Brisant le silence, Zinédine Zidane a expliqué lundi qu'il quittait son poste d'entraîneur du Real Madrid faute de s'être vu accorder « la confiance » dont il avait « besoin », et a étrillé au passage la direction de la « Maison blanche ».

« Je m'en vais car je sens que le club ne me donne pas la confiance dont j'ai besoin, ne m'offre pas le soutien (nécessaire) pour construire quelque chose à moyen ou long terme », a lancé « Zizou » dans une lettre ouverte publiée en Une du quotidien sportif As.

Rappelé à la rescousse par le Real Madrid en mars 2019, neuf mois à peine après être parti au faîte de sa gloire à la suite d'une troisième Ligue des champions consécutive, le technicien français a fini par partir la semaine dernière sur un bilan plus terne et dans une ambiance pesante.

Un départ scellé jeudi dans un communiqué de quelques lignes alors qu'il avait eu droit en 2018 à une conférence de presse aux côtés du président du club Florentino Perez. Signe du malaise qui s'est immiscé dernièrement entre Zidane et un club avec qui il entretenait pourtant une histoire d'amour depuis vingt ans.

« Peu de mémoire »

« Je connais le football et je connais l'exigence d'un club comme le Real. Je sais que quand tu ne gagnes pas, tu dois t'en aller », écrit l'ex-coach merengue, avant de défendre son bilan.

« Tout ce que j'ai construit au quotidien, ce que j'ai apporté dans la relation avec les joueurs (...) a été oublié », poursuit-il, regrettant ce « peu de mémoire » alors qu'il était connu pour entretenir d'excellentes relations avec son équipe.

S'il remercie à de multiples reprises Florentino Perez, à qui il doit « exclusivement » ces « vingt ans passés à Madrid, la chose la plus belle qui [lui] soit arrivée dans [sa] vie », parce que ce dernier avait « parié » sur lui, il revient sur leurs liens, manifestement distendus.

« J'aurais aimé que ces derniers mois, ma relation avec le club et avec le président eut été un peu différente de celle des autres entraîneurs », déclare-t-il.

Il s'agit du troisième adieu de Zidane à la Maison blanche, après ceux triomphants comme joueur en 2006, et son premier départ du banc fin mai 2018.

Humain

« Aujourd'hui, la vie d'un entraîneur sur le banc d'un grand club, c'est deux saisons, pas beaucoup plus », regrette celui qui a réalisé l'exploit inédit de gagner trois Ligues des Champions consécutives (2016, 2017, 2018) avec le club merengue lors de son premier passage sur le banc.

« Je suis né pour gagner, et j'étais ici pour remporter des titres, mais au-delà de tout cela, il y avait les êtres humains, les émotions, la vie », développe-t-il.

Après avoir raflé neuf trophées en deux ans et demi lors de son premier passage, Zidane avait signé jusqu'en juin 2022 et comptait donner un nouveau souffle au Real Madrid.

Malgré des arrivées enthousiasmantes (Eden Hazard, Rodrygo, Eder Militao, Luka Jovic ou Ferland Mendy), le club merengue n'est pas parvenu à retrouver de sa superbe même s'il a été de nouveau sacré champion d'Espagne l'an dernier.

Cette saison, le club n'a remporté aucun titre. Éliminé en demi-finale de la Ligue des Champions par le futur vainqueur Chelsea (1-1/2-0), il a perdu son sprint final en Liga face à l'Atlético Madrid.

Dans sa lettre, l'ancien champion du monde 1998 étrille également la presse : « je profite de cette lettre pour lancer un message aux journalistes », confessant avoir « souffert beaucoup lorsqu'[il] lisai[t] dans la presse, après une défaite, qu'on allait [le] virer si on ne gagnait pas le prochain match ».

De nombreux noms circulent pour le remplacer sur le banc merengue: outre l'ex-buteur du club Raul, actuellement à la tête de la Castilla, l'équipe réserve du Real Madrid, ou Joachim Löw, qui lâche la sélection allemande après l'Euro, l'Italien Antonio Conte, qui a quitté l'Inter Milan, est également pressenti.

Zidane, lui, affiche ses intentions : « je quitte le banc (du Real), mais je ne suis pas fatigué d'entraîner ».