Tottenham à court de miracles
Ligue des champions dimanche, 2 juin 2019. 11:00 samedi, 14 déc. 2024. 01:53MADRID – Les funambules sont tombés! La présence en finale de Ligue des champions de Tottenham (battu par Liverpool 2-0), le moins nanti et le moins dépensier des grands clubs anglais, était une anomalie. Trop malchanceux, trop inexpérimentés, les « Spurs » ont promis de revenir « plus forts » pour gagner.
Coup du sort
L'entraîneur argentin Mauricio Pochettino avait bien préparé son affaire, il avait patiemment mûri toutes ses décisions, pesé chaque mot de sa causerie... et puis patatras : après seulement une vingtaine de secondes de jeu en finale à Madrid, penalty contre son équipe, provoqué par l'infortuné milieu français Moussa Sissoko.
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Que faire contre le destin? « Ce sont des circonstances que l'on ne peut pas prévoir, pour lesquelles on ne peut pas se préparer. Ça ne change pas que les plans, ça change la dynamique » du match, a commenté, fataliste, Pochettino.
Aux tours précédents, la fortune avait pourtant souri aux « Spurs », inébranlables dans leur foi en l'impossible: en quarts, un but adverse annulé in extremis par l'arbitrage vidéo (VAR) avait « ressuscité » Tottenham, avant un improbable triplé du Brésilien Lucas Moura en 45 minutes lors de la demi-finale contre l'Ajax (3-2).
« Il faut toujours avoir un brin de réussite, et cela n'a pas été le cas (samedi) », a reconnu le gardien et capitaine français Hugo Lloris.
Mais Pochettino a aussitôt remis les choses en perspective : le budget transferts des « Spurs » a été réduit à néant pendant deux mercatos successifs pour financer la construction d'un nouveau stade à 1 milliard d'euros.
« Nous avons rivalisé contre une équipe comme Liverpool, qui est bâtie pour atteindre des finales. Nous, nous partagions d'autres priorités que l'aspect sportif », a fait valoir Pochettino. « Cela aurait été historique de gagner ce trophée, les gens auraient été surpris. »
Coup de dés
Évidemment, il est facile de critiquer a posteriori les choix de l'Argentin, dont l'équipe a eu des opportunités d'égaliser en seconde période, ce qui aurait changé la lecture du match.
Mais le pari de titulariser la star Harry Kane, qui revenait tout juste de blessure, est un coup de dés qui n'a pas payé. « Ma décision était très analytique, avec les données en main, je ne regrette aucune décision », a tranché Pochettino.
Et pendant que Kane traînait son manque de rythme pendant les 90 minutes, Lucas Moura, héros des demies, n'est entré qu'à l'heure de jeu. « Bien sûr que je voulais commencer mais c'est la décision du coach », a dit le Brésilien à l'AFP.
À l'inverse, côté Liverpool, l'entrant Divock Origi a apporté du sang neuf et plié le match en marquant le second but. Un coaching gagnant de Jürgen Klopp, un coaching perdant de Pochettino?
Pas si simple selon José Mourinho, qui a pris la défense de l'Argentin. « Ce n'est pas juste », a dit le technicien portugais au micro de beIN Sports. « Nous sommes ici pour protéger le perdant, parce que le perdant ne mérite pas d'être appelé perdant ce soir, parce que les deux (entraîneurs) ont réussi des choses incroyables pour en arriver là. »
Coup d'arrêt?
Tottenham se remettra-t-il de ce crève-coeur? Oui, si l'on en croit les discours résolument optimistes des « Spurs » après cette finale de C1, la première de leur histoire.
« Cette saison doit nous servir pour revenir encore plus forts la saison prochaine », a lancé Lloris.
L'exemple de Liverpool est encourageant: battu en 2018 par le Real Madrid en finale (3-1), les « Reds » de Klopp ont enfin soulevé le trophée l'année suivante. C'est en jouant des finales qu'on apprend à les gagner...
« Cela peut nous aider, bien sûr. La saison prochaine, on sera plus fort, on aura plus d'expérience », a dit Lucas à l'AFP.
Reste une question centrale : Mauricio Pochettino restera-t-il à Tottenham? Après cinq ans sur le banc londonien et malgré un contrat courant jusqu'en 2023, l'exigeant Argentin a réclamé à ses dirigeants des garanties sur le futur recrutement, laissant planer la menace d'un départ.
Samedi soir, il n'a pas voulu se prononcer clairement sur son avenir. Mais ses propos alimentent l'idée que « Poche » espère prendre sa revanche l'an prochain avec ce même groupe de joueurs.
« Lorsque l'on vit une telle expérience, on veut y retourner. J'espère que l'on pourra revivre cela dans le futur », a-t-il lancé.