ROME, Italie - Le Championnat reprend samedi, mais la Juventus, de retour parmi l'élite après une saison en Serie B à la suite du scandale des matches arrangés, s'interdit de songer au titre: bouleversée à l'intersaison, la très attendue équipe turinoise entend d'abord trouver ses repères.

L'ambition, l'inextinguible soif de titres, sont dans les gènes de la Juve, détentrice du record de scudetti (27). Mais il ne peut y avoir de miracle: la "Vieille Dame" a reçu un telle gifle l'an passé qu'elle ne peut d'un seul coup retrouver tout son éclat.

"La Juve a beaucoup changé et n'oublions pas qu'elle a dû faire face à un tsunami. (...) Il reste encore tant à faire", souligne l'entraîneur Claudio Ranieri, recruté début juin à la suite de la démission de Didier Deschamps.
"Le Championnat, c'est un rêve, assure de son côté le président Giovanni Cobolli Gigli. Nous avons une équipe qui doit se construire graduellement".

Les dirigeants ont en effet recruté à tour de bras -pour près de 57 M EUR selon les médias italiens-, avec les défenseurs Criscito (Genoa), Grygera (Ajax Amsterdam/NED) et Andrade (Deportivo La Corogne/ESP), les milieux Salihamidzic (Bayern Munich/GER), Tiago (Lyon/FRA), Almiron (Empoli) et Nocerino (Piacenza/D2) ainsi que l'attaquant champion du monde Iaquinta (Udinese).

La mission de Ranieri est désormais aussi simple qu'ardue: trouver la bonne formule et la cohésion avec autant de nouveaux joueurs.

"Donnez-nous un peu de temps"

"Jusqu'ici, nous avons joué (en amical, ndlr) contre des équipes qui forment déjà un collectif alors que de notre côté, nous devons encore le devenir, explique le technicien. Une maman met neuf mois pour mettre au monde un enfant, donnez-nous un peu de temps".

Pour autant, la Juventus, dût-elle continuer sa reconstruction, ne peut pas non plus faire complètement sans ambition. "Je crois que nous lutterons pour les premières places du classement, assure Ranieri. Nous voulons la Ligue des champions".

Et puis si le recrutement ne s'est pas focalisé sur les stars, se tournant vers des joueurs d'expérience et quelques espoirs, c'est que les vedettes étaient déjà au club. Et si toutes ont prolongé -Camoranesi (jusqu'en 2010), Trezeguet (2011), Buffon (2012) en attendant Del Piero dans les jours à venir- après être restées en Serie B, ce n'est pas pour faire de la figuration.

Ainsi David Trezeguet, mi-juillet, évoquait-il même le titre: "Nous avons un effectif riche et de grande qualité. Nous voulons reprendre ce qui nous a été enlevé (les titres 2005 et 2006 suite au scandale des matches arrangés, ndlr). Ce sera une motivation en plus vis-à-vis d'équipes comme l'Inter, Milan ou la Roma qui ont l'avantage d'être collectivement plus au point que nous".

"Si nous réussissons à conquérir une place en Ligue des champions, ce sera une entame assez indicative de ce que pourra être le futur de la Juve, assure, plus mesuré, le gardien Gianluigi Buffon. Il ne faut pas oublier toutes les difficultés que nous avons traversé (...). Personne ne pourra crier au scandale si nous devions arriver 3e ou 4e".