Docteur Heynckes et Mister Klopp
Ligue des champions jeudi, 23 mai 2013. 08:30 samedi, 14 déc. 2024. 22:58BERLIN - La finale de Ligue des champions entre le Bayern et Dortmund opposera le « vieux sage » Jupp Heynckes et « le jeune gourou » Jürgen Klopp, deux entraîneurs aux styles et aux parcours très différents, mais que rapproche l'essentiel : le succès.
À 68 ans, Jupp Heynckes, vieux sage du football allemand, rêve d'apothéose au crépuscule d'une carrière qui l'a vu presque tout gagner comme joueur et entraîneur.
Avant-centre de Mönchengladbach, il a été quadruple champion d'Allemagne et lauréat de la Coupe de l'UEFA 1975, ainsi que champion d'Europe 1972 et du monde en 1974 avec la Mannschaft. Heynckes l'entraîneur a aussi remporté trois titres de champion d'Allemagne avec le Bayern et une Ligue des champions avec le Real Madrid en 1998.
En 2004, Rudi Assauer, manager de Schalke, le donne pourtant perdu pour le football de haut-niveau après son renvoi du club de la Ruhr. « Jupp est un footballeur de la vieille école », assène-t-il.
Cela n'empêche pas le Bayern de le tirer de sa retraite en 2009 pour une « pige » de cinq journées, en remplacement de Jürgen Klinsmann.
Remotivé, Heynckes signe dans la foulée à Leverkusen, qu'il hisse en Ligue des champions, avant de revenir au Bayern par la grande porte en 2011.
Garnement bouillonnant
Et si la retraite semble proche, puisque son remplacement par Pep Guardiola la saison prochaine est acté, il partira sur une saison record: champion le plus précoce de l'histoire en Bundesliga - six journées avant la fin du championnat - et celui avec le plus de points.
Il peut même encore réaliser un triplé championnat-Coupe d'Allemagne-Ligue des champions, inédit dans l'histoire du football allemand.
En face de lui, il trouvera Jürgen Klopp, 45 ans, l'entraîneur européen qui monte.
Solide attaquant de deuxième division à Mayence, il y débute comme entraîneur et fait monter le club en Bundesliga pour la première fois de son histoire en 2005.
Son énergie et ses résultats convainquent Dortmund de le recruter en 2008 et le club retrouve les sommets de la Bundesliga en 2011 et 2012.
Klopp cultive une image de garnement bouillonnant et fort en gueule, célébrant les buts de son équipe par de longues courses et des mouvements frénétiques des bras.
Son tempérament est aux antipodes du flegme affiché en toutes circonstances par Heynckes même si ce dernier - autoritaire repenti - était surnommé dans le passé "Osram" (une marque d'ampoule), tant son large front s'empourprait lors de ses colères.
Sur le banc, les deux hommes se caractérisent par leur capacité à tirer le meilleur de leur effectif.
Heynckes a l'immense mérite d'avoir soudé son groupe vers les objectifs sportifs du club, sans jamais laisser interférer les questions d'ego, pourtant toujours présentes à Munich.
« FC Hollywood »
Franck Ribéry ne s'est, par exemple, fait remarquer que par ses performances sur le terrain, et la concurrence pour l'unique poste d'avant-centre titulaire entre Mario Mandzukic, Mario Gomez et à un moindre degré Claudio Pizzaro n'a jamais dégénéré en psychodrame, comme c'était à craindre dans un club qui a souvent justifié son sobriquet de « FC Hollywood ».
De son côté, Klopp a une image de "gourou", insufflant confiance et ambition à son effectif de jeunes talents.
Il a révélé des joueurs quasi inconnus comme Lewandowski, bourreau du Real en demi-finale, et fait mûrir les espoirs Hummels, Götze ou Reus.
Il applique quelques maximes simples: toujours garder le positif, prendre du plaisir, travailler et jouer sur ses points forts et ne jamais se prendre trop au sérieux. Un concept baptisé "Klopptimisme" par le bi-hebdomadaire spécialisé Kicker.
Sur le terrain, les deux équipes se ressemblent: un 4-3-2-1 dense, exerçant un pressing important, avec une circulation de balle rapide pour trouver des joueurs vifs dans les espaces en contres.
Klopp avait même accusé en février le Bayern d'avoir copié le style de son équipe.
Heynckes avait reproché à son cadet un manque de « grandeur » dans la défaite, lui rappelant que le Bayern était au sommet « depuis un peu plus longtemps que Klopp n'est entraîneur », grâce à « son propre style de jeu ».
Depuis, Klopp s'est excusé et Heynckes a passé l'éponge. La finale de samedi, a priori leur derniez rendez-vous, les départagera définitivement.