MADRID, Espagne -  C'est un extraterrestre: en se hissant au-delà des 100 buts en Ligue des champions, Cristiano Ronaldo a repoussé les limites connues du football. De quoi rêver d'une autre apothéose européenne cette saison avec le Real Madrid et d'une fin de carrière au firmament?

En une semaine, le Portugais a assommé le Bayern Munich avec cinq buts inscrits en quarts de C1 (2-1, 4-2 a.p.) même si deux d'entre eux semblent entachés de hors-jeu.

L'attaquant de 32 ans, qui restait pourtant sur six matches sans marquer dans l'épreuve-reine européenne, est ainsi devenu le premier homme à atteindre les 100 buts en C1: 101 au total, dont un en tour préliminaire.

« Monsieur Ligue des champions », a écrit le journal madrilène As. « Le roi de l'Europe », titre le quotidien sportif Marca, pour qui Ronaldo a « établi un record à la portée des seuls élus ».

Au passage, « CR7 » a distancé son grand rival barcelonais Lionel Messi (94 buts). Quant au troisième de ce classement des meilleurs buteurs européens, c'est l'ancien Madrilène Raul Gonzalez (71 buts), déjà à des années lumières de ces deux étoiles.

« Ronaldo est hors catégorie. Il y a peu de joueurs qui arriveront à faire ce qu'il a fait et on le sait tous », a jugé l'entraîneur du Real Zinédine Zidane, se disant « impressionné ».

Entre éclat et éclipses

Mais l'astre a aussi sa part d'ombre. Son second semestre 2016 a été médiocre, malgré l'obtention en décembre de son quatrième Ballon d'Or après la victoire portugaise à l'Euro. Eclaboussé par un vaste scandale de fraude fiscale présumée, il a même été conspué par le public madrilène pour ses ternes performances en janvier.

D'où un sentiment de revanche: après son premier but mardi, le natif de Madère a mis son doigt sur sa bouche, comme pour intimer le silence à ses détracteurs. Et il a ensuite réglé ses comptes.

« Je demande simplement à ne pas être sifflé, a-t-il lancé. Je donne toujours le maximum à chaque match, même si parfois je ne marque pas. »

Il faut dire que Ronaldo n'est plus le dribbleur irrésistible de ses débuts. Son jeu a évolué, se concentrant sur la finition. Désormais, l'attaquant peut passer au travers pendant tout un match avant de surgir pour inscrire les buts décisifs. Ronaldo-dépendant, le Real a d'ailleurs prolongé le bail de l'attaquant jusqu'à ses 36 ans en 2021.

D'où un sentiment un peu trompeur: le meilleur joueur mardi était sans doute le latéral brésilien Marcelo, mais le joueur « déterminant », selon Marca, c'est Ronaldo. « Et on ne peut même pas dire qu'il ait bien joué », ironise le journal.

Vers une fin de saison météorique

Et si cette saison 2016-2017 au ralenti était un mal pour un bien? Avec 31 buts en 38 matches officiels avec le Real, Ronaldo n'atteint pas son ratio habituel d'un but par match. Mais Zidane a su lui imposer du repos en cours d'année pour qu'il aborde la dernière ligne droite en trombe.

« Quand il ne marque pas, on a envie de dire de temps en temps: "qu'est ce qui lui arrive?" », a rappelé mardi le technicien français. « Mais quand il y a un moment important, il va être là. »

Et la suite est alléchante pour les Madrilènes. Qualifiés pour le dernier carré de la C1 pour la septième saison d'affilée, un record, Ronaldo et le Real peuvent rêver de devenir les premiers à conserver le titre européen depuis 1990.

Ce serait le troisième sacre merengue en quatre ans, après 2014 et 2016, ainsi que la douzième couronne du club. Et cela lancerait Ronaldo vers un possible cinquième Ballon d'Or pour égaler le record de Messi...

Son rival argentin, il le croisera dimanche au stade Bernabeu pour le clasico de Liga face au FC Barcelone. Avec une seule ambition: aller toujours plus loin, et toujours plus haut.