BERLIN (AFP) - Le soccer allemand, éclaboussé par un scandale de manipulation des matches du Championnat et de la Coupe nationale, constitue pour les organisateurs de paris un marché en pleine expansion mais aux contours juridiques flous.

La société publique de paris sportifs Oddset fait grise mine. Les mises réalisées à l'occasion de la 19e journée du Championnat de première division, les 29 et 30 janvier, ont reculé de 25% à 8 millions d'euros par rapport à la même période en 2004.

Pourtant, assure son directeur marketing Wolfgang Feldner, "les parieurs ont toujours confiance en nous".

Mais la révélation de l'existence de rencontres truquées sur lesquelles des sommes colossales avaient été pariées pourrait coûter cher au monde des jeux d'argent.

Oddset affirme réaliser un chiffre d'affaires annuel d'environ 480 millions d'euros. Au total, les Allemands ont parié l'an dernier 1,2 milliard d'euros, selon des estimations d'experts.

Une goutte d'eau par rapport à l'Asie ou à la Grande-Bretagne, où le chiffre d'affaires du tiercé culmine à 12,3 milliards d'euros.

Mais ils devraient exploser l'an prochain à l'occasion du Mondial de soccer en Allemagne, un évènement parrainé par Oddset.

Engouement

L'arrivée des téléphones portables mais surtout d'internet a déjà provoqué un véritable engouement. En quelques "clics" et avec une carte de crédit, les parieurs peuvent s'en donner à coeur joie.

Principal bénéficiaire du système jusqu'à présent: l'Etat qui prélève un impôt et délivre moyennant finances les concessions aux bureaux de paris.

Oddset, filiale de la loterie nationale gérée au niveau régional, dispose en outre d'un monopole et gère les 26.000 officines du pays.
D'autres sociétés, de taille plus moyenne, continuent toutefois de coexister grâce à une licence délivrée par l'Etat est-allemand quelques semaines avant la Réunification de 1990.

Un système privé de sociétés basées à l'étranger et opérant en Allemagne via internet s'est également développé depuis une dizaine d'années.

Avec une licence de jeux obtenue à Gibraltar et un siège social en Autriche, Betandwin.com propose ainsi 4.000 paris par jour sur 40 sports différents. Tout comme son concurrent Intertops, basé lui aussi en Autriche.

Et les parieurs ne se contentent pas de miser sur le résultat ou le score d'un match. Ils peuvent aussi parier sur le nombre de buts marqués à la mi-temps, le nom des buteurs, la minute à laquelle un but sera marqué...

Alerte précoce

Paradoxalement, ce sont ces officines privées qui apparaissent les plus sûres pour éviter les abus. Car pour miser sur internet, les parieurs doivent obligatoirement s'inscrire au préalable et fournir leur identité et leurs coordonnées bancaires.

"Nous constatons une légère tendance positive dans l'arrivée de nouveaux clients", estime d'ailleurs Karin Klein, porte-parole du bureau de paris Gera. "Les clients s'orientent vers des bureaux de paris sérieux et établis".

Pour le soccer, les paris sont limités à 2.000 euros et aucun gain supérieur à 100.000 euros par semaine n'est possible.

A l'inverse, Oddset, en voulant préserver l'anonymat des parieurs, peut provoquer des abus. Ainsi un parieur ne peut pas miser plus de 500 euros par bulletin. Mais il peut faire valider autant de bulletins qu'il le souhaite.

Dans certaines régions d'Allemagne, le parieur peut encaisser jusqu'à 50.000 euros par chèque au porteur, sans avoir à justifier de son identité.

Pour tenter de limiter la tricherie, la Fédération allemande (DFB) va mettre en place un système d'alerte précoce avec Betradar.com, une société norvégienne de surveillance des paris chargée de détecter tout mouvement anormal.