PARIS - Affrontements entre ultras et CRS, véhicules et vitrines vandalisés à quelques encablures de la tour Eiffel: des incidents ont gâché lundi les cérémonies au Trocadéro pour le troisième titre de champion de France du Paris SG, provoquant une polémique sur le dispositif de sécurité mis en place.
Devant l'ampleur des incidents, le club et son parraineur Nike ont préféré annulé la mini-croisière que devaient faire les joueurs sur la Seine pour saluer leurs supporteurs et exhiber leur trophée.

"Le club et l'équipementier ont décidé d'annuler l'opération pour des raisons de sécurité", a indiqué une porte-parole de Nike.

À 21 h, le calme était revenu sur la place du Trocadéro, rouverte à la circulation, mais en contrebas, des supporteurs continuaient à faire face aux forces de l'ordre sur le pont menant à la Tour Eiffel, où certains ont même pillé un autobus de touristes, selon des images de télévision.

Un photographe de l'AFP a également assisté à des incidents sur les Champs-Elysées, où des débordements avaient déjà éclaté lors des premières célébrations des supporteurs parisiens lors de la nuit précédente. Ils avaient entraîné 21 interpellations, le placement en garde à vue de trois personnes et 16 blessés parmi les forces de l'ordre, selon une source policière.

"La fête est gâchée. J'habite dans le quartier, ça fait ch… !", a déclaré à l'AFP Alexandre, jeune supporteur du Paris SG avec le maillot sur le dos, larmes aux yeux à cause des gaz lacrymogènes lancés par les CRS en riposte à des provocations.

"C'est la faute aux ultras, on n'a pas eu le droit à notre fête à cause d'eux", ont déclaré d'autres supporteurs en quittant l'esplanade du Trocadéro, où de 10 000 à 15 000 personnes avaient pris place au plus fort du rassemblement, selon la préfecture de Police, qui a indiqué avoir procédé à "quelques interpellations".

Grenades assourdissantes

Des journalistes de l'AFP ont vu du mobilier urbain vandalisé, trois cafés aux vitrines brisées, un abribus cassé et plusieurs voitures endommagées aux abords de la place du Trocadéro, investie par de nombreux véhicules de secours d'urgence.

Après la remise du trophée, plusieurs centaines de supporteurs, répartis en différents groupes, y avaient affronté pendant des dizaines de minutes les CRS, leur lançant des barrières de sécurité ou du verre pilé, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Les forces de l'ordre ont répliqué en jetant des grenades assourdissantes.

Les premiers incidents avaient éclaté vers 18 h 20, toujours heure de Paris, peu après l'heure prévue pour la remise du trophée aux joueurs. Certains ultras avaient d'abord jeté des fumigènes, puis des supporteurs avaient escaladé un échafaudage installé le long du palais de Chaillot, retardant les festivités.
Peu après, pendant que les joueurs en costume recevaient leur trophée en quatrième vitesse, les perturbateurs ont déployé une banderole "Liberté pour les ultras", en référence à la politique de sécurisation du Parc des Princes mise en place il y a trois ans par le précédent président du PSG Robin Leproux (2009-2011), en réaction à de nombreux débordements.

Les joueurs n'ont pas pris le temps de s'adresser à la foule comme cela était prévu et ne sont finalement restés que cinq minutes sur le podium, encadré par un nombre visiblement insuffisant de joueurs du club.

La foule a également envahi la tribune réservée à la presse, poussant les journalistes à l'évacuer dans le chaos.

Polémique politique

"Les supporteurs étaient bien plus nombreux que prévu, on a dû s'adapter en faisant appel à des bénévoles", a déclaré à BFM TV un responsable de la Croix-Rouge sur place.

"On a dû réagir dans l'urgence, on s'est adapté aux réactions des supporteurs," a-t-il ajouté, précisant que ses services avaient évacué "plusieurs personnes vers le milieu hospitalier".

"Les violences place du Trocadéro sont déplorables, alors que les Parisiens attendaient le titre depuis 19 ans », était-il écrit sur Twitter.

Geoffroy Didier, secrétaire général adjoint de l'UMP, a renchéri en déplorant "l'inertie inadmissible de Manuel Valls", le ministre de l'Intérieur.

"Les images diffusées en direct ont démontré une véritable et inadmissible confusion au coeur de la capitale dont le premier responsable est le gouvernement : où était le préfet de police ? Quels ordres ont été données ou n'ont pas été donnés d'agir ? Que faisait concrètement le ministre de l'intérieur ?", déclare-t-il dans un communiqué.

La préfecture de police s'est cependant défendue d'avoir sous-estimé l'événement.

"Nous sommes en soutien de l'organisateur et nous avions un dispositif très conséquent de sept unités mobiles", soit 490 CRS et gendarmes mobiles, "sans compter les forces de police locales", a indiqué une source au sein de la PP à l'AFP.

"C'est dommage qu'il y ait eu une poignée de perturbateurs, les débordements ont été contenus, la fête n'a pas été gâchée", a également estimé le maire de Paris, Bertrand Delanoë, venu remettre le trophée avec le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, et du président du club de la capitale, Nasser al-Khelaïfi.

Le directeur sportif brésilien Leonardo, hospitalisé "pour un petit problème de tension" dans la nuit de dimanche à lundi selon le président du club Nasser al-Khelaïfi, était en revanche absent.