Les Rossoneri n'ont plus aucune chance de se qualifier pour la prochaine Ligue des champions, à 20 points du podium. Le retard de 30 points sur la Juventus Turin, meneur de la Serie A, brûle plus encore l'orgueil des tifosi.

Seedorf doit reprendre un chantier laissé en friche par Allegri, licencié lundi au lendemain de la défaite à Sassuolo (4-3), et provisoirement remplacé par l'adjoint Mauro Tassotti pour le match de Coupe d'Italie contre La Spezia (2e div.), mercredi. Seedorf lui devrait débarquer jeudi à Milanello.

Tous les secteurs de jeu sont à la peine, à commencer par la défense, déjà battue 30 fois en Serie A.

Devant, il lui faudra tirer le meilleur de l'intermittent Mario Balotelli, ce que seul le sélectionneur Cesare Prandelli semble réussir pour l'instant.

Unanimité

Dans le jeu, Seedorf devrait s'appuyer sur son ex-coéquipier Kaka, revenu lui six mois plus tôt dans le club de son coeur. Ensemble ils ont conquis deux des quatre C1 de Seedorf, le seul joueur à l'avoir remportée sous trois maillots (Milan, donc, Ajax en 1995 et Real Madrid en 1998).

L'ex-numéro 10 rossonero arrive également dans un contexte « géopolitique » tendu, avec la lutte pour la préséance entre les deux administrateurs délégués, l'historique, Adriano Galliani, et la nouvelle, Barbara Berlusconi.

Au moins le nom de Seedorf fait-il l'unanimité dans les deux camps, et il dispose en outre de l'oreille et la considération du propriétaire, Silvio Berlusconi, l'ex-président du Conseil italien, qui a poussé pour la signature du Néerlandais quand Filippo Inzaghi, ex-buteur et entraîneur de la réserve, semblait le favori. « Quand le président m'a appelé, je ne pouvais pas dire non », a d'ailleurs confié Seedorf.

De toutes façons Seedorf a assez de caractère pour s'imposer. En 2008, il a refusé d'aller à l'Euro pour faire le remplaçant dans la sélection de Marco van Basten. Petite revanche, désormais le banc du Milan est pour lui, pas pour l'ex-Ballon d'Or.