ROME (AFP) - Au lendemain de la qualification de la Squadra Azzurra en finale du Mondial, le soccer italien est revenu mercredi à la dure réalité du procès disciplinaire des matches truqués, où le gratin du Calcio s'est défendu face aux sévères réquisitions lancées la veille par le procureur.

Quelques heures à peine après une longue et bruyante fête nocturne improvisée dans toutes les villes de la Péninsule pour saluer la performance de la Nazionale, les débats ont repris dans une ambiance beaucoup plus feutrée à l'intérieur du Stade Olympique de Rome où la Juventus Turin, l'AC Milan, la Fiorentina et la Lazio Rome sont l'objet de requêtes de relégation en 2e ou en 3e division.

"Nous avons passé une nuit de joie et j'espère que cela va continuer. Mais nous sommes ici pour chercher la vérité", a lancé le président du tribunal disciplinaire de la Fédération italienne de soccer (FIGC), Cesare Ruperto, 81 ans.

"Mur défensif"

Tour à tour, plusieurs personnalités du Calcio ont fait bloc devant le jury, niant comme la veille toute responsabilité dans le système "sophistiqué" de trucage des matches décrit par le procureur, ou donnant leur propre interprétation des écoutes téléphoniques dans lesquelles ils semblent arranger à l'avance le déroulement de certaines rencontres de la saison 2004-05.

Chef du bureau d'enquêtes de la FIGC, le magistrat Francesco Saverio Borrelli avait prédit cette stratégie il y a un mois, évoquant "un mur défensif (...) mis au point par plusieurs personnes" parmi les accusés, peu loquaces lors des premiers interrogatoires.

"Je n'ai jamais parlé à un seul arbitre", a affirmé mercredi le président démissionnaire de la FIGC Franco Carraro, pour lequel une suspension de cinq ans de toute fonction sportive a été requise par le procureur.

"Dans des moments particulièrement délicats (...) je rappelais à leur responsabilité les fonctionnaires de la FIGC chargés de désigner les arbitres, mais cela relevait de mes fonctions", a-t-il ajouté, en référence à une conversation interceptée par la justice dans laquelle il demande à un responsable de la FIGC de donner un coup de main à la Lazio Rome sur la pelouse.

"Dépendance psychologique"

Le président du club romain, Claudio Lotito, objet de la même requête de suspension, a également contredit les conclusions du procureur Stefano Palazzi, affirmant que ses interventions n'étaient destinées qu'à "obtenir des arbitrages de meilleure qualité".

M. Lotito a affirmé devant les magistrats de la justice sportive que ses conversations répétées au téléphone avec le vice-président de la FIGC Innocenzo Mazzini relevaient pour lui d'une "sorte de dépendance psychologique".

"Il me rassurait" sur l'impartialité des arbitres, "c'était comme un psychiatre pour moi", a-t-il aussi soutenu.

Peu avant lui, le président honoraire de la Fiorentina, l'industriel et patron des chaussures Tod's Diego Della Valle, devait totalement réfuter l'idée que son club avait accepté de participer au système de "conditionnement" des rencontres en échange d'un maintien dans l'élite, obtenu en toute fin de saison lors du Championnat 2004-05.

"Il n'existe pas d'opération sauvetage de la Fiorentina (...) nous n'avons jamais courbé l'échine", a-t-il lancé, affirmant lui aussi que ses interventions visaient à obtenir de meilleurs arbitres, mais pas des arbitres favorables.

Les débats devaient se poursuivre mercredi après-midi avec les plaidoiries des clubs représentés par leurs avocats, puis le jury se retirera pour délibérer et rendre ses sentences, attendues en fin de semaine.